Quand Trump souhaite avoir le dernier mot

De la géographie à l’histoire, en passant par les actuels projets de recherche scientifique, Donald Trump semble déterminé à dicter au monde ce qu’il convient de dire.

« Je ne serai pas un dictateur, sauf le premier jour » avait déclaré le président américain avant même d’être sûr de retrouver le Bureau ovale. Plus de 100 jours après son investiture, il n’a toujours pas sa langue dans sa poche. Le magnat républicain s’est embarqué dans une croisade lexicale, dès les débuts de son nouveau mandat. Ses dernières cibles en date ? Le 8 mai et le 11 novembre, qu’il a promis de « renommer » en « Jours de la Victoire », sur son réseau Truth Social. Aucun décret n’acte pour le moment ce changement.

Défendre sa version de l’histoire

Si célébrer ces dates emblématiques de la fin des deux guerres mondiales, à l’instar de la France, n’est pas problématique, les motivations du chef d’Etat suscitent la polémique. « Nous avons fait plus que n’importe quel autre pays, et de loin, pour obtenir un résultat victorieux, soutient-il, avant de renchérir, personne ne nous arrivait à la cheville en termes de force, de bravoure ou de génie militaire ». Derrière ce que certains interprètent comme les caprices d’un dirigeant adepte des propos provocateurs, une constante : l’idéologie.

Celui qui a rebaptisé le golfe du Mexique en « golfe de l’Amérique » mobilise le langage au service d’un patriotisme exacerbé. Mais cette région où s’engouffre la mer des Caraïbes n’est pas la seule à s’être attiré les foudres de la toponymie trumpienne. La plus grande base militaire des Etats-Unis a perdu son appellation, Fort Liberty, pour récupérer le patronyme du général confédéré Braxton Bragg. Le mont Denali a quant à lui été privé de son nom autochtone, officialisé en 2015 par Barack Obama. Il reprend alors celui de l’ancien président républicain McKinley, au grand dam du peuple indigène des Athabaskans.

Un leader envers et contre tous

Lors de sa rencontre avec le Premier ministre canadien ce mardi 6 avril, Trump a réaffirmé sa volonté d’annexer son voisin du Nord comme « 51e Etat ». Les combats sémantiques du locataire de la Maison-Blanche ne sont pas sans rappeler ses aspirations expansionnistes. Ces offensives sont allées jusqu’à cibler la recherche scientifique, cette fois au nom de la politique « anti‑woke » menée par le conservateur. Pour être soutenu par la National Science Foundation (NSF), tout projet contenant des termes tels que « changement climatique », « handicap », « racisme », « inégalités », « genre » ou « femme » est désormais passé au crible.

Le Washington Post évoque une liste de « douzaines de mots signalés ». Ils exposent les chercheurs à la perte de leurs financements, en cas de violation de l’un des innombrables décrets signés par l’exécutif depuis le 20 janvier. Certains termes ont même été bannis du site de l’agence de santé publique, Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Parmi eux, « transgenre », « LGBT » et « personne enceinte ». Reuters précise en revanche que l’interdiction pour l’agence des médicaments d’employer « femme », « handicapé » et « personne âgée » était un « erreur d’interprétation ». La liberté d’expression est sans doute sauvée.

Article signé par Cecilia Adrián Tonetti

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