Depuis une semaine, la qualité de l’air est mauvaise à Lyon. En effet, la métropole connaît un épisode de pollution aux particules fines, mais que cela signifie-t-il vraiment ? Les politiques mises en place pour lutter contre ce phénomène récurent sont-elles suffisantes ?
Le 14 octobre dernier, le dernier rapport de santé publique France alertait sur la situation : « Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, près de 4 300 décès par an sont attribuables à l’exposition à long terme aux particules fines. À quoi il faut ajouter 1 960 décès liés à une exposition au dioxyde d’azote (NO2). » Au total, l’exposition de la population aux particules fines (PM2,5) et au NO2 serait responsable, respectivement de 6,7 % et 3,1 % de la mortalité annuelle dans la région. Et pour Lyon, la part annuelle des décès attribuables aux particules fines dépassent les 10 %. Des chiffres alarmants.
Depuis une semaine, la métropole lyonnaise connaît un épisode de pollution aux particules fines. Ces épisodes interviennent lorsque la température chute brusquement dans la région et que le vent, nécessaire à la dispersion des particules, n’est plus présent. Selon Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, l’observatoire agréé par le Ministère de la Transition écologique et solidaire pour la surveillance et l’information sur la qualité de l’air dans la région, de Lyon à Caluire-et-Cuire en passant par Villeurbanne, la qualité de l’air était qualifiée de très mauvaise le 14 janvier. Mais comment l’expliquer ? « Pas de pic sans émissions. Il y a différents types d’émissions et différents types de polluants : l’industrie, le trafic, l’agriculture, et la pollution résidentielle. En hiver, le chauffage au bois avec cheminée ouverte émet beaucoup de particules », ajoute Alexandre Thomasson, d’Atmo. Toujours d’après le rapport de santé publique France, le chauffage individuel non-performant, et plus précisément celui au bois, serait responsable de 67 % des émissions de particules fines. L’hiver est donc une saison propice aux épisodes de pollution aux particules.
Des particules dangereuses
Les particules sont comme des poussières, lors des pics de pollution, on en retrouve un nombre anormal dans l’air, + de 50 µg/m3. Au-delà de ce stade, on parle alors d’épisode de pollution. Si la dangerosité est reconnu, notamment pour les particules diesel, celle-ci est accentuée par les éléments que les particules transportent. « En surface, on peut retrouver plusieurs choses, dont des substances cancérigènes, comme des hydrocarbures », explique l’agent d’Atmo, en charge d’évaluer les actions à long terme qui sont prises pour améliorer la qualité de l’air. Pour comprendre, il suffit d’imaginer un chewing-gum sur un tapis, celui-ci va attraper toutes les saletés environnantes. Les particules fines fonctionnent de la même manière. Ainsi, la population respire des substances dangereuses qui peuvent avoir des conséquences importantes sur sa santé.
Pour endiguer ce phénomène, et limiter ces épisodes, Atmo travaille en étroite collaboration avec la préfecture. « Notre rôle est de calculer et de modéliser. On peut prévoir la qualité de l’air à J+1 ou J+2, grâce à ça, on émet un indice, et une vigilance, une fiche d’aide à la précision pour la préfecture. En fonction, la préfecture mène des actions », commente Alexandre Thomasson.
Circulation différenciée, ticket journée à 3 euros…
Du 15 au 17 janvier, la préfecture du Rhône a donc mis en place la circulation différenciée. Seuls les véhicules ayant une vignette Crit’Air 0, 1, 2 ou 3 étaient autorisés à circuler en centre-ville à Lyon et Villeurbanne.
La préfecture milite aussi pour une rénovation énergétique des logements et a mis en place plusieurs mesures d’abaissement temporaire de la vitesse sur les axes routiers du département. Et pour l’agglomération, un « Tick’Air » des TCL à 3 euros permettait de se déplacer toute la journée samedi. L’objectif : diminuer les émissions. « Il y a un impact important du côté industriel qui est un gros pourvoyeur de particules fines mais le seul levier est le particulier et sa voiture. Donc on lutte contre le trafic auto mais on ne met pas grand chose en place pour la périphérie. Il y a la volonté de faire, mais il manque une vision globale », raconte Gilles Renevier, président de Fracture, fédération régionale des associations de l’Est Lyonnais contre le train en zone urbaine et pour le respect de l’environnement. Ce jeudi, la qualité de l’air tend à s’améliorer, mais comme le prévient le président de Fracture, « les pics de pollution sont fréquents ». Cet hiver, c’est déjà le deuxième épisode de pollution aux particules fines à Lyon et dans le Nord Isère.