Aux municipales, Camille-Lou Artieda-Peindarie était en 24ème position sur la liste centriste menée par Charles-Franck Levy dans le 8ème arrondissement de Lyon (28% des suffrages au deuxième tour). Aujourd’hui, elle est collaboratrice auprès d’Anissa Khedher, députée de la 7ème circonscription du Rhône. Dans le cadre de notre dossier, elle revenait le 20 octobre sur les 100 premiers jours du nouveau Maire de Lyon en insistant sur sa priorité : la jeunesse.
Cet entretien a été réalisé le mardi 20 octobre 2020. Il est important de le remettre dans son contexte, notamment au regard des annonces municipales (annulation de la Fête des Lumières) ou gouvernementales (deuxième confinement).
Quel regard portez-vous sur le début de mandat de Grégory Doucet ?
Pour l’instant, je ne vois pas les choses qui sont faites. On est assez mal informé sur les mesures qui sont prises. Au-delà de ça, les mesures relayées paraissent assez négatives, je pense notamment au débat sur la 5G. La piétonnisation du centre-ville ne semble pas être une très grande réussite, en tout cas, ça n’a pas plu au commerçants du centre-ville lyonnais. Je n’ai pas eu de retour, on ne se sent pas informé. Donc globalement, c’est plutôt négatif. On ne veut pas forcément être tout le temps dans l’opposition, s’il y a des choses viables ou qui semble intéressantes pour les lyonnais. S’il y a des choses sur lesquelles on peut discuter, on en discute !
Quel est selon vous le dossier principal que la Mairie doit traiter en priorité et faites-vous confiance à Gregory Doucet et son équipe pour y faire face ?
En tant que référente des Jeunes avec Macron dans le Rhône, forcément c’est le dossier jeunesse qui m’intéresse particulièrement. Au niveau du programme des verts que ce soit à la Métropole ou à la Mairie, il y avait pas mal de choses en direction de la jeunesse. Comme l’idée d’abaisser les coûts des transports en commun : pourquoi pas ! Maintenant, j’avoue ne pas être certaine de la viabilité de la mesure. Il me semble que si l’on baisse les tarifs, ça veut dire une augmentation des impôts. En tant que jeune, pour l’instant, on ne voit pas ce qui est fait. Ici, je fais référence à la question du logement. Ce sont des thématiques importantes pour les jeunes et pour l’instant, je ne suis pas sûr que la Mairie aille dans le sens des attentes de la jeunesse.
Le Maire et le président de la Métropole ont demandé jeudi 1er octobre au Premier Ministre l’assouplissement des mesures sanitaires dans la Métropole lyonnaise. Gregory Doucet s’était prononcé contre la fermeture des bars, qu’avez-vous pensé de sa position sur le sujet et quel impact pensez-vous que le couvre-feu aura sur les Lyonnais ?
Non pas que je n’ai pas d’avis, mais disons que je comprends les inquiétudes des restaurateurs et des gérants de bars qui peuvent se sentir stigmatisés par les différentes mesures. Après, il faut tous être responsables pendant cette crise. Est-ce qu’on a réellement le choix ? Lorsqu’on regarde le nombre d’entrées en service de réanimation ou le nombre de cas qui ne cesse d’augmenter… Je ne suis pas certaine qu’on ait le choix ! C’est une question de bon sens.
En septembre, Gregory Doucet a signé une tribune pour un moratoire sur la 5G, afin qu’il y ait un débat démocratique avant son développement. Êtes-vous d’accord avec cette tribune ?
Non pas particulièrement. La Métropole lyonnaise est reconnu pour être un pôle technologique d’innovation. La 5G fait partie de ces innovations attendues par les entreprises. Faire un moratoire sur cette question ce n’est pas forcément aider ces entreprises et plus largement, aider le rayonnement de la Métropole lyonnaise. Au-delà de la question de la 5G, est qu’on avait besoin de parler de ça tout de suite ? Il y a des préoccupations plus importantes, comme discuter des conditions sanitaires. La priorité est mise sur des sujets qui ne sont pas forcément justifiés.
Dernièrement, Gregory Doucet pensait maintenir la fête des Lumières à une jauge de 5000 personnes. Pensez-vous qu’il est encore possible de la maintenir, et dans quelles conditions ?
La jauge de 5000 personnes, j’ai du mal à comprendre comment ça peut se matérialiser. Comment faire en sorte que seulement 5000 personnes y participent ? La visibilité qu’on a est petite. J’aurais tendance à être plus prudente au vu des annonces d’Emmanuel Macron disant qu’on en avait au moins jusqu’en 2021. Cela me parait compliqué de maintenir la fête des lumières.
Voyez-vous une différence dans vos capacités à discuter avec la majorité lyonnaise depuis que les équipes de Grégory Doucet sont au pouvoir ?
Pour être honnête, je n’ai pas de retour là-dessus. Je ne peux pas vous répondre mais j’imagine que oui. Les élus sont plutôt dans une position d’observation, éventuellement prendre part aux discussions qui leur semblent intéressantes. J’imagine qu’ils doivent travailler sur certains projets en accord avec la majorité.
