[Forum Libé] Libération et la tourmente de la presse

François Sergent et Nicolas Demorand (parmi 5 autres journalistes du quotidien) répondent aux questions des visiteurs du Forum Libé. Au rythme des différentes questions de la salle les journalistes définissent en premier lieu ce qui fait la marque de fabrique du journal Libération : l’impertinence. Ils ont également à cœur tous les sujets qui mettent en lumière les problématiques contemporaines, en essayant de rendre publiques et accessibles les découvertes technologiques ou scientifiques.

 Le but des journalistes de Libération est de titiller l’esprit des lecteurs, de les prendre à rebrousse-poil parfois, mais non de leur imposer leurs idées. Les articles nous aident à avoir un recul critique par rapport à tel ou tel évènement et à aiguiser notre esprit critique.  »Le rôle d’un journal consiste à procurer du plaisir à la lecture et rien d’autre », affirme un des 5 journalistes.

Journalisme

Sur ce point je ne le suis pas. Je suis plutôt partisane de l’idée selon laquelle on ne doit pas juste prendre du plaisir, on doit être « ébranlé » par l’article, il doit remettre en cause notre vision du monde, on doit vouloir aller plus loin après sa lecture. L’article doit obligatoirement nous faire réfléchir ou nous faire découvrir une facette du monde ou d’une société méconnue jusque-là. Alors bien sûr le plaisir que l’on prend à lire un article parce qu’il est bien écrit est important, parce que cela nous facilite l’accès à l’information qui nous est donnée, mais ce ne doit pas être le seul rôle d’un article selon moi.

Parité

Une autre question vient après, un peu dérangeante, celle du respect de la parité au sein de l’équipe de Libé. Les avis sont partagés. D’un côté un journaliste qui nie toute faible présence féminine dans la rédaction et de l’autre François Sergent qui avoue que les femmes ont très peu souvent une place de choix dans la direction de la rédaction. En effet 2 femmes sur 7 sont présentes dans l’équipe de direction. Il avance l’explication du fonctionnement de la vie de couple, c’est-à-dire que les horaires un peu difficiles (notamment le soir) ne conviennent pas aux femmes alors que ça n’est pas un obstacle pour les hommes. Bien sûr la direction pourrait changer le fonctionnement de la rédaction mais nous n’en sommes pas encore là. Finalement tout ça pour dire que comme toute autre entreprise la parité homme/femme n’est pas encore d’actualité surtout en ce qui concerne les postes à responsabilités.

Avenir

Des étudiants dans la salle s’interrogent, devant leur désir d’intégrer le prestigieux métier de journaliste quelles sont leurs chances d’y arriver un jour ? Nicolas Demorand leur répond d’une manière très claire mais très pessimiste. Le secteur est actuellement bouché, et ce depuis quelques temps déjà, complètement bouché. Il est très difficile d’y entrer et la pénurie de postes à pourvoir est un vrai problème (à part dans les rédactions web dans lesquelles la masse de travail est assommante), il faut s’attendre à avoir une situation précaire durant plusieurs années. Ils nous amènent également à faire la distinction entre la notion de vouloir faire du journalisme (avec une volonté d’écrire, de prendre plaisir à pratiquer ce métier) et la notion de vouloir être journaliste (juste pour l’idée que l’on se fait de la profession). Il est donc important de la pratiquer au quotidien afin de vérifier qu’il s’agit vraiment de ce que l’on compte faire.

Crise

Venons-en à un aspect négatif mais néanmoins réel : le déclin de la presse en France, notamment la presse écrite. De moins en moins de gens achètent et lisent les journaux. Ils se tournent plutôt vers Internet, la presse télévisée ou encore radio. Cependant N.Demorand insiste sur le fait qu’il ne peut y avoir de système démocratique sans une presse de qualité. Or pour produire une information de qualité il faut nécessairement des ressources financières, ces mêmes ressources qui manquent dans certains supports alternatifs (comme certains blogs par exemple ou « Rue 89″ qui regroupe des informations composites rarement de bonne qualité selon N.Demorand). La solution qui semble s’imposer afin de pallier à ce déclin est l’utilisation des nouveaux supports numériques tels que les tablettes. Elles représentent l’avenir de la presse écrite car leur mode de fonctionnement permet d’intégrer vidéos, sons, liens qui sont utilisés d’une manière très maniable pour les lecteurs (bonne prise en main). De plus elles permettent d’améliorer la mise en scène de l’information sur les maquettes, mieux que sur les blogs classiques.

Néanmoins le métier de journaliste est un métier formidable selon F.Sergent, « coller » à l’actualité est une aventure du quotidien et une profession passionnante qui se renouvèle à chaque instant. C’est pourquoi les journaux méritent de survivre ainsi qu’une presse de qualité.

Le Lyon Bondy Blog n’a plus qu’à suivre ces précieux conseils !

La rédaction

Crée en 2008, la rédaction du Lyon Bondy Blog s'applique à proposer une information locale différente et complémentaire des médias traditionnels.

Voir tous les articles de La rédaction →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *