Après avoir conquis les États-Unis, les silly bandz, ces bracelets en silicone, nés au Japon, ont débarqué avec succès en France. Rencontre avec Karim Bouamar, un lyonnais de 37 ans, contrôleur dans les trains et plus récemment, auto-entrepreneur, devenu le premier grossiste Français de silly bandz.
Après les pogs, les billes, c’est au tour des silly bandz d’envahir les cours de récréations. Un vrai phénomène auprès des enfants âgés de 5 à 10 ans mais également auprès de certains adultes. On se les échange, on les collectionne. Il faut dire qu’avec tous les thèmes proposés : bracelets en forme d’animaux, de lettres, de fruits, d’objets, d’instruments de musique… il y a de quoi faire ! De plus, les prix restent « abordables » pour les parents (en moyenne : 3/4 euros pour un paquet de 24 bracelets) bien qu’ils varient selon les boutiques.
Quand avez-vous découvert les silly bandz pour la première fois ?
La première fois, ce fut à New York en juillet 2010 lors d’un voyage en compagnie de ma fille. A notre arrivée, ma petite cousine New Yorkaise en avait pleins les bras. Je lui ai donc demandé « qu’est ce que tout ces bracelets que tu as autour des bras ? « . J’ai vu une drôle d’expression sur son visage et très surprise, elle m’a répondu : » Ce sont des silly bandz ! Vous n’avez pas ça en France ? Parce que ici tout le monde en a ! « .
Comment vous est venue l’idée de vendre ces bracelets dans l’hexagone ?
L’idée de distribuer ces bracelets m’est venue en deux temps. Le premier a été déclenché par la réaction de ma fille devant les bracelets et l’intérêt qu’elle portait au phénomène. Dans un second temps, je pense que ce fut l’effet « NYC », le rêve Américain en quelque sorte. La décision de commercialiser ce produit en France s’est prise assis à l’ombre, sur un banc de Central Park, où avec ma fille nous dégustions une glace, sous une température de 39•. Je l’ai regardée et dit : « c’est décidé, lorsque l’on rentre en France, je change des choses dans notre vie et je commercialise les bracelets ». Le choix du statut s’est naturellement dirigé sur celui d’auto-entrepreneur pour sa facilité de mise en place. Il répondait parfaitement à mes besoins ainsi qu’à ma situation salariale.
Entre temps, j’avais déjà pris contact avec un fabricant en Chine. J’ai découvert la législation concernant l’importation et la commercialisation des produits destinés aux enfants. Mon fabricant a fournit les test reports, document prouvant que les bracelets, bagues, boucles d’oreilles et tattoo bandz en silicone répondaient totalement aux normes de sécurité CE.
Étiez-vous persuadé, dès le début, que « ces simples bracelets en silicone » allaient connaître un tel intérêt en France ?
Je pensais vraiment que cela allait devenir un phénomène en France, mais j’avais une vision à la « New Yorkaise ». Au mois de juillet 2010, cela faisait environ six mois que le phénomène existait et envahissait les USA. J’étais certains que celui-ci allait arriver en Europe. Il a commencé sur le vieux continent par la Grande Bretagne, la Belgique, le Luxembourg, l’Espagne et l’Italie, puis la France.
N’est-ce pas, justement, qu’un simple effet de mode ?
Je pense que le phénomène va être plus long que d’habitude (en termes de vie de produit à la mode). Aux USA, il l’est toujours alors que le cycle habituel est passé. De plus, c’est une mode qui n’est pas encore totalement présente au niveau national. Il suffit qu’un commerçant en vende dans un coin pour que les enfants habitant autour se ruent sur les bracelets. Je pense vraiment que ces bracelets et les dérivés seront à la mode cet été. Il existe pleins de thèmes et 5 gammes différentes : les solid color, les translucides, les parfumés, les pailletés et les phosphorescents (glow in the dark). Pour ma part, je commercialise 23 thèmes repartis en Solid color phosphorescent, translucide phosphorescent et parfumé phosphorescent. D’autres thèmes sortent régulièrement .
D’après vous, pourquoi ces bracelets plaisent autant ?
Bonne question ! Tous les adultes à qui j’ai fait découvrir les bracelets à mon retour des USA ont trouvé cela très « nul » et ne comprenaient pas mon engouement pour le produit.
Mais les enfants ont trouvé cela « délire » de voir des bracelets qui, une fois enlevés, prenaient toutes sortes de formes. J’en ai donc offert quelques uns et le principe de collection et d’échange entre enfants a commencé naturellement. Il n’y a même pas eu besoin de slogan comme « collectionne les, porte les et échange les » pour que cela se fasse.
Certains enfants les utilisent juste en bracelet ou élastique pour les cheveux, mais j’ai aussi découvert que d’autres, les plus jeunes, inventent des histoires comme ils le feraient avec des poupées ou des petites voitures. Je me souviens d’une petite fille qui avait découvert le thème « Music » dans un magasin, prendre le sachet et courir à travers le rayon en hurlant » yes ! Music ! I’m a rockstar ! The silly bands ! »
Après ce type de réaction allez savoir ce qui ce passe dans la tête d’un enfant ! Une forme d’identification ? La seule chose qui est certaine: c’est bien de ses petites têtes là que le phénomène est né.