Je m’appelle Benjamin Pouénat, j’ai 24 ans. J’ai fini mes études en sciences physiques en septembre 2019. Je souhaitais me réorienter alors j’ai postulé en service civique sur une mission de mobilité internationale, au CRIJ, le centre régional de l’information jeunesse. Cette association fait partie du Résolidaire69, un collectif d’associations avec lequel j’ai intégré un projet européen avec d’autres jeunes en service civique : Frame, Voice, Report !
De quoi s’agit-il ? Nous nous réunissons entre Service Civique de chaque association membre tous les mois, pour répondre à une mission précise : recueillir la parole des habitants de la métropole de Lyon au sujet des Objectifs de Développement Durable, établis en 2015 à l’ONU par 193 pays. Pour cela, nous utilisons un outil pédagogique pour délier les langues des habitants que l’on croise : le porteur de parole.
Nous intervenons dans la rue, auprès des passants et leur posons une question qui peut paraître philosophique. Lorsque le passant s’arrête et veut bien discuter avec nous de ce qu’on lui propose, c’est toujours un moment que je trouve grisant. Nous découvrons, chacun à notre façon, l’avis et les arguments des autres sur le sujet posé. Cela peut être « Qu’est-ce qu’il y a dans ta poubelle ? » ou encore « l’homme viril : mythe ou réalité ? ». Ces questions sont toujours en lien avec un Objectif de Développement Durable ; à savoir, pour la dernière question que j’ai citée, l’ODD n°5 : égalité entre les sexes.
On se prête à cet exercice selon un cadre précis. Voici quelques règles qui fixent notre cadre de travail :
- alimenter le débat dans un cadre de bienveillance, de non-jugement et d’écoute.
- Il est impossible de réfuter l’idée de l’autre sous prétexte qu’elle va à l’encontre de nos propres idées.
- Nous ne voulons pas produire des conflits dans la rue.
- On a tout à fait le droit de donner notre opinion, c’est aussi un moyen d’enrichir la réflexion de la personne en face de nous.
C’est à travers un prisme simple d’écoute et de compréhension, qu’un espace bienveillant d’échange se forme pour un temps éphémère et précieux, où, on essaie au maximum que la personne interrogée se sente en confiance pour discuter. C’est un espace où on discute politique en somme ! Un espace qui manque entre chaque citoyen, et qui ne demande qu’à être utilisé ! Le porteur de parole permet cela. C’est un support sur lequel on s’appuie pour montrer que chaque avis compte et qu’il est nécessaire de tous les écouter. Une réflexion nouvelle nourrit alors chaque personne ayant participé à ces petits débats, plus ou moins courts, et où l’attention et l’importance de chaque mot sont au rendez-vous.
Au préalable, avant d’aller dans la rue, il y a cette étape délicate : des compromis, de la diplomatie et du bon vouloir faire. Une structure du Résolidaire69, représentée par la personne en Service Civique, vient avec la volonté d’organiser un porteur de parole sur un ou plusieurs ODD. Notre travail en comité de pilotage est alors de préciser cette demande, de construire les questions qui desservent le mieux ce que souhaite la structure. C’est un temps d’échange et de propositions, d’idées, d’argumentation, tout en se recentrant sur la dimension populaire que doit comporter les questions. En effet, nous ne souhaitons pas présenter de questions trop élaborées et difficiles à comprendre pour la majorité, en commençant déjà par nos limites de compréhension. Un cocktail pas facile à préparer quand on est une dizaine à avoir un avis sur le sujet. La démocratie participative aide très bien à fluidifier la communication et maintenir l’attention sur l’objectif de départ.
Le confinement tombe mal dans ce projet, on était à deux semaines de conclure avec une soirée d’exposition ! La tuile ! Nous maintenons malgré tout les comités de pilotage à distance et espérons vous croiser le plus tôt possible dans la rue ! La bise !
Article rédigé par Benjamin Pouénat, Service Civique au CRIJ.
Cet article a été produit avec l’aide financière de l’Union européenne. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité du bénéficiaire et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.