A l’occasion d’un cours d’éducation aux médias avec la classe du lycée Robert Doisneau, Le Lyon Bondy Blog a rencontré les jeunes de la classe de seconde allophone.
Ils sont tous arrivés mineurs en France mais vivent aujourd’hui en foyer ou avec leur famille : les élèves allophones du Lycée Robert Doisneau se retrouvent chaque semaine en classe de seconde pour suivre des cours spécialisés.
Lors d’un cours d’éducation aux médias, ces jeunes de 15 à 19 ans se sont livrés sur leur quotidien. Tous ne s’expriment pas avec le même niveau de français. Il faut dire que certains viennent d’arriver en France, tandis que les autres sont là depuis quelques mois. La plupart d’entre eux sont originaires d’Afrique et d’Europe de l’Est. Parmi eux, une jeune femme a fui l’Ukraine.
Une envie de réussir en France
Un sujet commun les rassemble : tous sont arrivés en France avec l’objectif d’« avoir une meilleure vie ». Certains ont suivi leur famille comme Enxhi, qui a quitté l’Albanie pour son père, atteint de dialyse. A 19 ans, c’est elle qui s’occupe des papiers pour ses parents et son petit frère, qui ne parlent pas bien le français. Ici, elle espère travailler dans la finance : « Là je cherche à faire un stage dans une banque. J’ai envoyé des CVs, rigole-t-elle, je ne savais pas qu’il y avait besoin de ça en France ».
Suhay, un jeune somalien, souhaite quant à lui devenir éducateur : « Je vais essayer de faire un bac général, mais si c’est trop dur, je ferais un bac professionnel. » Et pour lui, pas question de quitter le pays. Comme tous les autres, il veut trouver un travail en France : « Je suis content ici », témoigne le jeune homme. Il confesse qu’il aimerait un jour retourner dans son pays, mais « pour les vacances ».
Difficultés à s’intégrer
Tous sont désireux de poursuive leurs études après cette classe de seconde. Pour les accompagner dans ce projet, le lycée fait tout pour essayer d’intégrer les jeunes de la classe allophone avec les élèves français. Ils sont placés dans des classes d’« inclusion », dans lesquelles ils participent à certains cours comme l’EPS, les mathématiques, ou dans les matières dans lesquelles ils se sentent à l’aise. Une méthode qui porte ses fruits, comme en témoigne Basma, une jeune franco-algérienne, née en France et qui était retournée toute petite en Algérie avec sa famille : « Sincèrement, les autres élèves, ils sont gentils. J’ai des amis françaises ».
Nicole Desnoyer, leur professeur, est quant à elle plutôt optimiste sur leur capacité à continuer à travailler dans le milieu scolaire : « La plupart arrivent à continuer, souvent en bac pro ou en apprentissage. J’ai beaucoup d’élèves qui ont des postes en tant qu’ex-apprenti ». En tout cas, elle essaye de ne pas « les laisser sans solutions » et de les accompagner dans leur projet professionnel. Par exemple, les professeurs de la jeune Basma, qui souhaite devenir médecin, l’ont orientée vers une filière scientifique dans un lycée général plutôt que vers le bac technologique Science et Technologie de Laboratoire (STL). « Ils ont dit que j’avais les capacités », explique la jeune fille.
Pour le reste, les élèves participent à des sorties scolaires, au théâtre ou au cinéma avec le reste du lycée.
Un avenir flou
Pour autant, tous n’auront peut-être pas la possibilité de rester en France. Arrivée d’Albanie en 2019, Enxhi est menacée d’expulsion depuis octobre 2021 avec son petit frère Dorian. Malgré une pétition de 22 000 signatures, des recommandations du corps enseignant du lycée et même un courrier de la maire de Vaulx-en-Velin, la famille d’Enxhi disposait de 3 mois pour quitter le sol français. Mais pour elle pas question de s’en aller : « Repartir, ce n’est pas une solution, on n’a plus personne en Albanie », témoigne la jeune fille. Pour l’instant, soutenue par ses professeurs et l’établissement, la jeune fille continue d’étudier et espère pouvoir rester.
Loris Castaing
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