Suite de notre dossier sur les 100 premiers jours de mandat de Grégory Doucet. Interviewé le 22 octobre, le militant Les Républicains Théo Munafo nous a confié ses doutes sur une nouvelle équipe municipale dont il juge les actions “cosmétiques”.
Cet entretien a été réalisé le mercredi 22 octobre 2020. Il est important de le remettre dans son contexte, notamment au regard des annonces municipales (annulation de la Fête des Lumières) ou gouvernementales (reconfinement).
Quel regard portez-vous sur le début de mandat de Grégory Doucet ?
Un regard circonspect… Ce qui a été mené jusqu’à maintenant, c’est surtout de l’écologie marketing. Beaucoup d’annonces et de polémiques autour de sujets qui ne sont pas forcément des sujets écologiques, je pense notamment à la polémique sur le Tour de France venue polluer ce début de mandat. Ce sont des polémiques décevantes ! Il y a des vrais problématiques à prendre à bras le corps, que ce soit au niveau écologique ou sécuritaire. Pour l’instant rien n’est fait, on reste sur des annonces. Doucet nous a dit qu’il n’y avait pas d’écologie sans maire écologiste, je trouve ça un peu aberrant… Qu’est-ce que la municipalité a fait pour l’écologie ? À part mettre des pistes cyclables sans concertation avec les acteurs locaux, comme les commerçants ou les municipalités d’arrondissements concernés.
Quel est selon vous le dossier principal que la Mairie doit traiter en priorité et faites-vous confiance à Gregory Doucet et son équipe pour y faire face ?
Au vu des dernières actualités, je parle ici de la rixe qui a eu lieu il y a peu à la Guillotière, c’est la sécurité en priorité. Ca fait des années qu’à ce niveau là, ça se dégrade. On attend toujours les propositions et les mesures de la municipalité centrale ! Je sais qu’à l’intérieur de l’alliance qui a permis de gagner la municipalité, il y a la France Insoumise. Je sais qu’ils ne sont pas favorables à la vidéo-verbalisation. Donc que va faire la municipalité à ce niveau là ? En 2020 on doit encore faire appel à des témoignages alors qu’on pourrait avoir des vidéos qui ne laissent que peu de place au doute. Je pense qu’en terme de coûts pour la municipalité, la vidéo peut être intéressante.
Le maire et le président de la métropole ont demandé jeudi 1er octobre au Premier ministre l’assouplissement des mesures sanitaires dans la métropole lyonnaise. Grégory Doucet avait montré qu’il était contre la fermeture des bars, qu’aviez-vous pensé de sa position sur le sujet ? Selon vous, quelles répercussions aura le couvre-feu sur les Lyonnais ?
Sur le sujet sanitaire, ce sont des positions assez compliqués. Un jour on nous dit blanc, un jour on nous dit noir, le lendemain c’est gris. Les autorités sanitaires ont un peu, voire pas mal balbutié au niveau national, c’est une situation compliquée à gérer. Les décisions sont difficiles et le maire se doit de prendre position. À la place de Grégory Doucet, je serais resté plus prudent que ça. Prendre une position catégorique comme celle-ci me semble un peu précipité. Je pense qu’il est préférable de se plier aux directives nationales et de regarder après coup si celles-ci ont été efficaces ou non. On voit bien qu’il y a un relâchement dans des situations festives ou passé une certaine heure, il est plus difficile de respecter les gestes barrières.
En septembre, Grégory Doucet a signé une tribune pour un moratoire sur la 5G, afin qu’il y ait avant son déploiement, un débat démocratique à son propos. Etes-vous d’accord avec cette tribune ?
Non, pas du tout ! Je suis d’accord sur le principe, pourquoi pas en débattre ? Nous sommes toujours ouverts au débat. Par contre, il semble nécessaire que la 5G soit déployée pour les avancées technologiques. On ne peut pas se permettre de régresser et de ne pas profiter des avancées qui nous sont offertes grâce à la 5G. Je pense notamment à la médecine à distance qui va pouvoir être développée. En tout cas, il mettrait Lyon en retard technologique face aux autres grandes métropoles de France ou d’Europe. Celles-ci ne se poseront pas la question de savoir s’il faut mettre en place ou non la 5G. Il n’y a pas de débat là-dessus.
Dernièrement, Grégory Doucet prévoyait de maintenir la fête des lumières à une jauge de 5000 personnes. Pensez-vous qu’il est encore possible de la maintenir, et dans quelles conditions ?
Effectivement, la fête des lumières reste le moment phare de l’année lyonnaise. C’est une tradition qui doit perdurer d’années en années quelque soit les conditions sanitaires, néanmoins, dans son côté symbolique avec des lumières aux fenêtres. De là à la maintenir son côté festif tel qu’on l’a connu ces dernières années avec plusieurs milliers de personnes, ça me semble au vu de la situation actuelle compliqué voire contradictoire vu que ça se déroule la nuit. Cela semble illogique à l’heure actuelle de pouvoir faire cette fête.
