Le Lyon Bondy Blog était convié, le mardi 28 Mai au cinéma Pathé de la rue de la république à Lyon, par le consulat des Etats-Unis pour la projection exclusive du film « 42, The True Story of an American Legend”. L’événement était organisé conjointement par le consulat des USA, représenté par Monsieur le consul Mark Schapiro, et Ali Kismoune, président du club diversité Rhône-Alpes.
Prenant la parole tour à tour, nos hôtes nous annoncent que le film ne sera pas distribué en France, et que sa diffusion exclusive, en v.o., est aussi l’occasion de sceller une amitié entre les deux hommes. Nous apprenons au passage que Mark Schapiro sera amené à nous quitter pour prendre de nouvelles fonctions dans quelques semaines. Souhaitons lui bon vent pour la suite.
Ali Kismoune nous a rappelé l’importance du combat pour l’égalité dans notre pays, en précisant que la non-violence et l’endurance sont de mise si l’on veut des résultats probants sur le long terme. Puis monsieur le consul, fidèle à son sens de la concision, nous apprend que le base-ball n’est pas qu’un simple jeu, mais qu’il participe de l’âme de la nation américaine. Il précise également que Jackie Robinson est à la culture américaine ce que Martin Luther King était à la politique. Je dois bien avouer, à propos de ce joueur de base-ball, que je me suis senti quelques minutes dans la peau de Vendredi échouant d’un océan d’ignorance à l’instar du héro illettré et sauvage de Defoe dans son livre « Robinson Crusoé »…
The true story of an American Legend, le film
La salle s’éteint, et la projection commence. Le film est en couleur, mais il nous plonge dans une Amérique en noir ou blanc. L’histoire se déroule à la sortie de la IIème guerre mondiale, et le mouvement des droits civiques n’existe pas encore. La ségrégation est largement appliquée aux USA, en vertu du principe : « égaux mais séparés.»
Cependant, le fait d’avoir combattu deux pays, l’Allemagne nazie, et le Japon d’Hirohito, dont les politiques d’états étaient ouvertement racistes, font bouger les lignes dans les esprits. Il en va du sport comme du reste. C’est d’ailleurs en 1942 qu’un juge fédéral, pourtant lui-même très conservateur, du nom de Landis, se prononce pour préciser que le règlement de la fédération de base-ball n’interdit pas la présence de joueurs de couleurs dans une équipe. Il n’y a donc pas de textes ségrégationnistes dans ce sport, mais un « gentlemen agreement », consistant à n’intégrer que des blancs dans les équipes. Il existera même une « Negro’S league », ou seuls les « non-blancs » jouent, en réaction à cette discrimination.
Il faut donc attendre 1945, pour que Branch Rickey, manager des Dodger’s de Brooklyn, soit le premier à recruter un afro-américain. Il pense à Jackie Robinson, non pas seulement sur ses capacités de joueurs, mais aussi pour son caractère. Un entretien se déroule le 23 octobre 1945, et Rickey abreuve Robinson d’injures racistes pour le tester. Branch Rickey sait que son combat sera gagné si et seulement si Jackie réuni deux qualités : primo, avoir les compétences sportives, et, secundo, être inattaquable quant à la maîtrise de soi. Le sélectionneur sait de quoi il parle. On peut d’ailleurs se demander, si Rickey donne le numéro 42 à Robinson, pour rappeler le propos du juge Landis… Toujours est-il que les deux compères s’accordent pour s’unir dans ce combat.
Les 24 images par seconde du film, ne peuvent résumer en quelques minutes le parcours d’un joueur sur un chemin très escarpé, initié le 6 décembre 1862 avec le 13ème amendement abolissant définitivement l’esclavage au Etats-Unis. Pour autant Harrison Ford et Chadwick Boseman nous font presque toucher du doigt le trajet parcouru depuis les années 40.
Il serait bien sur exact de dire que ce qu’il reste à faire ne doit pas être négligé, mais on peut dire que le rêve de liberté d’Abraham Lincoln pour les esclaves des Etats-Unis a été porté par des héros comme Robinson, pour finir par « home run » avec Barack Obama…