Mardi dernier à l’Elysée, le président Emmanuel Macron a reçu les 220 maires des villes impactées par les émeutes. Un échange sur les violences et les solutions à adopter était l’objet de ce rendez-vous.
Au terme de cette réunion, entre le président de la République Emmanuel Macron et les 220 maires des villes touchées par les récentes émeutes, les choses n’ont pas vraiment avancé. Et pourtant, ils y allaient avec espoir. Le maire de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael, et celui de Givors, Mohamed Boudjellaba, étaient au rendez-vous à Paris, ils ont livré leur ressenti au Lyon Bondy Blog. Pour Van Styvendael, il y a eu un “décalage assez important entre ce qui a été exprimé par les maires, et ce qu’il a rapporté”. Il ajoute que c’est pour lui “une forme de déception, au regard de ce qu’il s’est passé, de l’intensité des faits”. Parmi les points abordés, il y a notamment le “continuum de sécurité”, sans que le sujet soit réellement clair, comme le confie le maire de Villeurbanne. Il précise également que Macron “a commencé en disant qu’il y a déjà eu beaucoup d’argent mis sur les quartiers, et que ce n’est pas une question de sécurité”. De son côté, Boudjellaba estime qu’il “n’y a pas vraiment eu de propositions marquantes”, de la part du président. Il a surtout été question “d’exprimer des choses […] comment chacun a vécu les émeutes”.
Retour aux îlotiers ?
“Ce sont des choses qu’on n’avait jamais vécu, même pour les plus anciens. Même il y a un peu plus de trente ans à Vaulx ce n’était pas ça, pareil pour les émeutes de 2005”, affirme Mohamed Boudjellaba. Si ce niveau de violence a rarement été vu, la question de renforcer ou non la sécurité peut se poser. Et pourquoi pas, même, remettre au goût du jour les îlotiers. Pour rappel, l’îlotage consiste à mettre en place une police de proximité. Elle lutte contre les actes de délinquance, entre autres, et vise à diminuer le sentiment d’insécurité de la population. Un sentiment naturellement grandissant, avec les premières émeutes urbaines en France, à la fin des années 1970 et au début de la décennie suivante. C’est à Vaulx-en-Velin qu’elles se déclenchent, et se poursuivent entre autres à Vénissieux et Villeurbanne. Le phénomène prend une ampleur nationale au début des années 1990, les émeutes passent de Lyon à la France entière. Une réaction est nécessaire. La police de proximité est alors installée par le gouvernement Lionel Jospin, notamment, suite aux événements de 1997, avec la mort de Fabrice Fernandez dans le 9e arrondissement de Lyon, et les émeutes qui s’en sont suivies. La faute à des résultats jugés “négatifs”, cette police de proximité est supprimée en 2003 par le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy. Il dénonce les dérives de cette mesure et balance aux policiers de Bellefontaine : “ la police n’est pas là pour organiser des tournois sportifs, mais pour arrêter des délinquants, vous n’êtes pas des travailleurs sociaux”. D’après le maire givordin, “beaucoup ont proposé ça, de revenir aux fondamentaux avec la police de proximité”. Mais selon lui, “il n’y a pas de réponse parfaite […] il faut déjà trouver comment enrayer les inégalités sociales”. Pour Cédric Van Styvendael, il y a avant tout “vraiment besoin qu’on remette à plat la question du fonctionnement de la police”, afin de régler “les dysfonctionnements dans les relations police-population”. Il ajoute qu’il “faut à la fois protéger les policiers lors des interventions, mais aussi protéger la population d’un certain nombre d’abus”.
À mi-mandat, comment vont-ils s’organiser ?
Alors qu’ils sont à mi-chemin de leur mandat, les maires de Givors et Villeurbanne, justement, auront fort à faire pour les trois années restantes à la tête de leur commune. Le Lyon Bondy Blog leur a demandé sur quoi vont-ils insister. Mohamed Boudjellaba, lui, va se servir de l’épisode des émeutes pour avancer son travail : “On va essayer de comprendre les choses, notamment cette déferlante de haine de la part d’un petit groupe d’individus. Mais on va aussi mieux accompagner ceux qui s’en sortent et voir comment on peut travailler avec les familles. Il ajoute que la société “a beaucoup changé, elle est beaucoup plus connectée. Donc il faut penser tout ça, c’est une situation complexe à laquelle il faut apporter une réponse multiforme”. Jusqu’ici, le maire givordin l’affirme, il a beaucoup œuvré pour les jeunes. “Chaque année, on met 100 000 € pour la jeunesse. On accompagne tous ceux qui révisent le bac, on donne des primes pour le permis de conduire, on finance la moitié des abonnements de transport pour les 18-25 ans […] moi, je crois en la jeunesse. Je crois qu’il ne faut regarder les événements que par le prisme d’une loupe. C’est notre avenir. Après, il y en a qui sont émeutiers, qui posent des problèmes. Et là, il faut apporter une réponse ferme à ces gens-là. Pour Cédric Van Styvendael, il faudra mettre l’accent et “aller plus vite sur la question de la rénovation urbaine […] il faut que les moyens soient liés au niveau de fonctionnement des équipements.