À l’occasion de la 10e édition du festival Saôn’Automn, Florence et Franck Rocher — respectivement directrice artistique et coordinatrice générale, et président de la structure — retracent ensemble l’histoire d’un évènement qu’ils font vivre avec passion depuis dix ans, prévue les 19 et 20 septembre 2025 à Quincieux. Entretien avec les deux protagonistes de ce festival.
Lyon Bondy Blog : Pouvez-vous vous présenter ?
Florence Rocher : Je suis Florence Rocher et je suis bénévole pour cet événement depuis 2019. Cette même année, la mairie avait annoncé qu’elle arrêterait le Festival si aucune association ne le reprenait. Alors, avec mon mari, nous nous sommes proposés pour créer une association et reprendre l’organisation du Festival à la suite de la mairie.
Franck Rocher : Je suis Franck Rocher, le mari de Florence. Effectivement, quand la mairie a mis fin au projet, on à décidé de le relancer à travers le comité des fêtes du village. En reprenant cette association, notre idée, c’était d’aller vers quelque chose de plus structuré, plus « pro », et de fédérer davantage de monde autour de l’événement.
On s’est appuyés sur la société de mon épouse qui est dans le domaine culturel. Elle apporte ces compétences précieuses, notamment sur les partenariats. Aujourd’hui, un festival ne peut pas exister sans financements donc c’est très important. Et comme notre volonté était de proposer une festival gratuit, on a besoin de soutien à la fois dans le public et dans le privé.
Florence Rocher : On a donc mis nos compétences au service du projet. Franck est président de l’association, et moi, je m’occupe plutôt de la direction artistique, puisque j’ai une structure dans le domaine culturel. Je gère aussi toute la coordination générale du festival.
Sinon, notre festival fonctionne par pôles. Il y a d’abord le pôle artistique et programmation, puis le pôle partenariat, dont je m’occupe personnellement. On a aussi un pôle organisationnel, qui gère la préparation en amont ainsi que le jour J. Un autre pôle est dédié à la communication, avec tout ce qui concerne les articles, les réseaux sociaux, l’affichage… Et enfin, le dernier pôle concerne l’aménagement du site, notamment les stands
Pendant le festival, on en accueille plusieurs : des stands alimentaires tenus par d’autres associations du village, mais aussi des stands non alimentaires liés à l’esprit du festival, comme des tatouages éphémères, des friperies ou des disquaires. On propose également des espaces autour de la sensibilisation à l’environnement ou pour des actions solidaires.
Et le dernier pôle, c’est l’aménagement du site, les stands. En effet, on a pas mal de stands pendant le Festival comme des stands alimentaires qui sont tenus par d’autres associations du village. Et puis des stands non alimentaires, plutôt du loisir qui a un rapport avec le Festival comme des tatouages éphémères, des friperies, des disquaires… On a aussi des stands pour la sensibilisation autour de l’environnement ou alors pour des actions solidaires.
Alors ce Festival fonctionne sur deux jours et c’est un Festival qui est associé à notre commune. C’est un Festival dans un village et non dans une grande ville. Le but est donc aussi de développer la culture dans un village. Nous, notre volonté avec cette association et puis cette continuité, on va dire, sur cet événement, c’est non seulement de créer un événement gratuit pour que la culture soit accessible à tout le monde, qu’elle se rapproche aussi des villages. Et puis, c’était aussi une manière de faire participer le village, d’animer à travers une association. On gère à peu près 60 personnes pour cet événement. Les associations du village vont nourrir 3000 personnes, ce que nous, on ne pourrait pas gérer donc, on leur demande leur soutien. Ils vont donc fournir les stands alimentaires. Puis ils ont des financements pour faire d’autres choses. Comme ça, on est tous un peu fédérés autour de cet événement et ça crée quelque chose d’assez convivial. L’idée, c’est aussi de dire que les associations du village sont mêlées à cet événement
L.B.B : Vous avez des partenaires ?