Voyez-vous une différence dans vos capacités à discuter avec la majorité lyonnaise depuis que les équipes de Grégory Doucet sont au pouvoir ?
Clairement. Il n’y a pas de discussions, ou du moins très peu. Tout semble rester feuille morte, en tout cas les sollicitations et les concertations. Notamment avec la dernière polémique sur la piste cyclable dans le 6ème arrondissement, aucune association de commerçants n’a été prévenue. La concertation n’est pas à l’ordre du jour du côté des équipes de Grégory Doucet.
Grégory Doucet souhaite recruter 20 policiers municipaux supplémentaires, parallèlement il projette d’implanter dans tous les quartiers une antenne de police municipale. Faites-vous confiance aux élus écologistes pour traiter les questions de sécurité et pourquoi ?
C’est un premier pas qui va dans le bon sens, on ne peut pas le nier. Plus d’effectifs pour la sécurité c’est ce que nous proposions donc je ne peux que saluer ces premières décisions. Néanmoins, elles ne vont pas assez loin ! Je pense que quelque soit le bord politique le problème de la sécurité à Lyon se pose de plus en plus, quand on voit les dernières actualités. Il faut augmenter les effectifs dans tous les arrondissements et parallèlement développer la vidéo-verbalisation.
La Mairie souhaite renforcer son action pour l’égalité à travers la mise en place d’un “budget sensible au genre” sur l’éducation et le sport, la valorisation du travail des femmes à travers la commande publique ou encore l’ouverture d’un débat sur l’écriture inclusive. Pensez-vous que ces initiatives sont efficaces ou qu’il s’agit d’une campagne de communication ? Êtes-vous favorables à ce genre de pratiques de discrimination positive ?
Globalement, tout ce qui est dicrimination positive peut engendrer des retours bénéfiques. A titre personnel, je doute de l’efficacité de ce type de discrimination. Pour deux choses, cela peut entraîner des discriminations supplémentaires et dans l’interprétation, je ne souhaite pas que les personnes soient à telle ou telle place parce qu’elles font partie d’un quota. Je préfère qu’on travaille au mérite, si ça doit être que des femmes ce sera que des femmes. L’important c’est le mérite et renouveler les effectifs. Je ne suis pas en faveur d’une quelconque discrimination.
La métropole de Lyon a fait plusieurs propositions d’aide aux quartiers populaires tels que la création de Maison de l’alimentation dans les 37 quartiers prioritaires de la ville ou encore l’augmentation significative du nombre de logements sociaux. Que pensez-vous du fait que la Métropole semble prendre les décisions les plus importantes en la matière ?
On n’est pas là pour polémiquer. Si ça va dans le bon sens et que c’est fait de manière raisonnée avec les acteurs locaux, il faut le faire et tendre la main aux quartiers populaires. C’est une très bonne initiative en tout cas.
Pour redynamiser la démocratie participative à Lyon, la Mairie travaille sur la création de conseils des aînés, de conseils d’arrondissement des enfants ou encore d’un baromètre du bien-être des lyonnais. On peut aussi noter la création d’un budget géré par les citoyens représentant au total 5% du budget d’investissements. Que pensez-vous de ces initiatives ? Pensez-vous qu’elles permettent réellement une meilleure participation politique des citoyens, alors que l’abstention est en hausse ces dernières années ?
Au niveau de l’abstention aux dernières élections, la crise du Covid-19 a biaisé ces chiffres, on sait que les élections municipales attirent la population. C’était aussi le ressenti qu’on avait sur le terrain au moment de la campagne, les Lyonnais ont peu ou pas l’impression d’être entendus par leurs élus. Ces conseils de quartiers vont dans le bon sens. Encore une fois, je ne jette pas la pierre sur tout ce qui est participatif, d’autant qu’Etienne Blanc avait aussi proposé de renforcer la démocratie participative. Maintenant on va voir comment ces conseils de quartiers vont s’articuler. Est-ce que toutes les personnes de ces quartiers vont se sentir représentées par ces conseils ? On va regarder ça dans les prochains mois. On pourrait aussi peut-être aller plus loin, faire par exemple un espace mairie-ouverte comme Jérémie Bréaud à Bron où il a un temps et que son bureau est accessible. Les citoyens peuvent vraiment aller le voir pour débattre avec l’élu.
Concrètement, quels changements espérez-vous encore dans la gestion municipale de Gregory Doucet ?
Que l’on passe vraiment dans l’action ! Qu’on ne reste pas en surface, qu’on aille au bout des choses ! Que la municipalité centrale soit réellement à l’écoute des municipalités d’arrondissements qui sont là aussi pour travailler pour le bien-être de toutes les Lyonnaises et les Lyonnais. Ne pas rester sur une fracture partisane et consulter les acteurs locaux dans chaque arrondissement. J’attends de l’action, moins de cosmétique et surtout une politique qui soit concertée avec les acteurs locaux.