Jeudi dernier, la décision de la Région Auvergne-Rhône-Alpes de retirer sa subvention annuelle de 35 000 euros au Musée Urbain Tony Garnier à Lyon a été remise en débat lors d’une conférence de presse. Elle représente environ 20 % du budget annuel du musée, ce qui soulève des inquiétudes quant à sa capacité à maintenir ses activités. Alors que des mobilisations de la gauche se dessinent pour défendre le musée, cette décision met en lumière les débats sur la politique culturelle régionale.
Cette institution associative est fondée en 1992 dans le quartier des Etats-Unis dans le 8ème arrondissement de Lyon, en hommage à l’architecte et urbaniste visionnaire Tony Garnier. Le musée comprend des espaces de recherche scientifique, un appartement témoin, des événements culturels et pédagogiques comme des visites guidées des 25 murs d’immeubles peints.
Un projet qui fait débat
Depuis ses débuts, il y a environ vingt ans, le musée Tony Garnier bénéficie du soutien financier de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la suppression de ces subventions représentent un coup dur pour l’institution compromettant sa capacité à maintenir ses activités. La décision de retirer sa subvention annuelle a donc suscité une réaction de la part de plusieurs habitants ainsi que certains partis de gauche.
Des représentants du Parti communiste français (PCF), d’Europe Écologie Les Verts (EELV) et du Parti socialiste (PS) se sont réunis pour exprimer leur soutien envers cette institution. Jeudi 2 mai, lors d’une conférence de presse, ils ont discuté des moyens de mobiliser l’opinion publique et de faire pression sur les autorités régionales pour reconsidérer leur décision. Ils qualifient ce projet de véritable menace pour les structures culturelles lyonnaises. Plusieurs stratégies ont été envisagées ; le musée Tony Garnier à exprimer son indignation en mettant en place une pétition en soutien : “ Non à la suppression de la subvention de la région AURA.”.
Leur objectif est de coordonner les efforts et de maximiser l’impact sur la décision de retirer la subvention.
Coupe budgétaire sur coupe budgétaire
D’après Stéphane Gemmani, conseiller régional socialiste, les structures culturelles de la région Auvergne-Rhône-Alpes ont été amputées de 4 millions d’euros en 2022. Pendant cette même période, le musée Tony Garnier avait déjà été touché par des réductions budgétaires décidées par la région, mais Laurent Wauquiez avait finalement fait marche arrière en maintenant le soutien financier puisque l’institution se disait menacée de fermer ses portes en l’absence de cette subvention. Deux ans plus tard, le même problème se pose, cette fois-ci pour un prétendu « manque de rayonnement régional », une allégation que Cécile Capelle, directrice du musée, dément. L’Opéra de Lyon a vu ses subventions diminuer en 2022, tandis que le Théâtre Nouvelle Génération à Lyon a également été privé de son financement en 2023, sous prétexte d’être trop centré sur la ville.
Laurent Wauquiez affirme être contre une “culture à deux vitesses”, en voulant combattre le manque d’accès à la culture entre la ville et les zones rurales. Pour autant, il a déjà refusé d’attribuer des subventions à des communes rurales comme Saillans ou Le Chambon-sur-Lignon. Par ailleurs, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes finance un projet de musée sur la victoire gauloise de Gergovie et la rénovation du patrimoine.
Le sort du musée reste incertain jusqu’à la tenue de la commission permanente du conseil régional prévue pour le 17 mai 2024, où une décision est attendue.
Amelie Carapito et Essia Ben Miled