F&F. R : Alors, on a deux types de partenaires. On a des partenaires dits publics et des partenaires privés. Du côté du public, on a le soutien de notre municipalité, de la région. On a aussi eu du soutien à travers la DRAC l’année dernière. Peut-être pas cette année parce qu’il y a quand même des réductions de budget. Et puis par la Métropole aussi, qui nous amène des moyens techniques. En effet, le partenariat est financier, mais peut aussi être sous une autre forme. Soit la forme de communication, par exemple avec les réseaux de transport. On peut avoir aussi des équipements. On va nous équiper avec des toilettes sèches, des cubes à eau pour amener de l’eau fraîche à tous les festivaliers. On a donc des partenariats publics qui nous amènent de l’argent, mais aussi des équipements, voire de la communication. Et après, on a effectivement des partenaires privés. On essaye de travailler sur le local parce que ça reste un événement local. Donc, ça fédère beaucoup de partenaires sur des commerçants, des artisans qui sont sur un plan local. On a aussi des grosses sociétés, par exemple comme Suez, qui nous suivent cette année, comme Edillions, qui est une société qui fabrique des tuiles, qui est sur la commune. On a aussi des entreprises de taille moyenne qui travaillent en biotechnologie ou autre qui nous suivent déjà depuis plusieurs années, qui sont fidèles et croient à notre projet. Et ce projet ne pourrait pas exister si on n’avait ce financement là. Donc, on essaye aussi, à travers notre communication, à travers notre attitude, de fédérer ces partenaires en leur donnant des valeurs, nos valeurs, pour qu’ils se retrouvent. Avec Suez, par exemple, on a une démarche dans l’environnement. Adébiotech travaille beaucoup dans les technologies, etc. On essaye aussi, par la communication, de parler de cette entreprise. De mettre en avant les entreprises, les artisans qui nous soutiennent. On communique sur eux, leurs actions… Ainsi, on arrive à boucler chaque année notre budget pour une programmation sur deux jours. Donc, du vendredi soir et le samedi après-midi, samedi soir. Ce qui représente 11-12 artistes sur scène.
L.B.B : Les artistes, vous les sélectionnez comment ? Vous privilégiez les artistes locaux ?
F&F.M : Alors, il y a deux sélections différentes qu’on fait. D’abord la programmation officielle qui va nous permettre de chercher les artistes qui vont faire l’image du festival sur l’édition en cours. De plus, étant donné nos moyens financiers, on ne peut pas se permettre des très grosses têtes d’affiches alors on a préféré travailler sur la découverte. De styles différents, déjà, on a du rock, du rap, de la pop, de l’électro. Ça peut aussi être des styles tout à fait différents. On avait du beatbox avec MB14 une année. On a même eu de la harpe, du jazz. L’idée, c’est de faire découvrir aux gens qui ne sont pas forcément habitués au festival ou qui ne peuvent pas s’offrir une place de concert de découvrir tout un répertoire.
Tout ça concerne donc la programmation officielle. Ensuite, il y a une autre sélection, dont le but est de mettre en avant les artistes de la région. Pour ce faire, on lance un appel à candidature tous les ans. C’est notre scène ouverte, on va mettre en avant les artistes et compositeurs émergents de la région. C’est vraiment un critère de sélection. Cette année, on a reçu 60 candidatures et on est encore dans les sélections pour finir notre choix parce qu’on doit choisir 4 artistes seulement parmi les 60. C’est ceux qui vont faire les premières parties avant les artistes de la programmation officielle qu’on est allé chercher plus en amont parce qu’il faut qu’ils soient disponibles… L’idée aussi, c’est qu’on ait des artistes hommes-femmes et qu’on arrive à amener des styles, de la découverte dans un village. C’est amener, faire écouter des choses que peut-être on n’écoute pas dans les villages, l’année dernière on a eu du rap par exemple. La découverte pour nous est un axe majeur. On veut amener quelque chose de différent et donner aussi la chance avec cette scène ouverte à des jeunes qui, d’ailleurs, continuent leur carrière pour certains. Les mettre en avant sur la même scène que les artistes officiels. Pour une première partie, ça fait une vraie vitrine. Aujourd’hui on a une scène qui est très importante. On met des moyens techniques, un budget important à la scène. C’est une scène professionnelle, on n’est pas dans l’amateurisme. Ainsi, c’est assez attractif et ça permet aussi à ces jeunes qui arrivent sur notre événement d’avoir des équipements, du public et une belle scène pour pouvoir se produire.
