100 jours de Grégory Doucet : Mona Rabier (PS) espère que l’union des gauches va durer

Nous continuons notre série d’entretiens avec Mona Rabier, 20 ans et militante du Parti Socialiste. Aux municipales, elle s’était présentée en dixième position sur la liste Vivons vraiment Lyon menée par Quentin Picard dans le 6ème arrondissement. Lundi 19 octobre, elle jugeait favorablement l’union entre Grégory Doucet et les forces de gauche.

Cet entretien a été réalisé le lundi 19 octobre 2020. Il est important de le remettre dans son contexte, notamment au regard des annonces municipales (annulation de la Fête des Lumières) ou gouvernementales (deuxième confinement). 

 

Quel regard portez-vous sur le début de mandat de Gregory Doucet ? 

On peut dire que c’est un début assez positif, même s’il est un peu tôt pour établir un premier vrai bilan. Cela ne fait que 100 jours, et il a commencé son mandat dans une situation assez critique avec la crise sanitaire. Malgré tout cela reste prometteur, avec des bons projets qui sont lancés comme le budget genré, la piétonisation actée aux abords des écoles. C’est un bon début, surtout au regard des promesses qui sont tenues. 

Quel est selon vous le dossier principal que la Mairie doit traiter en priorité et faites-vous confiance à Gregory Doucet et son équipe pour y faire face ?

Même si tout devrait être prioritaire, je pense que la crise sanitaire est le premier sujet à traiter. Elle touche aujourd’hui toutes les régions du monde et on voit que Lyon n’est pas épargnée, on le voit bien puisqu’elle fait partie des métropoles qui vivent le couvre-feu. Il est primordial de traiter cette crise et les conséquences qu’elle peut avoir sur la population en précarisant encore plus certaines personnes, en creusant les inégalités… Le gouvernement mis en place à Lyon pourrait gérer cela plutôt bien avec l’union entre un parti aux sensibilités environnementales qui s’appuie sur des forces de gauche. On a notamment Sandrine Runel, 9ème Adjointe aux solidarités et à l’inclusion sociale, et Stéphanie Léger à l’éducation. On sent que le conseil municipal s’appuie sur les forces de gauche et s’est donné comme mission principale de lutter contre les inégalités. Je pense donc qu’en effet, ça devrait pouvoir être géré de manière satisfaisante. 

Le Maire et le président de la Métropole ont demandé jeudi 1er octobre au Premier Ministre l’assouplissement des mesures sanitaires dans la Métropole lyonnaise. Gregory Doucet s’était prononcé contre la fermeture des bars, qu’avez-vous pensé de sa position sur le sujet et quel impact pensez-vous que le couvre-feu aura sur les Lyonnais ? 

Sa position est un peu ambiguë, dans le sens où il s’est prononcé contre la fermeture des bars pour éviter de creuser encore plus la crise économique, aggravée par la situation sanitaire, et donc d’éviter aux commerçants des bars de souffrir encore plus de cette crise. Sa position est donc compréhensible sur ce point-là, mais il faut aussi se rendre compte que cette crise sanitaire a déjà touché la France pendant une première vague en Mars et qui continue d’être là. Je pense donc que c’est important d’agir et donc de fermer les bars pour combattre cette crise.  

En septembre, Gregory Doucet a signé une tribune pour un moratoire sur la 5G, afin qu’il y ait un débat démocratique avant son développement. Êtes-vous d’accord avec cette tribune ? 

Oui tout à fait, c’est important d’en savoir plus sur le déploiement de la 5G. C’est quelque chose dont on entend parler depuis quelques années mais encore trop peu,, qui est arrivé assez vite en France et la question s’est posée rapidement pour les Mairies. Ce n’est pas forcément la grande priorité aujourd’hui, donc je pense qu’on peut faire un moratoire pour connaître les effets de la 5G, notamment sur le plan écologique. Je pense d’ailleurs que c’est une des principales raisons qui l’a poussé à demander ce moratoire. C’est une bonne décision. 

Dernièrement, Gregory Doucet pensait maintenir la fête des Lumières à une jauge de 5000 personnes. Pensez-vous qu’il est encore possible de la maintenir, et dans quelles conditions ? 

Cela me paraît compliqué pour rester logique vis-à-vis de ce qui se passe dans d’autres villes. On interdit certains événements, alors pourquoi autoriser la fête des Lumières ? Evidemment, c’est un événement qui a toujours représenté Lyon, qui apporte beaucoup aux commerçants lyonnais et des alentours, donc c’est quelque chose de très important pour le rayonnement et le développement de la ville. Malgré tout, sur le plan sanitaire il pourrait sembler plus judicieux d’au moins l’aborder sous un autre angle, sans nécessairement la supprimer. Après, cela peut paraître compliqué de mettre en place une fête qui se déploie en extérieur sur toute la ville. 

