Une comédie mettant en scène une famille simple et riche. Monsieur travaille dans l’armement, Madame reste s’occuper du foyer, pendant que leur fils aîné est à l’université, et leur jeune fille au lycée. Aux premières vues, tout semble aller au sein de cette familles Jones. Mais tout est bien plus compliqué que ça. Sur ses quatre membres, tous sont quelque peu dérangés. Mais c’est grâce à cela que la pièce aborde des sujets « sensibles » de société : racisme, armement et sexualité. Bien entendu, chacun de ces sujets est abordé différemment, pour le plus grand plaisir (ou malheur) du spectateur. Par le travail du metteur en scène, Bruno Duchêne, la pièce est haute en couleur : les personnages sont vivants, et les décors assez minimalistes rendent très bien, avec un petit clin d’œil à certains grands du pouvoir. Par moment, l’ambiance devient presque malaisante, psychédélique, renforçant l’immersion du spectateur, devenant alors le témoin d’événements plus qu’autre chose. Une famille limite stéréotypée, coupée du monde réel, et contaminant ainsi quiconque passe leur porte. Mais toutefois, il s’agit bien d’une comédie. Le second degré est très fort, il ne faut surtout pas prendre les propos de cette pièce comme ils arrivent. Ou sinon, on peut se contenter d’en rire, tellement c’est absurde et irréaliste.
Le synopsis de la pièce par Bruno Duchêne
« C’est une comédie familiale : on est dans une famille du type des publicités, jolie famille avec père, mère, des enfants. Un modèle très misogyne, mère au foyer… Même si la fille fait des études pour aller un peu plus loin, le modèle familial est très patriarcal. On a un père qui est très puissant, qui embarque la famille dans tout. Ce père est commercial en armement, ou plutôt en solution en balistique. Il y a un grand pan de la pièce sur cette question de l’armement. Voilà, avec un ton complètement décalé. La mère, elle est la femme au foyer, avec un côté raciste, qui projette sur les étrangers tous les maux du monde, mais elle le dit d’une façon très normale, complètement naturelle. Ça se sont les deux adultes les deux parents. Les deux enfants, il y a le grand frère, il a 19 ans, étudiant en lettres ou en socio, un peu politique, c’est l’image du jeune un peu en rébellion face à son père, contre l’armement. Et il y a sa sœur, en fin de lycée, qui va rentrer à l’université l’année d’après. C’est une fille de 18 ans sexuellement active, elle ce sera donc le penchant sur la partie sexualité de la pièce. Il y a trois grands angles dans cette pièce, le racisme, l’armement et la sexualité. Ces trois axes sont là durant toutes la pièce, amenés de manière assez explicite. C’est une comédie anglaise, donc il y a un certain décalage. Ça n’a pas peur d’aller loin, et en même temps de casser des codes établis, c’est ça qui m’a beaucoup plu. Ça va jouer sur l’absurde. Il y a cette famille moderne qui vit dans son petit pavillon, en banlieue de Londres, c’est le samedi tous les pères de famille en train de tondre la pelouse et à se donner des rendez-vous au barbecue de l’un et de l’autre, entre le modèle américain et le modèle anglais. En termes d’époque, il n’y en a pas d’établie, mais ça serait années 90-2000, mais avec des personnages qui pourraient être issus des années 60. Au début j’aurais voulu du maquillage à la Roy Lichtenstein, c’est un peu ambitieux. Cette imagerie-là, où les vielles pubs des années 50, la mère heureuse avec son tablier et ses enfants super joyeux, le père qui arrive avec sa mallette, mais projetée dans une époque plus 90-2000, avec toutes les crises au Moyen-Orient qu’on connait… Ça joue dans l’importance de la pièce. Et on a donc cette jolie petite famille, avec un élément qui va déclencher tout, c’est la fille qui ramène son petit copain qui est ‘’black’’, qui est un étranger. Ça pose beaucoup plus de questions au-delà du racisme.
Cette pièce est ultra cynique, pas mal d’humour noir. C’est notre envie et notre peur, c’est que les gens vont l’interpréter. Du second degré, on pourrait se faire caillasser à la sortie si c’est mal compris. Je vois ça comme du Coluche. Si on sort ça du sketch, on se dit « mais il est raciste ce mec », mais en fait il dénonce. Cette pièce c’est ça, je l’avais vu j’étais scotché. Mais voilà, je pense qu’il y a des propos qui peuvent déranger. J’espère qu’à l’issue des représentations il y ait des discussions qui se lancent. Après on peut juste la voir comme une comédie. »