L.B.B : Les artistes, vous les adaptez pour avoir une scène plus visible ?
F&F.M : C’est assez familial exactement. Le but est de rassembler. On en est fier puisque le festival garde une ambiance de village. Et cela jusqu’à la fin de la soirée du samedi, on a des familles, des enfants avec des festivaliers. On a réussi à réunir les deux et faire que ça fonctionne. Ce n’est pas anxiogène pour les parents et les festivaliers ne sont pas non plus contraints. Et c’est pour ça qu’on veut garder cette taille humaine.
L.B.B : En termes logistique ?
F&F.M : Les deux. En fait, on ne voudrait pas se passer des familles ou des festivaliers, ce qu’on aime, c’est réunir. De plus, en termes de logistique, en nombre de personnes, on a une jauge. Le parc de la mairie, c’est un petit espace mais est un petit joyau, c’est un jardin avec une petite mare… Il y a 2500 personnes seulement qui tiennent dans cet espace là, on ne peut donc pas non plus attirer des foules. Le but n’est pas d’être un grand festival mais d’être un festival qui perdure et qui arrive à satisfaire une population large, que ça reste vraiment un moment agréable.
On tient compte de la population de Quincieux, on veut fédérer un événement déjà dans notre village. Et après, on veut le faire rayonner sur d’autres villages, le Val-de-Saône par exemple et même auprès des Lyonnais. On a également des personnes qui sont venues de plus loin comme l’Ain, l’Ardèche, Mâcon, Vienne, Chambéry, Valence. Zaho de Sagazan est venu également avant d’avoir ses victoires de la musique. Puisque le festival est gratuit et qu’il y a quand même des artistes, quand on aime un peu la musique on peut se payer un voyage pour venir ici, au lieu de s’acheter une place de concert. Cette année, on reçoit NPL. C’est un groupe qui est notre tête d’affiche, on a essayé de l’avoir depuis plusieurs années. Ça peut attirer du monde puisque que normalement, NPL est toujours dans le cadre de festivals payants par exemple à l’Olympia, début d’année prochaine. Ils ont un gros public dans la région on espère donc qu’avec ce groupe du monde va venir parce qu’il y a aussi ce côté gratuit. Aujourd’hui, les festivals gratuits sont très rares voire inexistants mais c’est ce que nous défendons aujourd’hui. On a une démarche de présentation qui consiste à dire qu’on essaye par le bénévolat, puisqu’il n’y a pas d’employés dans notre structure, de faire venir la culture dans les villages. On enjoint les gens à venir voir et écouter gratuitement. Ce qui ne se fait plus aujourd’hui puisque tout est payant. Ce point est très important pour nous. On en discute tous les ans parce que c’est difficile d’aller chercher des partenaires, d’obtenir le budget dont on a besoin pour faire venir ces artistes, pour payer la technique. Mais on y tient beaucoup à cette gratuité, parce que c’est vraiment la valeur intrinsèque du festival.
L’autre point important est aussi de mettre en avant des artistes de les faire découvrir et de faire partager la musique la culture en général. L’année dernière, on a rajouté de la danse. En plus de la musique, il y a eu des danseurs. La rappeuse avait un danseur avec elle, et c’était incroyable. Cette année, on veut continuer avec la danse, et ajouter les arts graphiques. On avait déjà un street artist l’année dernière qui est venu, Twain. Et cette année, on a l’artiste qui a réalisé notre affiche. Ainsi notre affiche est réalisée par une illustratrice parisienne qui va venir sur le festival et pourra présenter ses créations et en réaliser certaines sur place.
