Vaulx Académia : le parcours du combattant de Jessim Hamza pour créer son association de formation alternative

L’association Vaulx Académia propose des programmes de formation pour les personnes qui ne sont pas adaptées au système scolaire « classique » et vient en aide aux jeunes dans le besoin. Jessim Hamza, son fondateur, nous a détaillé son parcours du combattant pour la conception du projet.

Jessim Hamza, jeune Vaudais de 22 ans, a créé l’association Vaulx Académia en 2021. Ancien animateur et responsable périscolaire et extrascolaire, il tient aujourd’hui les rennes de ce dispositif associatif qui vient en aide aux jeunes dans le besoin. Il souhaite accompagner et former les jeunes des banlieues, « qui ne sont pas adaptés aux systèmes « classiques » et qui se perdent un petit peu ».

Pour lui, le problème vient du format, et non d’un manque « de capacités » ou d’un manque d’intérêt. Pas question, non plus, de parler d’ « invisibles », le terme couramment utilisé pour parler des personnes qui ne sont pas dans les radars institutionnels : « Ce n’est pas à eux d’être visibles par les institutions, ce n’est pas leur travail. Ce sont les institutions qui doivent être visibles et s’adapter au public. »

Prendre le système « à l’envers »

Le jeune homme a donc mis en place des cursus de développement de compétences ou d’orientation qui parlent aux jeunes, mais qui s’adressent plus largement à tout le monde. Il se base sur des modèles pédagogiques alternatifs qui peuvent être aménagés en fonction des besoins du demandeur. Il explique : « Nous, on ne va pas apprendre le français en cours de français et apprendre les maths en cours de maths. On va t’emmener et on va faire un film, où à l’intérieur tu vas devoir faire des maths, du français et de l’histoire. » Le but est de retourner le système pour que la personne ne se rende pas compte qu’elle apprend. La plupart des participants qui viennent suivre des programmes sont des jeunes, au collège, au lycée ou simplement déscolarisés. Ce sont eux qui vont mener les programmes suivants : « Quand ils viennent et qu’ils veulent intégrer les programmes, ils deviennent ensuite acteurs de l’équipe. » Certains des programmes sont menés avec des structures, des centres sociaux, des lycées ou même la mission locale de Lyon.

Vaulx Académia réalise aussi du sourcing pour les entreprises, c’est-à-dire lier les demandeurs et les recruteurs. Mais pas seulement : l’association s’occupe également de trouver des aides pour les personnes dans le besoin, d’aider à trouver des appartements, d’accompagner pour structurer les projets. De la même manière, Jessim Hamza explique avoir une approche dans l’autre sens : « Je vois les personnes, ils me disent ce qu’ils cherchent, l’assistance à la personne, le numérique et après je démarche les personnes qu’il faut. Il me fallait des structures qui regroupe le plus d’opportunités possibles, donc j’ai visé les groupements d’entreprises. » Actuellement, il a une dizaine de partenaires, qui comptent chacuns deux à trois cents entreprises.

Une collecte de fond pour un de leurs projets, dans une buvette lors du match de Lyon la Duchère contre le Goal FC. Crédit : Vaulx Académia

Un processus de création plus long que prévu

Le projet a pourtant mis du temps à se concrétiser et à voir le jour. En tant qu’animateur, il a longtemps pu mettre en place des projets ou des activités avec les jeunes, mais ils n’étaient pas assez poussé pour lui. Il voulait ajouter une dimension plus éducative et pédagogique et pas seulement rester sur du divertissement. Le jeune homme est donc devenu responsable extrascolaire et périscolaire, mais s’est vite rendu compte qu’il n’avait pas tant de liberté que ça, à cause des supérieurs ou du budget à respecter. Jessim avait déjà l’idée, à cette époque, de créer un centre social pour avoir plus d’autonomie. Après la déception de son travail dans la direction et la frustration de son travail dans l’animation, il a décidé de mettre sur papier toutes ses envies. Poussé par son entourage, il a vu ça comme un défi. Il a pris deux ans pour créer une association alors qu’il suivait une formation pour être responsable.

« Je ne savais pas comment on créait une association ; je suis allé sur internet. A deux doigts, d’écrire « tuto », rigole-t-il. J’ai appris qu’il fallait des statuts, un procès-verbal etc. » Il a donc trouvé un modèle de statut à remplir. Pourtant, son parcours ne s’arrête pas là : « Il m’a fallu presque un an et demi à valider le statut. Il y avait toujours un truc qui n’allait pas. Il suffisait qu’il y ait une apostrophe au mauvais endroit, pour que la préfecture ne valide pas. » L’institution lui a renvoyé en tout une dizaine de fois le formulaire, au point-même que la personne en charge lui propose de le remplir avec lui à la préfecture. Une fois l’association créée officiellement en mars 2021, il a continué son travail jusqu’en septembre et enfin ficelé son projet en août. « Entre les statuts qu’il y avait en mars et ce que j’ai écrit en août, beaucoup de choses ont changé. »

Première étape : trouver un local

« La première chose qu’il me fallait, c’était un endroit où s’installer », précise-t-il. Pour commencer, Jessim a demandé une salle à la mairie, puis contacté ensuite un gestionnaire de bâtiment à Vaulx-en-Velin. Selon ce dernier, « la création d’une association n’était pas nécessaire », et il fallait plutôt faire de l’animation de proximité, trouver des contacts et des financements avant de pouvoir avoir un local. « Je suis venu pour un local, je suis ressorti avec un projet qui ne valait même pas la peine d’être réalisé. » Il raconte ensuite avoir réfléchi pendant plusieurs heures, à regarder le plafond ou à marcher.

Pour lui, le problème était visible : « Ça ne collait pas entre ce qu’on me proposait et ce que je voulais faireJe répétais en boucle : ʺIl y a un truc qui ne va pas.ʺ » Et puis, il a eu une illumination : « J’ai mis deux heures à faire comprendre à ma propre équipe ce que je voulais faire. J’ai presque retourné le projet, j’ai découpé des parties et ajouté des éléments. J’ai fait un puzzle ». C’est ainsi qu’il en est venu à créer le projet actuel.

Une association qui s’est développée aujourd’hui

Après avoir finalisé le projet, Jessim Hamza a cherché à trouver le plus de contacts possible : « On n’avait pas d’argent, il fallait qu’on se fasse du contact. » Il a donc demandé dans son entourage, et au fur et à mesure, de contact en contact, le répertoire s’est développé. Aujourd’hui, une association leur a même mis à disposition un local à Vaulx-en-Velin. Pour se faire connaître, Vaulx Académia passe par les réseaux sociaux ou simplement par le bouche à oreille. Et ça marche ! Depuis le mois d’avril, Jessim Hamza a créé son entreprise « de conseils en stratégie » en parallèle, afin de gérer l’argent et les besoins de l’association. En effet, l’association ne bénéficie pas de subventions, sauf ponctuellement pour des projets particuliers.

En ce moment, Vaulx Académia réalise un documentaire sur les enjeux de la solidarité, en partenariat avec la boite de production Imera Production. Ce « docu à la Netflix », comme l’explique Jessim, est une enquête qui part de Vaulx-en-Velin pour aller ensuite au niveau national. Dedans, on retrouve le rappeur Kery James qui donne une interview. Il y aura également une partie fiction. En tout, la production durera 26 minutes. « Si tout se passe bien, la première sera au Gaumont Pathé de Carré de Soie et ensuite à la télé. » Dans l’idéal, le résultat sera diffusé dans un ou deux mois.

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