À l’approche des élections législatives, le Lyon Bondy Blog est allé à la rencontre des candidats des différentes circonscriptions. Pour notre 8ème rencontre, nous avons interrogé Olivier Minoux, candidat de Lutte Ouvrière dans la 14ème circonscription.
Olivier Minoux, travailleur et militant, se lance à la course d’un mandat de député accompagné de sa suppléante Barbara Petit, afin de faire entendre son parti et ses convictions.
Dans un contexte de crise de la représentation et de la confiance envers les politiques, comment comptez-vous mobiliser les électeurs ?
Nous on s’adresse aux travailleurs. La société est divisée en classe sociale, il y a les électeurs qui sont riches, qui ont d’autres moyens de se faire entendre, puis il y a notre camp, ceux qui vivent de leur travail, qui ont des difficultés à boucler les fins de mois, qui subissent la crise et les hausses actuelles. On s’adresse à tous ces gens-là, tous ces travailleurs, et notamment ceux qui n’ont pas envie de baisser la tête, qui n’ont pas d’illusion dans les promesses électorales que tous les politiciens font et notamment en période électorale. On se rend beaucoup sur les marchés, on fait de la prospection. Au travail, des travailleurs sont avec moi et me soutiennent. On veut surtout affirmer que les travailleurs ne se laisseront pas faire et qu’ils se défendront. On pense que cette société n’a pas d’avenir, on le voit avec la crise économique, l’augmentation des prix, la spéculation sur les produits de première nécessité, la crise climatique. A tous ces problèmes-là on voit que les gouvernements, puis les députés, sont impuissants. Ils sont impuissants par choix, ils ne veulent pas s’attaquer à ceux qui dirigent réellement cette économie, ceux qui ont les capitaux, ceux qui ont le pouvoir économique et c’est ceux qui ont les grands groupes industriels et banquiers, eux on ne les touche jamais.
Et par rapport à la jeunesse ? Vous essayez aussi de la mobiliser ?
Les jeunes c’est aussi des travailleurs où des futurs travailleurs, c’est eux qui vont vivre dans cette société, donc oui on s’adresse à la jeunesse de la même manière. On les appelle à changer les choses, il faut renverser cette société et les seuls qui le peuvent c’est ceux qui fabriquent, qui construisent qui sont à la base de tout ça. Aujourd’hui dans les quartiers populaires c’est des gens qui le matin vont dans les hôpitaux, dans les ehpads, dans les usines, c’est ces gens-là qui habitent dans les quartiers. Et ce sont des personnes indispensables au fonctionnement de cette société. C’est cette classe sociale à qui on s’adresse et les jeunes en font partie. On appelle la jeunesse à ne pas accepter cette société et qu’il faut qu’on la change. Ils peuvent être un moteur pour le changement de cette société, c’est leur avenir et l’avenir de l’humanité.
Comment allez-vous vous faire le relai de leurs préoccupations à l’Assemblée nationale ?
Le rôle d’un député on le voit, pour notre parti, comme le relai des combats pour tout le camp des travailleurs, de toutes les difficultés du monde du travail, on serait donc des porte-voix.
Tant qu’on ne s’attaque pas à ceux qui ont le pouvoir économique, il n’y aura pas d’issue favorable pour nous. Donc c’est les luttes sociales qu’on relayera, c’est leur combat, leur combat dans les quartiers, leur combat contre la fermeture d’un hôpital, le combat contre les usines dans les ateliers pour augmenter les salaires, la suppression d’emplois, les fermetures d’usines. Et que ce combat soit une caisse de résonance, pour qu’il soit plus audible.
Quelles seraient les trois premières lois apportées à l’Assemblée nationale ?
Ce qu’on met en avant dans cette campagne, ce ne sont pas des promesses électorales, c’est des objectifs de lutte, un programme de lutte. En premier nous lutterons pour l’augmentation des salaires. Une autre mesure est la répartition du travail, dans les hôpitaux ils ont du boulot par-dessus la tête, on supprime des emplois puis on charge le travail sur les personnes, donc on est pour une meilleure répartition. Que tout le monde ait un travail et un salaire. Puis on nous rétorque souvent qu’il n’y a pas assez d’argent, qu’il n’y a pas les moyens nécessaires, donc en réponse on voudrait contrôler les grandes entreprises. C’est-à-dire de contrôler l’argent et les comptes de ces gros groupes, où va cet argent, pourquoi d’aussi grandes fortunes se sont constituées… On souhaite également la levée du secret des affaires, du secret bancaire et même du secret industriel par rapport à la pollution… On est pour que les travailleurs dirigent.
Vous serez en partie auteur de la politique environnementale, que soutiendrez-vous à l’Assemblée Nationale ?
Je soutiendrais le fait d’exproprier ces grands groupes, il n’y a pas d’écologie dans ce système capitaliste. Aujourd’hui, l’économie enrichit certains, en nous amenant à la catastrophe, on le voit tous les jours dans le monde. Et si on les laisse faire, ils vont continuer à s’enrichir de cette manière. Et c’est un problème global, tant que nous sommes dans une économie qui marche de manière anarchique où c’est la course au profit à la concurrence, il n’y aura pas de possibilité de moins consommer d’énergie. La production n’est pas construite de manière rationnelle.
La 14ème circonscription est l’une des plus pauvres de la métropole, la majorité des habitants ne travaillent pas dans leur commune de résidence, comment faire pour la rendre attractive ? Avez- vous des mesures pour ces quartiers populaires ?
Si nous étions à la manœuvre, les gens vivraient dans des endroits vivables. Ceux qui font ces grands ensembles n’y vivent pas, ils ont juste mis ça en place. On entasse les problèmes, les gens qui ont moins de moyens, ça génère donc des problèmes individuels, de la drogue et des trafics et ça crée un fonds de commerce pour l’extrême droite et la droite. La seule solution qu’ils ont c’est d’envoyer des CRS, des policiers, mais ce n’est pas une solution, c’est un cercle vicieux.
Pourquoi n’êtes-vous pas arrivé à vous entendre avec la NUPES ?
Déjà on n’a pas cherché à s’entendre avec la NUPES, car ce n’est pas notre problème. La seule perspective qu’ils offrent aux travailleurs c’est « bougez pas, on va le faire à votre place », et nous on ne dit pas ça. Nous on dit que c’est au travailleur de se prendre en main et de se défendre. La NUPES désarme le monde du travail, elle entretient des illusions de « on va changer les choses avec un gouvernement ». Donc travailler avec la NUPES on ne veut et peut pas, on pense que c’est une impasse pour le monde du travail.
Retrouvez ici notre dernier article sur les législatives.
Marine Farnole