Le but est donc de partager la culture, l’émotion de l’art au plus grand nombre.
L.B.B : Les artistes viennent à titre gratuit, comme il y a eu des grosses têtes d’affiches ?
F&F.M : Les artistes ne travaillent pas du tout à titre gratuit, on y tient vraiment. Justement, c’est important pour nous de mettre en avant les artistes. Ainsi, il y a eu un moment où on avait une scène ouverte pour faire appel à la candidature des artistes régionaux. Quand on a repris le festival, on a mis la scène ouverte à la première place la première année. Effectivement, là, ce n’était pas rémunéré, mais on essayait malgré tout de faire des choses pour les artistes, de la communication, des formations, de leur apporter du conseil. C’est plutôt pour les petits artistes qui ne sont pas forcément habitués à la scène. D’ailleurs, on avait des artistes qui sortaient du conservatoire, des jeunes artistes, très jeunes. On s’est ensuite dit que ce n’était pas satisfaisant de ne même pas rémunérer un minimum. Donc depuis l’année d’avant, on rémunère les artistes. Même si c’est pas grand chose c’est déjà un minimum, ils rentrent au moins dans leurs frais. Ils sont là, font une interprétation il y a donc un travail que nous considérons et donc que nous rémunérons. De plus, on veut qu’ils rencontrent leur public. Les deux plus gros postes budgétaires de ce festival, c’est la technique avec cette scène qui est très importante et les artistes. Alors, on a un festival sur 50 000 euros, un peu moins de 50 000 euros selon les éditions. Ce qui est complètement différent des Vengeances musicales, où ils sont à 700 000 euros pour trois soirs. Donc, on n’est pas du tout à la même échelle et on n’a pas la même programmation. Nous, on ne cherche pas à faire du business avec cet événement-là. On chercher à amener de la culture, de la musique et de passer un moment agréable dans ce village.
L.B.B : C’est pour ces raisons que vous avez choisi ce lieu-là en particulier pour le festival ?
F&F.M : En fait, on habite ici et c’est le lieu initial. Le festival avait été créé ici par la mairie. Techniquement, ce lieu est aussi confortable pour nous puisqu’on a toutes les ressources en termes d’électricité, d’eau, de bâtiments… Pour tout ce qui est technique, c’est quand même beaucoup mieux pour nous et nous n’avons pas voulu changer. C’est un petit cocon, on s’y sent bien. Tout le monde s’y sent bien. Et on trouve que c’est super parce que c’est en plein centre du village. De plus par rapport à l’organisation c’est pratique. On est 60 bénévoles pendant l’événement ce qui rend l’organisation lourde. Pendant deux jours, il faut équiper, il y a beaucoup de manutention. Et c’est vrai que l’expérience cumulée qu’on a avec ce site nous permet quand même que ce soit un peu plus facile. Par contre, c’est vrai qu’on s’est posé la question d’aller dans d’autres lieux avec le festival, de l’exporter un peu. Mais on s’était dit, tiens, pourquoi pas, dans le Val-de-Saône, être une année dans un village après un autre, etc. Comme ça, le festival sera plus largement sur le Val-de-Saône au lieu de rester sur le village mais ça ne s’est pas fait pour le moment. On n’est pas fermé non plus. Après, les communes aiment bien avoir leur événement parce qu’il y a des mandats. Chacun veut créer son événement. Mais, à mon avis ce n’est pas la bonne vision. Il faudrait plutôt s’associer et avoir un événement important mais qui perdure, qui a des moyens de vivre et des moyens à la fois financiers et techniques, que chacun puisse participer, proposer des choses vraiment plus variées. On peut faire de la musique, de la danse, d’autres choses et qu’il y en ai assez pour tout le monde. Et le tout, c’est de faire une bonne saison sur toute la région plutôt que de se dire qu’on se concurrence. C’est un peu dommage de ne proposer que de la musique à notre avis et mêmes pour les artistes, ça serait encore plus dommage. C’est aussi pour ça la découverte.
