Le cinéma d’art et d’essai le Comoedia projetait vendredi 26 novembre pour la première fois sur grand écran le nouveau documentaire de Jean Pierre Thorn, « 93, la belle rebelle » dans le cadre des 20 ans de Banlieues d’Europe. Le film sortira en salles le 26 janvier 2011. En attendant, une version courte est disponible sur le site d’Arte.
Cinéaste engagé, Jean Pierre Thorn a beaucoup travaillé sur la culture Hip Hop. Cette fois-ci, il propose une vision plus large de la naissance des mouvements musicaux dans le département de la Seine-Saint-Denis. Du rock des années 1960 au slam en passant par le rap et le punk, le réalisateur donne la parole à des artistes emblématiques du 93, acteurs de la contre-culture.
Pendant environ une heure, le spectateur voyage à travers le temps, au gré des histoires et des extraits de concerts d’artistes tels que Daniel Baudon (batteur d’un groupe de rock des sixties), l’accordéoniste poète Marc Perrone, Loran des Béruriers noirs, DJ Dee Nasty et D’ de Kabal, slameur des temps modernes. Le documentaire est également ponctué d’images d’archives qui rappellent des événements qui ont émaillé la vie des banlieues.
La musique omniprésente durant le film exprime à la fois la nostalgie d’une époque révolue et la colère (voire la rage) d’une population stigmatisée. Les sonorités punks des Béruriers noirs et celles des rappeurs de NTM ou encore de Casey sont les plus percutantes. Elles suggèrent que ce territoire où on a l’impression que « rien ne peut faire patrimoine », selon la formule de Marc Perrone, est en perpétuelle quête de reconnaissance. C’est cette même quête qui meut les artistes et fait le patrimoine culturel du 93.
En définitive, 93, la belle rebelle brise les clichés trop répandus sur la banlieue. Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir que celle-ci recèle de talents qui tentent d’insuffler quelque chose de nouveau à ce monde.
Auteur : Amandine Fournier