Les Objectifs du Développement Durable ont été initiés par l’ONU en 2015. Aussi appelés les ODD – et non, on ne vous parle pas du dernier tube de PNL – ils se découpent en 17 thématiques. Conçus pour donner une marche à suivre aux 193 pays engagés dans ce projet, vers un avenir durable et meilleur pour tous et toutes, ces objectifs s’appuient sur cinq enjeux transversaux. Ces derniers sont nommés les cinq P, qui sont : les Peuples, la Planète, la Prospérité, la Paix et les Partenariats.
Chacun de ces 17 objectifs comporte 169 sous-objectifs que l’on nomme cibles. Ils sont tous interconnectés et visent à ne laisser personne de côté, mais ils doivent surtout être atteints d’ici 2030. Les objectifs primordiaux sont la réduction de la pauvreté, l’autonomisation des femmes et des filles, ainsi que la lutte contre le réchauffement climatique.
Les ODD sont le résultat de deux processus parallèles : les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) adoptés en 2000, qui ciblaient essentiellement la réduction de la pauvreté et le développement social et le sommet de Rio (1992) qui se focalise sur la dimension environnementale du développement durable.
Quels sont les + des ODD ?
Par rapport aux OMD, les ODD sont plus larges et concernent cette fois, tant les pays dits « pauvres » ou « en développement » que les pays dits « riches » ou « développés ». Par ailleurs, les thématiques sont beaucoup plus transversales et ne se cantonnent pas aux thématiques sociales.
Ces objectifs ont été définis en privilégiant notamment les besoins et les propositions des pays dits « du Sud ». Cette logique viserait à s’éloigner des impositions post-néocolonialistes des pays dits « du Nord » sur les pays dits « du Sud » que certains programmes de développement (si ce n’est la plupart) utilisent.
Quelles sont les critiques que l’on peut faire ?
La notion de développement durable
Une première interrogation se pose : sont-ils réalisables ? La notion de développement est d’ores et déjà obsolète lorsque l’on prend conscience de la subjectivité du terme. En effet, il peut se référer au schéma des années 1970 avec les trois piliers du développement durable qui mêlent l’écologie, l’économie et le social. Mais au-delà de ça, comment peut-on conjuguer une définition universelle lorsque la notion même de développement ne fait pas consensus ? Entre un français ou une française et un ou une burkinabé, il est assez facile de comprendre que la notion de développement ne peut pas être perçue de la même manière.
En 1987, selon le rapport de la commission sur l’environnement et le développement de l’ONU, le développement durable est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Première remarque : cette définition n’a jamais été respectée. En effet, la situation actuelle mondiale est le reflet d’une compréhension floue des besoins présents et des moyens mis en œuvre associés. Cette définition ampute complètement la diversité et l’urgence de certains besoins, qui varient drastiquement selon les régions du monde.
Qui peut vraiment agir ?
On se rend vite compte, en lisant les Objectifs du Développement Durable, que les principaux acteurs sont les Etats. Sans omettre que la société civile et les associations/ONG ont leur rôle à jouer, notamment dans la sensibilisation et la diffusion de ces objectifs, seuls les Etats ont les moyens pour les réaliser efficacement. Toutefois, lorsque l’on regarde les indicateurs mondiaux qui suivent les progrès, on se rend compte qu’en cinq ans, ils ont très peu évolué. Cela questionne alors les États sur leur volonté de mettre en œuvre des politiques réellement efficaces.
Finalement, les Objectifs du Développement Durable répondent théoriquement à un réel besoin, mais doivent venir remettre en cause des logiques de développement qui nous semblent évidentes. En effet, cela mérite de nous questionner – tout un chacun – sur notre position en tant que citoyen face à ces objectifs et des réelles compétences que nécessite la réalisation de ces derniers. Et pour finir, il me semble impératif de repenser notre légitimité face aux enjeux du terme « développement », cette fois-ci en tant que française ou français, à concevoir et projeter des attentes ou des idéaux sur les pratiques et les savoirs des pays dits « du Sud ».
Écrit par Camille Nicolaï de l’association SCD.
Cet article a été produit avec l’aide financière de l’Union européenne. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité du bénéficiaire et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.