À l’approche de l’élection présidentielle 2022, le Lyon Bondy Blog a décidé d’aller à la rencontre de jeunes militants des différents partis politiques. Pour notre douzième portrait, nous avons interrogé Louis Gerin, militant du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste).
Louis Gerin a 32 ans et est professeur d’histoire au collège Les iris de Villeurbanne. Il est militant au sein du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) depuis 7 ans. C’est le seul parti avec lequel il a milité jusqu’à aujourd’hui : « Tôt j’ai été sensibilisé au rejet du racisme et de la guerre, livre-t-il. Au lycée j’avais un sentiment de révolte et je me posais des questions autour de la question climatique. » Un sentiment de révolte qui s’explique d’après lui par les évènements politiques qu’il a vécus étant plus jeune : « On est une génération qui a eu des évènements politisants très forts, développe le jeune professeur. J’avais 12 ans quand Lepen est passé au second tour pour la première fois par exemple. »
Pendant longtemps sans attache politique, il rencontre en deuxième année de Master des militants du NPA. « Rapidement, j’ai proposé mon aide pour filer un coup de main ». S’il se revendique communiste, Louis Gerin concède qu’il est difficile de se définir comme tel aujourd’hui et rejette tout rapprochement avec le PCF de Fabien Roussel. « Le parti communiste français n’en a que le nom, c’est très dur de se dire communiste aujourd’hui à cause de ces partis. Ils ont usurpé ce titre. » Lui se reconnaît dans le projet du NPA : « L’idée a été de rassembler les anticapitalistes et les révolutionnaires, malgré leurs désaccords, pour mettre leurs forces en commun aux bons moments, comme lors des élections. »
« On essaye avant tout de s’adresser aux travailleurs, c’est eux qui ont le pouvoir »
Avec le parti, il participe de différentes manières : « Je fais des diffusions de tracts, des collages d’affiches, décrit-il. Mais au sein du NPA, on essaye surtout de réunir les travailleurs pour les aider dans leurs luttes, comme l’augmentation des salaires ou le refus d’heures supplémentaires. L’idée c’est de montrer que collectivement on peut obtenir des choses. » Parfois, certaines de ses actions sont très tôt le matin, à 5h30 à l’embauche par exemple. Des opérations pourtant nécessaires d’après le militant : « On essaye avant tout de s’adresser aux travailleurs. C’est eux qui ont le pouvoir de changer complètement la société, c’est eux qui feront la révolution. »
Pour les élections, Louis Gerin reconnaît qu’il n’espère pas « que son candidat soit président de la République ». S’il est conscient qu’il y a très peu de chances que le NPA passe au second tour, il appelle quand même à voter pour son parti : « On n’est pas indifférent au score que va faire Phillipe Poutou, explique-t-il. Si dimanche on voit qu’il y a un million, deux millions de personnes qui votent pour nos idées, ça veut dire qu’on est un, deux millions à vouloir changer les choses. » Autant de personnes qui se mobilisent, serait alors selon lui, l’occasion de convaincre d’autres personnes et de lancer un mouvement.
De plus, d’après lui, les élections sont de toute façon un moment important pour s’exprimer, puisque « beaucoup de français qui ne s’intéressent pas à la politique en temps normal vont le faire. C’est l’occasion de diffuser des idées. »
Un militant peu convaincu par les autres candidats
Le militant considère que Phillipe Poutou, « l’ouvrier qui s’est battu des années contre la fermeture de son usine », est un bon représentant pour le NPA : « C’est le seul candidat qui vient d’un milieu ouvrier finalement. Qui de mieux qu’un travailleur pour dire de quoi les travailleurs ont besoin ? »
Louis Gerin en appelle aussi à ceux qui hésiterait encore, par peur de voter pour un parti trop « extrême » : « Qu’est-ce qui est extrême finalement ? C’est qu’il y ait 800 millions de personnes qui meurent de faim dans le monde ? Je ne crois pas que dire que des migrants puissent s’installer où ils veulent, sans risquer leur vie en traversant la manche, dire qu’on pourrait nourrir tout le monde aujourd’hui sur terre, ce soit extrême. » En cas d’un second tour entre Marine Lepen et Emmanuel Macron, Louis Gerin sait qu’il votera blanc. Il hésite encore si Mélenchon réussit à passer mais aurait certainement du « mal à appeler à voter » pour lui : « Honnêtement je ne pense pas qu’il fera mieux qu’Hollande. Il ne remettra jamais en cause la propriété privée des moyens de production. En plus, il ne voudra jamais s’appuyer sur une lutte active des travailleurs et laisse donc tout le pouvoir à la bourgeoisie. »
« Si on regarde le monde, les capitalistes ont fait la démonstration de la faillite de leur système »
Son vote ira donc à Phillipe Poutou. Une décision qui répond à une urgence : celle de sortir du capitalisme. « Les capitalistes ne produisent pas pour répondre aux besoins de la population mais pour engendrer des profits, s’indigne Louis Gerin. Si on regarde le monde aujourd’hui, ils ont fait la démonstration de la faillite de leur système. » Selon lui c’est à présent aux ouvriers de prendre conscience qu’ils peuvent changer ce système et œuvrer, « non pas pour un groupe d’individu qui sont des parasites, mais pour la population entière. »
Loris Castaing