Le parvis de l’Opéra, situé en face de l’Hôtel de Ville dans le 1er arrondissement de Lyon, est devenu une piste de dance hip hop incontournable.
« Il y a peu de Lyonnais qui n’ont pas traversé au moins une fois l’Hôtel de Ville sans tomber sur ces danseurs à l’Opéra » déclare Jean Marc Mougeot, directeur de l’Original Festival (festival hip hop ayant lieu à Lyon au mois d’avril). Les artistes de rue font aujourd’hui parti du paysage lyonnais.
C’est en 1983, que les danseurs urbains de la ville des Gones ont choisi d’imiter pour la première fois le modèle New-yorkais de danse de rue.
Et trouver un endroit où se rassembler fut une tâche difficile pour cette culture urbaine nouvelle et peu connue sur le terrain Français. Plusieurs fois délogés de la Gare de Part Dieu et du parc de Perrache et après de multiples conflits avec les forces de l’ordre ; c’est à l’Opéra alors tout juste rénové par Jean Nouvel que les danseurs ont réussi à trouver leur territoire en 1995.
Sophie Jarjat, porte parole de l’Opéra, souligne que « le fait d’être situé en centre ville, dans un endroit d’où l’on peut être vu par un public divers, et de pouvoir s’entraîner sur un sol glissant tout en étant abrité et au sein d’un bâtiment glamour » rend le lieu attractif.
Un lieu de rencontres
Lorsque l’équipe de danseurs baptisée Pockemon Crew a gagné le prix du International Battle Of the Year en 2003, Lyon est devenue définitivement une ville hip hop reconnue au niveau national et mondial. Des amateurs viennent de toute la région pour avoir l’occasion de faire parti de cette ambiance artistique et d’assister à ces nombreux évènements organisés au sein de la ville (comme l’Original Festival ou l’AOD ayant eu lieu en Octobre).
A l’occasion de cette nouvelle notoriété, François Postaire, directeur de l’Amphithéâtre de l’Opéra, leur a proposé une des salles de répétition pour les intégrer. Ce type d’art correspond tout à fait à la philosophie du bâtiment qui prône « une excellence artistique et une ouverture» selon Sophie Jarjat.
Hosni, un des danseurs de l’Opéra âgé de 30 ans, nous affirme qu’il y a peu de personnes qui aient une mauvaise image du hip hop aujourd’hui. En effet, ce style de danse « est souvent rapproché au Rap « bling bling », aux armes et à la drogue, ce qui explique un certain rejet de la part des citadins. Mais une fois sur place, lorsqu’ils nous observent danser en s’entraidant, se parler avec un respect, leur opinion change ». En effet, le 1er arrondissement est « un quartier un peu bourgeois ». Au fil du temps, les danseurs ont commencé à être assimilé à ce décor public.
Pour Serge, un passant, voir ces danseurs « est un spectacle quotidien où tout le monde est invité à participer, et c’est l’occasion de voir une culture qui n’est pas assez médiatisée».
C’est une cohabitation parfaite entre un Opéra classique et un art contemporain fabriqué dans les rues qui fait le « lien entre des professionnels de la danse et des amateurs » comme le conclu si bien Sophie Jarjat.