Mardi 22 janvier, Fadela Amara, secrétaire d’Etat en charge de la politique de la ville sera bien à Vaulx-en-Velin pour finir le boulot, quoi qu’il arrive.
Sauf surprise de dernière minute, le président Sarkozy ne devrait pas faire le déplacement en Rhône-Alpes, mais quelques ministres ont été priés de faire l’effort de bouger leur agenda pour sauver la soldate Amara.
L’autre changement expresse concerne l’intitulé du plan : « Espoir Banlieues – Une dynamique pour la France ». C’est dommage, la terminologie « plan Banlieues » correspondait assez bien à la situation cacophonique de ces derniers jours où chacun cherchait un peu sa route sur ce dossier. Il ne s’agira donc pas à proprement parler du lancement tant attendu, mais plutôt de la deuxième étape après les rencontres territoriales et les propositions recueillies via les blogs. A Vaulx-en-Velin, la secrétaire d’Etat rencontrera des associations, des élus, et des représentants de la société civile. Nous avons rencontré Maurice Charrier, ancien membre du parti communiste, maire de la ville. Interview.
Que va-t-il se passer dans votre ville, le 22 janvier ?
Il est annoncé un certain nombre de visites ministérielles, dont celle de Madame Amara. Je dirai, au-delà de la péripétie et de l’anecdotique, je crois que l’essentiel est ailleurs. Il faut profiter de l’occasion pour faire avancer un certain nombre de propositions. A Vaulx-en-Velin, nous avons travaillé depuis toujours pour rendre la politique de la ville plus efficace dans les domaines de l’emploi, de la santé, de l’éducation et du renouvellement urbain.
Vous attendiez la visite du président Sarkozy ce 22 janvier. Depuis quelques jours les paroles se contredisent sur les objectifs du plan Banlieues. Que pensez-vous de cette cacophonie ?
J’avais été informé de la venue du président de la république quelques jours avant que la presse fut elle-même saisie. Tout maire accueille le président, c’est un principe républicain. Il ne vient plus, j’en prends acte. Sur le dossier, cela montre une incapacité à saisir la réalité de ces quartiers, et peut-être que la difficulté, c’est ce regard biaisé qui est porté sur ces territoires que l’on considère comme étant à l’origine des maux de notre société, alors qu’ils sont victimes d’une crise générale de celle-ci. Voilà pourquoi il y a ces hésitations, ces cafouillages. Il faut aller chercher la cause à ce niveau, sinon on reste sur l’écume des choses, alors qu’il faut aller beaucoup plus en profondeur.
Fadéla Amara a fait le tour de France des quartiers pour recueillir des doléances. Pensez-vous qu’il y a un doublon entre le diagnostic socio-économique de ces quartiers connu depuis des années et ce qu’elle recueille aujourd’hui ?
C’est vrai que le constat, on le connaît depuis des années. J’ai ressorti un document que nous avions élaboré en 1996 à propos du plan de relance pour la ville à l’époque où Alain Juppé était premier ministre. J’y ai retrouvé un certain nombre de propositions. Je dirai que l’on peut reprendre 80% de celles-ci aujourd’hui ! Les situations sont connues, les problèmes fondamentaux, c’est le pouvoir d’achat, le logement de plus en plus cher, l’absence de structure pour favoriser les réussites comme par exemple les écoles de la deuxième chance. Ce sont des propositions que nous faisons depuis toujours.
La politique de la ville, c’est d’abord de l’argent qu’il faut aller chercher quelque part ?
Je ne dis pas que la politique de la ville ne sert à rien, et je ne suis pas pour que l’on tire sur l’ambulance. En fait, il faut changer de politique générale du gouvernement. Que veut dire « Le travailler plus pour gagner plus » pour un vaudais qui a un emploi précaire, qui fait vingt heures par semaine, avec des horaires décalés pour 500€ par mois ? Cette formule ne représente rien, c’est même un affront pour lui.
Quelle serait, selon vous, l’action prioritaire à mettre en œuvre dans les quartiers ?
Je pense que les situations sociales sont tellement dégradées et qu’il n’y a pas de solutions miracles. Il faut renverser la logique des politiques générales en France, parce que je suis profondément convaincu que ces quartiers sont malades de la crise de notre société.
Sur l’emploi par exemple, il n’y a pas là une possibilité de créer une dynamique ?
Tant que nous aurons l’œil rivé sur le CAC 40 et la bourse, il n’y aura pas de solutions. On sera toujours dans le pis-aller, dans l’accompagnement. Je ne dis pas que ce n’est pas nécessaire, c’est important de tendre une perche. Mais la question fondamentale, c’est de revoir les modes de fonctionnement de notre économie. Quand on voit que l’on fait quinze milliards de cadeaux aux familles les plus riches avec le bouclier fiscal, c’est cela qu’il faut remettre en cause… .
Propos recueillis par Nordine Nabili
… à suivre, à 12 heures, l’interview de Xavier Lemoine, Maire de Montfermeil.
Nordine Nabili