A Lyon, de nombreuses associations oeuvrent pour « soulager » la détresse psychique de personnes souffrant d’isolement ou traversant une période difficile. Pourquoi rejoint-on ces associations sos? Azzedine s’est interessé à l’une d’entre elles et y a rencontré les écoutants
SOS amitié, SOS racisme, SOS suicide, SOS préma, SOS alcoolique anonyme, CAP écoute… dans les pages jaunes on peut trouver les coordonnées de centaines d’associations d’entraide et d’écoute.
Je me suis intéressé à l’une d’elle, ASTREE, créée en 1987, lieu d’écoute et de soutien pour les personnes en détresse morale qui se situe dans le 6ème arrondissement de Lyon. J’ai surtout voulu savoir ce qui amenait les écoutants, bénévoles, à le devenir.
Tout d’abord, la directrice, Mme Mazouz, me parle de sa reconversion. « J’étais dans la finance, j’ai choisi une activité plus humaine où la parole peut libérer les angoisses. Les demandes sont toujours en augmentation et selon une étude 10.8% de la population est en situation d’isolement. Chez ASTREE, les personnes appellent pour un rendez-vous d’une heure et demi par semaine avec un bénévole, pour une écoute empathique et non directive « .
Je demande ensuite à Anne-Gaëlle, une bénévole stagiaire de l’association, son parcours. « Je suis en master de psychologie, j’ai été formée, perfectionnée et testée au quotient d’écoute, qui est la qualité indispensable pour devenir écouteur. Puis on consacre deux heures par semaine pour écouter une personne « . Pourquoi dans les pays du tiers monde ce type d’association n’existe pas ? Selon elle, « ce n’est pas parce qu’il n’y en a pas, que le besoin n’existe pas. Toute problématique a son SOS, toute souffrance est digne et mérite d’être accompagnée, la solitude conduit souvent à ASTREE pour des besoins plus physiologiques que psychologiques, car nous agissons avant les psychiatres».
Puis je m’adresse à un autre bénévole, Christian, commercial qui me confie : »Depuis mon enfance je fais du bénévolat, enfants en difficultés, demandeurs d’asile. Je suis à ASTREE depuis 8 ans, j’y ai écouté des chefs d’entreprise, des personnes de tous horizons, suite à des situations de vie et des changement. J’ai besoin de contact et d’écouter des personnes qui ont besoin d’exprimer leurs peines et chagrin avec des mots, sans arrière pensées, parfois j’entends des pleurs ou des rires, les personnes parlent pour approfondir leur pensée, reprendre confiance et reconstruire des liens sociaux. On peut jauger la société dans ces lieux ». Je poursuis avec Chantal, retraitée pharmacienne, et pour elle » c’est en allant voir ma mère à l’hôpital que j’ai vu des personnes seules en mal d’écoute, donc, en passant devant ces lieux, j’ai décidé d’ écouter les gens vider leurs sacs, car de nos jours, notre entourage et nos familles souvent ne savent plus écouter « .
Je croise aussi Yves qui vient de postuler et qui me dit qu’il écoute déjà des personnes depuis un an par téléphone et que maintenant il voudrait les écouter de visu. Je termine par Philippe un ancien écouté pour qui «les gens parlent mais personne n’écoute, cela fait du bien au moral de savoir qu’on vous écoute sincèrement ».
Je relate tout ça à une amie qui se demande si « on ne crée pas les problèmes en développant sans cesse ces SOS. Je sais qu’il y a moins de suicides et de psychiatres en Afrique qu’en France».
Auteur : Azzedine Benelkadi