Voyez-vous une différence avec vos capacités de dialoguer avec la majorité ? 

Dans un sens oui, puisque ce sont des valeurs qui nous correspondent plus donc on a plus de facilité à représenter les intérêts des citoyens. Après, c’est un système relationnel évidemment complexe : que des mesures soient prises c’est autre chose, mais on peut facilement faire remonter des choses à travers les adjoints de gauche, qui peuvent exercer un rôle de relais. 

Grégory Doucet souhaite recruter 20 policiers municipaux supplémentaires, parallèlement il projette d’implanter dans tous les quartiers une antenne de police municipale. Faites-vous confiance aux élus écologistes pour traiter les questions de sécurité et pourquoi ?

Oui, je ne pense pas qu’ils soient moins compétents sur la question sécuritaire que n’importe quel élu juste parce qu’ils sont élus écologistes. Ce n’est pas parce qu’ils ont moins été mis sur le devant de la scène sur ce volet qu’ils sont moins capables de le gérer. On l’a bien vu puisqu’en 3 mois ils ont déjà abordé ce sujet, avec par exemple la volonté de recruter davantage de policiers municipaux. C’est quelque chose dont il faudra encore débattre bien sûr, pour poursuivre la réflexion.

La Mairie souhaite renforcer son action pour l’égalité à travers la mise en place d’un “budget sensible au genre” sur l’éducation et le sport, la valorisation du travail des femmes à travers la commande publique ou encore l’ouverture d’un débat sur l’écriture inclusive. Pensez-vous que ces initiatives sont efficaces ou qu’il s’agit d’une campagne de communication ? 

Je ne pense pas qu’il s’agisse de communication. Evidemment il faut toujours une part de communication qui fait partie du projet politique en soi, mais ce n’est pas que cela et je suis totalement favorable à ce genre de projets. On voit bien que les discriminations au niveau du genre sont loin d’être abolies, elles persistent et il est donc important que les nouveaux élus continuent d’agir dans ce domaine. 

La métropole de Lyon a fait plusieurs propositions d’aide aux quartiers populaires tels que la création de Maison de l’alimentation dans les 37 quartiers prioritaires de la ville ou encore l’augmentation significative du nombre de logements sociaux. Que pensez-vous du fait que la Métropole semble prendre les décisions les plus importantes en la matière ? 

En effet, c’est quelque chose qui touche certes toute la Métropole mais principalement Lyon, donc c’est une décision qui devrait être également prise par la Mairie : ce sont des projets qui devraient être conjoints entre la Métropole et la municipalité.  

On voit bien qu’il y a aussi une paupérisation assez importante dans la ville de Lyon, et qu’il y a une volonté de la Métropole et de la Mairie de limiter la gentrification et d’éviter que les Lyonnais soient contraints économiquement à déménager en dehors de Lyon, en périphéries.  

Pour redynamiser la démocratie participative à Lyon, la Mairie travaille sur la création de conseils des aînés, de conseils d’arrondissement des enfants ou encore d’un baromètre du bien-être des lyonnais. On peut aussi noter la création d’un budget géré par les citoyens représentant au total 5% du budget d’investissements. Que pensez-vous de ces initiatives ?

Je pense que ce sont de bons projets, mais peut-être qu’ils ne vont pas assez loin. C’est important de développer encore plus la démocratie participative, mais il y a un problème de méfiance vis-à-vis du politique, donc de refus de vote et d’abstention.. Peut-être qu’en plus de développer ces projets, il faudrait en parallèle organiser des campagnes pour re-sensibiliser les citoyens à l’importance du vote et de la participation à la vie de la cité. Si on propose des projets pour les faire participer mais qu’ils n’y voient pas l’intérêt alors ça perd tout son sens et ça n’aura plus aucun effet ! Bien sûr certains vont y participer, ceux qui s’intéressent déjà à la vie de la cité, mais ceux qu’on avait envie de toucher risquent de ne même pas être au courant des projets qu’on développe.

Concrètement, quels changements espérez-vous encore dans la gestion municipale de Gregory Doucet ?

J’espère qu’il y aura une poursuite de cette union, de cette coopération dans la gestion des politiques principales avec notamment l’appui de la gauche. Tout d’abord la gestion de la crise sanitaire, ensuite les dossiers économiques, sociaux et culturels.. Tous les dossiers sur lesquels il faut travailler pour continuer à développer la ville.

La rédaction

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