Alesson, fraîchement arrivé du Brésil, découvre les contrôles d’identité réalisés par la police. Il nous raconte l’aventure de son ami Sofian.
Il y a un mois, j’ai débarqué sur le territoire français. Avant de venir, on m’avait parlé de la politique d’immigration du nouveau président et que, lorsque je serai en France, je devrais toujours porter mes papiers sur moi. J’avoue que je n’en comprenais pas bien la raison. Bon, il ne m’a fallu que 5 jours sur le territoire français pour vite comprendre…
Il faisait beau à Lyon le jour où j’attendais mon ami Sofian, avec d’autres amis, dans un pub du centre-ville. C’est « quelqu’un de bien », né en France, professeur d’histoire de l’Afrique, à l’université. Au Brésil, les Français aussi bien que les Anglais sont connus pour être toujours à l’heure, je me demandais donc pourquoi il était si en retard, plus d’une heure ! Puis il arrive très essoufflé, s’excuse et nous raconte sa mésaventure.
« J’étais dans mon bureau et venais de finir mes recherches sur les systèmes politiques africains. Je reçois votre appel pour me rendre au pub. N’ayant que quelques minutes pour choper le dernier métro, je ne prends pas mes affaires car je sais que le lendemain je vais passer les reprendre. Mais j’avais laissé traîner sur mon bureau mon portefeuille qui contient ma carte d’identité ainsi que tous mes autres papiers. »
Mon ami, toujours dans le même souffle court, poursuit son récit : « Alors que je suis en train de courir pour prendre mon métro, des policiers en civil m’ont bloqué le passage et m’ont demandé mes papiers. Mais je ne les avais pas ! » Les policiers lui demandent alors où il se trouvait juste avant : « Je leur dis que j’étais dans mon bureau, à l’université mais ils ont dû mal à me croire. Alors ils me demandent si je suis un sans-papiers ».
Ne pouvant prouver qu’il était français, et le fait qu’il soit trop tard pour vérifier ses dires avec l’université, les policiers lui passent les menottes et sont sur le point de l’embarquer au commissariat. « Par chance, mon responsable sort de l’université, nous voit et demande ce qui se passe. Puis, avec un air très énervé, il leur confirme que je suis bien professeur/étudiant à l’université. » Mais le policier n’est pas convaincu pour autant et exige de lui une preuve. « Il lui faudra le secours inopiné de la secrétaire rentrant chez elle pour leur expliquer que j’avais oublié mon badge et mes papiers… qu’on alla leur chercher. » On lui enlève alors les menottes pis en guise d’excuse, on lui demande de ne « plus être étourdi à l’avenir ». Ce à quoi mon ami répond qu’on « peut être un jeune, un peu coloré et être un homme responsable ». Le policier ne répond pas et s’en va.« Puis j’ai remercié mes collègues. »
Une fois son récit terminé, je lui demande s’il se sent victime d’un délit de faciès (expression que j’ai découverte ici) ou s’il s’agit d’un simple contrôle d’identité. Selon lui « Ni l’un ni l’autre, j’ai eu la malchance d’être au mauvais endroit au mauvais moment. Mais, je pense qu’il y a des chances que mon visage ne plaise pas à tout le monde… »
Journaliste : Alesson Vinicius Fransisco