L.B.B : Au niveau des programmations, les thématiques, vous essayez de changer ou vous gardez un peu la même structure d’une année à une autre ?
F&F.M : Ça dépend, la danse, l’art graphique, l’illustratrice c’est nouveau depuis l’année dernière. L’idée c’est de changer, la découverte passe par le changement. Après on écoute beaucoup de choses, on va à différents événements dans la région qui nous permettent de découvrir aussi des choses. Ainsi, la programmation est aussi faite pour qu’on puisse développer des artistes qui commencent à monter pour faire découvrir des choses et c’est des coups de cœur. Le travail de la commission programmation c’est ça, on partage nos découvertes, nos envies, nos idées les uns les autres dans l’équipe, on est quatre. Puis on fait une très longue liste de tout. Ensuite on écoute, on échange, on débat, on regarde les budgets aussi qui peuvent nous limiter. D’un autre côté les artistes y jouent aussi. Alors pas tous, mais on arrive en expliquant notre concept à attirer des artistes qui pourraient être un peu plus chers mais qui font on va dire un geste pour venir aussi à Quincieux et pour être en accord avec notre budget. C’est le cas de MPL tout à l’heure, ils ont fait aussi un geste pour venir. Zahou de Sagazan avait fait un geste pour venir. Ca permet aussi à ces artistes d’être dans des environnements qui sont complètement différents de ce qu’ils ont l’habitude d’avoir. D’habitude,, MPL par exemple sont dans des festivals où il y a peut-être 6000 personnes. Le fait de venir ici à Quincieux les mets dans un monde différent. Et c’est peut-être aussi ce qu’ils recherchent à un moment parce qu’on a des retours toujours très sympas, on mange bien à Quincieux, les gens sont sympas. Et puis quand vous avez un festival payant, vous attendez un service parce que vous avez payé. On a donc des contraintes qu’on se crée. Nous c’est un peu différent parce que comme les entrées sont gratuites, on peut avoir un peu le droit à l’erreur et on se met donc peut-être moins de pression et les artistes doivent le sentir aussi. Tout n’est pas parfait dans notre alimentation, notre offre de services… On n’est pas professionnel mais semi-professionnel. Ce qui fait aussi que c’est un côté agréable parce qu’on fait les choses biens et on essaye d’ailleurs de les faire de mieux en mieux d’année en année. Mais on n’est aussi que des bénévoles. On a notre travail à côté. On fait avec les moyens du bord et ça fonctionne. De plus, les gens en sont conscients. C’est peut-être aussi ce qui fait que c’est sympa. C’est des rencontres avec les artistes, il y en a certains qu’on héberge chez l’habitant. C’est une rencontre humaine aussi. On a un petit espace VIP pour les partenaires ou les responsables locaux. On a la région qui vient, la députée. Mais c’est aussi un moment d’échange en toute simplicité. Il n’y a pas de protocole particulier. C’est détendu. Et d’une année sur l’autre, les gens reviennent à l’espace VIP. Il y a beaucoup de gens autour, c’est la majorité et c’est justement des gens des villages autour comme Neuville. Cette année, il va y avoir Lyon puisqu’on va communiquer beaucoup sur Lyon. Mais le déplacement est compliqué puisqu’il n’y a pas de train ou de bus tardifs. On a donc beaucoup de voitures parce que quand vous avez 3000 festivaliers qui arrivent sur Quincieux sur deux jours il y en a beaucoup, il faut donc des places de parking.
La commune nous aide beaucoup avec les services techniques, la communication. Je trouve que c’est effectivement et j’espère que ce projet sera rendu avec les nouvelles municipalités en 2026. Parce qu’il y a des élections qui approchent.
