Le mois dernier, le concertiste international Khaled Ben Yahia s’est vu congédier par le nouveau directeur du Conservatoire National de la Région. Par un simple coup de fil. Nous avons rencontré lors d’une conférence de presse le professeur de musique orientale entouré de ses élèves.
Au sein de la librairie Musicale Ancienne, le musicien Khaled Ben Yahia reçoit les journalistes pour discuter des dernières explications données par le directeur adjoint du Conservatoire de Lyon, M. Pacot, concernant l’arrêt de ses cours. On apprend ainsi que seule la musique orientale et la musique guinéenne ont été supprimées pour la rentrée prochaine parmi toutes les variétés étrangères. D’autres, plus « occidentales », comme la musique brésilienne ou argentine par exemple ont vu leurs champs horaires diminuer sans toutefois disparaître. Les raisons évoquées par le directeur adjoint du conservatoire concernant ce revirement sont « d’ordre budgétaire et pédagogique ». On a tenté de joindre ce dernier, sans succès.
Reste qu’il est difficilement compréhensible qu’une ville aussi riche économiquement que Lyon soit obligée d’arrêter des cours de musique orientale alors que dans le reste de la France ils continuent d’être pratiqués. Seule la musique occidentale mériterait-elle d’être enseignée ? M. El Gourari, professeur d’arabe et également présent à cette conférence, s’indigne de voir qu’un art aussi authentique soit ainsi méprisé. « La musique est universelle et représente une richesse pour tous quelque soit nos origines ou nos cultures » Il souligne également que les cours d’arabe dans les lycées et les collèges français sont de plus en plus supprimés. « Les chefs d’établissements ne veulent pas voir des jeunes issus de quartiers dits sensibles fréquenter leurs établissements. Mais aussi parce que la population d’origine maghrébine de France n’incite pas ses enfants à mieux connaître leurs racines. »
On remarque aussi un grand éclectisme au sein des cours de ce talentueux virtuose de la musique arabe. Les élèves sont issus de toutes les cultures. Tous ont été offusqués de cette suppression. Parmi eux, Marie, étudiante en licence LEA, a beaucoup voyagé dans le monde arabe, notamment en Syrie. Elle a eu un véritable coup de foudre pour cette culture et cette musique. « Mon rêve est de devenir journaliste au Moyen-Orient. Les gens là-bas sont tellement chaleureux. C’est ce côté convivial que j’aime le plus. De plus quand j’écoute la musique orientale cela me donne à chaque fois la chair de poule »
La rencontre se termine sur une note musicale. Khaled nous joue un air d’Abdelwahab sur son oud et prouve à toutes les personnes présentes à quel point la nouvelle administration du CNR à tort de priver les Français d’une musique aussi belle. Khaled prévoit de continuer ses concerts donnés partout dans le monde, de faire découvrir et aimer son art à son public.
Pour continuer à transmettre sa passion aux autres, il a aussi informé les élus de cette inquiétante décision. Affaire à suivre…