Chronique cinéma. Elle chantait. Elle écrivait des poèmes. Elle peignait. Elle a été une mère, une amante, une voyageuse. Elle, c’est Violeta Parra, née au Chili en 1917.
Violeta se Fue a Los Cielos retrace les cinquante années de la vie de l’une des grandes figures de la folk chilienne. Plutôt que de réaliser un biopic parfaitement linéaire, le réalisateur Andrès Wood a choisi d’entremêler plusieurs moments de sa vie, qui se répondent et s’éclairent mutuellement. Avec, malgré tout, une certaine chronologie, de la mort de son père instituteur, musicien et alcoolique quand elle était petite à sa déchéance physique et mentale, alors qu’elle vivait, isolée, dans un grand chapiteau au pied de la Cordillère des Andes.
Ce qui rend le film passionnant, c’est l’alternance de séquences narratives et de scènes symboliques, abstraites, qui illustrent l’œuvre de Violeta. Il y a cette poule qui erre dans une forêt, son œil immense qui nous regarde. La poule, on le comprendra plus tard, est l’image de la chanteuse elle-même. Mais aussi de toutes les femmes abandonnées par leur compagnon.
La mort est elle aussi de la partie. Un vieil homme qui ne veut plus chanter depuis la mort de son petit-fils, une femme dont le métier est de mettre en scène le corps des nourrissons morts trop jeunes.
Et, en fil rouge, Violeta qui marche, inlassablement. Tantôt seule dans une forêt, tantôt avec son fils, une guitare sur le dos, à la recherche du répertoire musical des paysans chiliens. A la recherche d’un autre Chili que celui de ce luxueux banquet où personne ne l’écoute chanter.
Violeta Parra, c’est aussi cette peintre et plasticienne qui arrive un jour au musée du Louvre, ses toiles sous le bras, pour demander à y être exposée. Quand on lui demande à quelle école d’art elle a étudié, elle répond que c’est avec son cœur qu’elle peint, avec son vécu et avec ses tripes.
Violeta se Fue a Los Cielos est long, rude, parfois dur à suivre tant l’enchaînement des scènes est complexe et inattendu. Mais c’est un film qui vit, qui palpite, qui donne à expérimenter l’œuvre et l’existence de son personnage principal. Avec une actrice qui habite littéralement Violeta, dans ses joies comme dans ses colères. Un film qui, pour reprendre les mots de la chanteuse, « trouve son propre rythme ».
Film d’Andrès Wood (2011), sorti en France le 28 novembre 2012. Avec Francisca Gavilàn, Christian Quevedo et Thomas Durand.
La bande annonce