Grégory Doucet souhaite recruter 20 policiers municipaux supplémentaires, parallèlement il projette d’implanter dans tous les quartiers une antenne de police municipale. Faites-vous confiance aux élus écologistes pour traiter les questions de sécurité et pourquoi ?
Je me base sur ce que j’ai lu. J’ai été assez étonnée par les idées de brigade à vélo, mêlant écologie, sécurité et proximité avec les Lyonnais. Actuellement, il y a quand même une montée de l’insécurité. Les dernières actualités le montrent. Je ne suis pas certaine qu’ils aient les capacités de gérer cette montée de l’insécurité. J’ai l’impression qu’ils n’arrivent pas à prendre ce sujet comme un sujet à part entière. Ils veulent toujours le lier avec l’écologie… Alors que c’est un domaine à part entière mis en exergue par les différents candidats. Il faut prendre le sujet à bras le corps et le traiter indépendamment des autres thématiques.
La Mairie souhaite renforcer son action pour l’égalité à travers la mise en place d’un “budget sensible au genre” sur l’éducation et le sport, la valorisation du travail des femmes à travers la commande publique ou encore l’ouverture d’un débat sur l’écriture inclusive. Pensez-vous que ces initiatives sont efficaces ou qu’il s’agit d’une campagne de communication ?
En tant que femme, ce sont des questions qui me touchent. La question du budget genré, j’en ai aussi entendu parler mais je n’arrive pas à saisir les tenants et les aboutissants de la mesure. La question de l’écriture inclusive, j’avoue ne pas y être favorable, après ça reste un avis personnel mais je trouve que c’est rajouter de la difficulté. Encore une fois, pourquoi pas, mais est-ce qu’on besoin de discuter de ça tout de suite, est-ce que ce sont des sujets urgents ?
La métropole de Lyon a fait plusieurs propositions d’aide aux quartiers populaires tels que la création de Maison de l’alimentation dans les 37 quartiers prioritaires de la ville ou encore l’augmentation significative du nombre de logements sociaux. Que pensez-vous du fait que la Métropole semble prendre les décisions les plus importantes en la matière ?
C’est la Métropole qui a le plus de moyens, donc c’est elle qui peut faire le plus de choses en terme de création de logements… Si ça permet d’aider des personnes dans le besoin, aussi d’aider la jeunesse qui a beaucoup d’attentes sur ce sujet, pourquoi pas ! Cela fait partie des propositions de leur programme et ce sont des choses communément admises, y compris par rapport à l’encadrement du loyer. Après, comment est-ce que cela va se matérialiser ? C’est compliqué d’encadrer les loyers, cela ne se fait pas du jour au lendemain et surtout cela doit se faire en concertation. Il faut mettre tous les acteurs autour d’une table.
Pour redynamiser la démocratie participative à Lyon, la Mairie travaille sur la création de conseils des aînés, de conseils d’arrondissement des enfants ou encore d’un baromètre du bien-être des lyonnais. On peut aussi noter la création d’un budget géré par les citoyens représentant au total 5% du budget d’investissements. Que pensez-vous de ces initiatives ?
Je n’avais pas connaissance de ces mesures, mais pourquoi pas ! On a vu lors des dernières élections qu’il y avait plus de 60% d’abstention. Il y avait aussi la crise Covid, mais globalement plus on avance, moins les gens s’intéressent à la politique. Donc pourquoi pas, si c’est faire en sorte que les citoyens s’investissent dans la vie politique locale et qu’ils ont un budget je ne vois pas le souci. Surtout si ça peut redonner confiance dans la politique. Mon objectif, c’est que les gens s’y intéressent.
Concrètement, quels changements espérez-vous encore dans la gestion municipale de Gregory Doucet ?
Plus de choses pour la jeunesse ! Quand on voit les mesures, c’est bien mais on a du mal à voir les mesures pour la jeunesse. La Mairie gère plus ce qui est école, la Métropole est plus sur les étudiants. Il y a tout un enchevêtrement de compétences qui font que c’est plutôt le travail de la Métropole. Je vois autour de moi que les jeunes, malgré leur engagement sur les questions climat ou autres, ne vont pas aller voter pour autant. Sur Lyon, l’abstention chez les jeunes était énorme. On attend des mesures sur la question du logement, ils sont nombreux à ne pas pouvoir se loger. La baisse des tarifs TCL c’est une très bonne chose, il faut maintenant voir comment ça se finance. Le gouvernement a fait beaucoup de choses pour la jeunesse, est-ce que la Mairie et la Métropole suivent à ce niveau-là ? Je ne crois pas … Les actions du gouvernement n’ont pas été relayées. Le CROUS à un euro, les 4000 euros d’aide à l’embauche pour les jeunes… Ce sont pourtant des idées qui pourraient être reprises au niveau local. Ce n’est pas faute de tendre la perche. Actuellement, on attend toujours la première mesure jeunesse.