Mbarka nous raconte comment l’ascenseur de l’immeuble où réside sa mère a fini par être immobilisé deux semaines au lieu d’une. Le hic ? La soeur de Mbarka est handicapée et malgré des appels quasi quotidiens à la société qui gère l’ascenseur, les réparations se sont trop fait attendre…
Ma vie oscille entre deux grandes capitales : celle des Gaules et celle du Beaujolais où j’ai passé une partie des dernières vacances scolaires en famille. Là-bas, j’ai pu constater de près comment étaient gérées les situations d’urgence concernant les ascenseurs en panne dans les immeubles de quartiers comme celui du Garet à Villefranche-sur-Saône.
Loin des clichés de cités aux tours interminables et aux cages à poules superposées, le quartier du Garet est une sorte d’ilôt constitué de petits immeubles. Il faut dire que l’endroit à un certain cachet… Effectivement, le Garet est proche de toutes commodités. Entouré par la zone industrielle et le centre commercial, l’endroit dispose d’un accès direct aux loisirs de détente : stade, équipement sportifs, centre nautique…le tout à proximité de grandes enseignes de restauration (trop) rapide.
Le must reste tout de même une vue dégagée sur un élément pittoresque du décor caladois. Imaginez-vous ouvrant les portes de votre balcon, par une belle matinée ensoleillée afin de respirer le bon air frais de la campagne environnante, avec pour seul et unique horizon… la prison de Villefranche ! Pas vraiment folichon. Là-bas, le quartier peut profiter ad vitam aeternam d’un spectacle son et lumières gratuit…By night, c’est encore mieux que les Nuits Sonores de Lyon : gyrophares, ballet de fourgons et autres utilitaires des forces de l’ordre, sirènes hurlantes…
Nous parviennent aussi, par-dessus le bruit causé par la circulation permanente, les hurlements de malaise et les agitations des prisonniers qui supportent gaiement les joies de l’enfermement… Parfois, les cris d’amusement des enfants et de familles qui profitent du Nautile (le centre nautique), situé quelques mètres plus loin, leur font une troublante concurrence, rendant l’environnement auditif du lieu tout à atypique. Que du bonheur !
Bref, c’est donc là que j’ai passé une partie de mes vacances. Je les ai aussi passées à monter et descendre les escaliers de l’immeuble où réside ma mère… De mon coté, je prends les choses stoïquement : ce n’est pas un peu d’exercice qui va me faire du mal. Cependant, lorsque j’apprends que cela fait déjà une semaine que l’ascenseur est immobilisé, je suis tout de suite moins stoïque, voyez-vous. Suite à des dégradations, la société à tout simplement décidé de « punir » les habitants.
Petit topo de la situation : ma mère réside seule depuis son divorce au troisième étage d’un immeuble géré par HBVS (bailleur social). Elle a en charge ma petite sœur, 27 ans, adulte handicapée de naissance qui a vu son handicap s’accroitre suite à un accident : station debout difficile, fauteuil roulant et autres complications. Autant dire que les déplacements sont difficiles pour elle, encore plus dans des escaliers en colimaçon.
Cela n’engage que moi, mais je trouve qu’une semaine d’immobilisation d’ascenseur dans un immeuble où à la fois HBVS et OTIS (la société qui gère l’ascenseur) sont au courant de la présence d’une personne au handicap lourd, c’est beaucoup trop !
Je suis là pour témoigner que descendre et monter des escaliers avec ma sœur est très physique et assez dangereux. Un adulte en pleine forme éprouve de très grosses difficultés à le faire alors imaginez un peu ma mère, usée par une vie parfois difficile, à la santé fragilisée, ayant elle-même des problèmes pour se déplacer, faire quotidiennement ceci pendant une longue semaine (sans compter les courses) …
Mon autre sœur avait déjà contacté OTIS pour savoir s’il était possible de réduire le temps d’immobilisation de l’ascenseur en tenant compte de la difficulté éprouvée par ma mère ainsi que de l’auxiliaire de vie à domicile qui s’occupe de ma sœur en journée. Réponse négative :« Le technicien a estimé qu’il fallait l’immobiliser une semaine ».
Le lundi de la deuxième semaine des vacances, contrairement à ce qui avait été annoncé, l’ascenseur n’est toujours pas réparé. J’appelle OTIS : « Le technicien devrait passer demain ne vous inquiétez pas ». OK, on patiente encore un peu.
Les deux jours qui suivent se déroulent à peu près de la même manière. Tous autant que nous sommes (ma mère, l’auxiliaire de vie, une amie de la famille, moi), nous avons eu à faire à un moment ou un autre au standard du numéro d’urgence de la société OTIS et nous avons invariablement eu la même réponse vaseuse : « On s’en occupe…j’envoie un message au technicien ».
Le top c’était quand-même quand j’ai re-re-re-recontacté la société au sujet de ce fameux ascenseur dont le numéro de référence doit trôner quelque part sur l’un des murs de la cellule de crise d’OTIS tellement ils ont eu d’appels à ce sujet : « Ah ! Le technicien n’est toujours pas passé ? Pourtant il était dans le secteur…Je vais le relancer … ». Je coupe la standardiste pour lui signaler qu’il est effectivement temps de faire réellement quelque chose en brandissant l’arme ultime : « Oui, parce que si jamais ma mère chute avec ma sœur dans les escaliers alors qu’on vous a signalé le problème plusieurs fois, il faudra vous poser la question en termes de responsabilité ». Là, changement de ton et d’attitude de la dame derrière son téléphone pour qui ce problème est tellement lointain mais dont je viens subitement de réduire la distance. C’est ça le progrès.
Tu parles ! Le lendemain toujours rien de nouveau sous le soleil malgré nos appels quotidiens.
Au final, au lieu d’avoir été immobilisé une semaine, cet ascenseur a connu deux semaines d’arrêt. C’est finalement à mon retour sur Lyon que j’apprends que l’ascenseur a été réparé dans l’après-midi du vendredi. Pile poil pour fêter la fin des vacances !
En discutant avec notre auxiliaire de vie qui a pu intercepter le technicien enfin venu faire son travail, j’apprends que l’ascenseur avait été mis à l’arrêt en réponse aux dégradations dont il avait fait l’objet. Mesure punitive donc « pour faire réagir les gens ». Le technicien avouant cependant qu’il avait bien été gêné de mettre l’ascenseur à l’arrêt en sachant que cela allait pénaliser la « petite handicapée » de l’immeuble mais « les ordres, c’est les ordres » a-t-il dit…lui qui aurait soi-disant estimé qu’il avait fallu une semaine d’arrêt pour une réparation qui a fini par lui prendre deux temps trois mouvements…Il y a quelque chose qui m’échappe.
Par contre, j’ai bien compris une chose : en cas de dégradation (sûrement commise par des personnes extérieures), ce sont les habitants que l’on pénalise en espérant qu’ils assureront par eux-mêmes la sécurité des locaux quand cela fait des mois que le système de fermeture de l’allée est cassé et laisse la porte ouverte à toutes les fenêtres.
De telles méthodes me semblent indignes, absurdes et révoltantes alors que, pendant ce temps là, les locataires continuent à payer les charges locatives dont celles liées à l’ascenseur…
D’autre part, suite à une réflexion d’un ami, je m’interroge quant au contrat qui lie HBVS et OTIS, notamment en termes de délais. Voulant avoir de plus amples informations, je téléphone à HBVS mais nous sommes déjà vendredi après-midi et eux sont en week-end depuis midi déjà… Nouvelle tentative prévue ce lundi.