L.B.B : Comment se passe votre relation avec la mairie ?
F&F.M : On en a beaucoup. On a des aides financières et des aides matérielles, avec du matériel prêté par la mairie, des agents qui nous aident. Ils sont complètement dans le projet. Après, la dimension du projet a quand même beaucoup évolué. C’est vrai qu’au début, ce n’était pas un festival où il y avait beaucoup de monde. Maintenant c’est nous qui nous en occupons beaucoup. C’est pour ça qu’ils nous ont confié l’association. Avant, quand ça a commencé, il y avait peut-être 200 personnes et il y en a 3 200 l’année dernière, sur deux jours. On n’a pas de billetterie, le site n’est pas fermé. On demande à la technique et à la sécurité de nous dire combien de monde il y a. Mais ce chiffre c’est au pic, ce n’est pas toujours les mêmes qui restent. Il y avait plus de personnes, ceux qui sont venus avant, après. On a une autre manière pour estimer, on peut mesurer avec nos consommations puisque l’association tient la buvette. Ainsi, on peut mesurer par rapport à ce qui s’est vendu et le nombre de personnes qu’on a. C’est d’ailleurs la seule source de revenus de notre association. Et c’est ce qui amène la convivialité. Il y a des amis qui viennent, on fait des connaissances. Dans le festival, vous avez un rôle logistique, vous essayez d’assurer la sécurité. On est une société. Quand vous avez un événement aussi important, on doit faire une déclaration à la gendarmerie. On a des équipages qui passent la nuit pour vérifier sur l’environnement un peu excentré de l’événement, qu’il n’y ait pas de problème. On emploie une société de sécurité qui est là sur les deux soirs et qui surveille également la nuit notre équipement. C’est obligatoire. Ensuite, les bénévoles, on est plus sur la partie violences, harcèlement, sexuels, sexismes. On a mis un processus par rapport à ça dans le cas où on est confronté à ce type de problématiques.
L.B.B : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le nom du festival. Parce que Saôn’Automne ça regroupe un peu tout ce qu’il y a autour.
F&F.M : Alors Saôn’Automne, c’est un jeu de mots. La Saône, c’est important puisqu’elle est juste là donc, on voulait associer ce festival à la rivière. Et puis le Sonotone, c’est un équipement qui permettait les sons. Ainsi, on a essayé, avec l’orthographe de ce festival d’en faire un jeu de mots entre le Sonotone, c’est-à-dire l’appareil pour écouter, et la Saône. Saôn’Automne. Puisque l’automne, c’est toujours le troisième week-end de septembre. Un de nos slogans, c’est ça d’ailleurs, on prolonge l’été. C’est un peu le dernier festival de l’été en plein air. La rentrée est passée, ça met une ambiance, il y a une fête encore et on a l’impression de repartir en vacances. Et le Saôn’Automne, c’est effectivement le jeu de mots associé à l’écoute, l’automne et la Saône. Et puis, par rapport à la musique, on trouvait ça drôle. Mais ce n’est pas nous qui l’avons créé, le festival s’appelle ainsi depuis ses débuts, depuis 10 ans et ça n’a pas changé depuis. Et puis d’ailleurs, on a un peu de notoriété associée aussi à ce nom-là, on a pas mal développé l’image, la communication, on a créé un logo. On a également un site internet, on fait des appels aux dons parce qu’on a une cagnotte ouverte.
L.B.B : Le logo est fait par une entreprise privée ?
