Au cours de la soirée « J’irais rapper chez vous », Sanchez et Lopez ont eu l’occasion d’interviewer le rappeur 3010.
Présente toi pour ceux qui ne te connaissent pas
3010. Rappeur-Beatmaker originaire de Trappes dans les Yvelines. Qui évolue actuellement dans le 93. 22 ans. Actif, très actif.
3010 a toujours été ton blaz d’artiste ou il a évolué avec le temps ?
Ça a changé. J’ai commencé le rap en m’appelant Manny (référence à Scarface). Après, pourquoi 3010 ? C’est très particulier, long et personnel. En fait moi j’suis comme le Joker (référence cette fois-ci à Batman). Tu l’as vu The Dark Night ? Tu vois le Joker dans le film, il arrête pas de raconter une histoire différente sur ses cicatrices mais personne sait la vérité en fait. Parce qu’au final, l’histoire doit être tellement relou que vraiment, l’expliquer ça doit être long et pénible.
Donc, on connaîtra jamais la vraie histoire ?
Si… Il y a une histoire sympa. J’ai une marque qui s’appelle RVLUTN comme Révolution dans la mode d’écrire un mot en enlevant les voyelles. Moi j’trouve ce truc et j’trouve que c’est un bon condensé. Donc je trouve ce nom, j’me dis c’est cool et tout. Et, un jour, y’a un pote à moi qui me dit « tu sais c’est quoi les lettres qui manquent pour écrire Révolution en entier ? ». Là il me montre son téléphone parce qu’il était en train d’écrire un message et là c’était marqué EOIO (graphiquement 3010 en lettres). Et là, j’étais choqué. Après ça a un lien avec le sens que j’ai du blaz, mais c’est très subjectif.
Comment t’as débuté dans le rap et qui t’a aidé à être le rappeur que t’es aujourd’hui ?
J’ai commencé le rap avec mon cousin en 2003, donc il y a 10 ans. Il est venu chez moi un jour et il me dit « ouais, moi et mes potes on va faire un groupe de rap dans le 92 ». C’est comme ça que j’ai commencé le rap et j’ai évolué grâce à mes deux grands frères.
T’avais des influences à l’époque ?
Ouais, j’ai toujours été fasciné par le rythme. C’est-à-dire que quand les Timbaland, Busta Rhymes, Missy Elliot… toute cette vague est arrivée, tout ce qui groovait à mort ça m’a toujours attrapé. