BlacKkKlansman, dernier film de Spike Lee et grand prix du festival de Cannes, est sorti en salles le 22 août dernier. Inspiré de faits réels, il raconte l’histoire d’un policier américain noir qui a infiltré le Ku Klux Klan à la fin des années 1970. Si le parallèle avec l’Amérique actuelle de Trump saute aux yeux, le Groupe antifasciste Lyon et environs (« la GALE ») l’a choisi pour mener une action de sensibilisation sur la situation française auprès de spectateurs. Objectif : établir une autre comparaison, moins consensuelle, avec la montée du fascisme en France et à Lyon.
Sur des questions comme celles de l’extrême-droite et des violences policières, « les États-Unis servent souvent de repoussoir », estiment deux militant·e·s de la GALE. Si BlacKkKlansman se veut engagé politiquement, son grand prix à Cannes met en évidence le caractère largement accepté de la cause qu’il défend. Aussi légitime que cela puisse être, s’attaquer à Donald Trump, c’est facile. Aux yeux des deux antifascistes, cela ne doit pas faire oublier que le problème de l’extrême-droite n’est pas cantonné outre-Atlantique. C’est pour cela que, touchés par le film, des membres de la GALE ont décidé d’aller distribuer des tracts de soutien pour Clément Méric – tué en 2013 par des militants d’extrême-droite – à la sortie d’une projection.
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Une fenêtre sur l’actualité américaine… et un miroir critique pour Lyon ?
La comparaison peut surprendre, mais n’est pas infondée. Si le film de Spike Lee rend hommage à Heather Heyer, assassinée le 12 août 2017 par des suprémacistes blancs américains à Charlottesville, l’ouverture le 4 septembre dernier du procès des trois skinheads accusés de l’homicide de Clément Méric rappelle qu’il n’y a pas qu’aux États-Unis que l’extrême-droite tue. Les liens ne s’arrêtent pas là. Lorsque le réalisateur montre Donald Trump déclarant à propos de Charlottesville qu’il y avait des gens violents « des deux côtés » [suprémacistes et anti-racistes, ndlr], difficile de ne pas penser à Gérard Collomb, qui prenait des positions similaires en tant que maire de Lyon comme en tant que ministre de l’Intérieur.
Après le film, les spectateurs et spectatrices paraissent dans l’ensemble marqué·e·s, ému·e·s. La légitimité de la comparaison temporelle – entre les États-Unis d’il y a quarante ans et ceux d’aujourd’hui – fait plutôt l’unanimité, mais pas celle de la comparaison spatiale – entre les États-Unis et la France. « Il y a des problèmes avec l’extrême-droite, notamment dans un certain quartier de Lyon [le Vieux Lyon, ndlr] », réagit à la sortie d’une séance une lyonnaise, interrogée sur ces ressemblances. « Mais Collomb, ce n’est pas Trump », tempère-t-elle.
« Les violences sont les mêmes »
Ces réactions montrent-elles que les cas américains et français sont vraiment incomparables ; ou au contraire qu’il existe une difficulté à Lyon et en France pour ouvrir les yeux sur ce sujet ? Les militant·e·s de la GALE expliquent que « le fascisme a pris des formes historiques différentes » entre les deux pays, précisant toutefois que « les violences sont les mêmes ». Le Lyon Bondy Blog ne prétend pas détenir de réponse absolue, mais a jugé cette question assez intéressante pour être soulevée… et conseille à chacun·e d’aller voir BlacKkKlansman pour se faire son avis !
Alexis Dumont