F&F.M : Le logo, c’est une artiste qui a travaillé pour faire nos premières affiches quand on a repris avec l’association. Donc, elle a fait 2020, 2021, 2022 et 2023, il me semble. Cette artiste, c’est Caramilla, une artiste lyonnaise, illustratrice et c’est elle qui a modernisé notre logo parce que le personnage existait déjà et c’était l’affiche de 2019 qui est à l’origine du personnage qui est musicien. D’ailleurs, l’instrument est plutôt mis vers l’oreille, comme le sonotone. Donc, on l’a modernisé avec cette artiste-là et depuis, on l’a gardé. Il marche bien parce que maintenant, il est reconnaissable. C’est notre étiquette. Depuis, on a changé la couleur, la façon d’écrire le nom du festival. Mais on reste toujours sur nos thèmes. D’ailleurs, les thèmes des affiches on les impose, on a un cahier des charges qui nous impose des thèmes, toujours sur l’eau, généralement, puisque la Saône est à côté. On veut avoir des affiches ou une identité visuelle qui accroche et que ce soit un artiste qui ait fait ça. C’est important parce qu’il y a bon nombre de festivals qui utilisent l’intelligence artificielle pour faire leurs affiches. Ça ne leur coûte rien alors que nous, on paye parce qu’on veut faire travailler les artistes et mettre en avant leur création.
L.B.B : Maintenant, si on peut passer un peu à ce qui est côté avenir, est-ce que vous envisagez peut-être de faire venir de nouveaux artistes ?
F&F.M : Toujours. Tous les ans. On ne fait pas revenir les artistes. C’est très, très rare. Il y en a beaucoup qui veulent revenir. Mais pour le coup, ce n’est pas ça. On passe une seule fois à Saôn’Automne. Par contre, aujourd’hui, on a besoin de jeunes aussi qui intègrent notre équipe parce qu’on a fait pas mal d’années. On a monté cette structure. Pas tout seul avec d’autres, bien entendu. Mais on a été un peu moteur dans cette structure-là. Ce qui serait bien, c’est qu’il y ait des jeunes qui viennent et qui nous amènent de nouvelles directions, de nouvelles idées, etc. A mon avis, l’avenir de Saôn’Automne c’est d’intégrer des jeunes pour continuer ce projet, avec une vision qui peut-être serait différente de la nôtre mais qui ferait avancer dans une autre direction, dans un autre chemin, Saôn’Automne. Tout en gardant quand même des valeurs de gratuité, de découverte, très axées sur le culturel. A court terme, on cherche des bénévoles, on vient de lancer notre appel à bénévoles. Il y a un formulaire qui est en ligne sur notre site et sur nos réseaux et on cherche vraiment des gens qui ont envie de s’impliquer, de se mobiliser sur l’événement fin septembre, de nous donner un coup de main et de vivre l’aventure, l’expérience, découvrir les coulisses… Par rapport à l’avenir, on n’est pas une entreprise donc, chaque année, on se repose les mêmes questions et on se dit comment on fait. Mais c’est vrai qu’il faut aussi du monde qui vienne aider des bénévoles parce que toute l’année, c’est un travail de longue haleine qui dure une année entière. Ça nous prend beaucoup, beaucoup de temps, il faut beaucoup s’impliquer sur l’année pour chercher les artistes, l’argent. Il faut donc de la motivation, de la mobilisation et du renouveau. D’une année sur l’autre, ce ne sont pas les mêmes personnes forcément qui sont présentes pour nous aider. Et c’est vrai qu’on a besoin de plus en plus de monde pour réussir à ce que ça soit à peu près confortable pour chacun.
L.B.B : Et pour finir, aurez vous un dernier mot pour conclure ?
F&F.M : Venez nous voir. Cette année, c’est une année exceptionnelle puisque c’est les dix ans. Donc cette année, ça va être une fête encore plus grande puisque non seulement il y a une nouvelle édition, mais en plus, c’est la dixième. On a donc mis l’accent sur une programmation qui bouge beaucoup plus où tout le monde va être là pour danser… Ça va être très festif. C’est une programmation exceptionnelle qui bouge davantage. Venez aussi parce qu’il y a une équipe qui est motivée, parce que c’est un événement qui, maintenant, est important et à découvrir.
L.B.B : Merci beaucoup pour ce temps !
F&F.M : Merci à vous !
Interview réalisé par Aïchat MIKIDADI et retranscrit par Ines BELGHIT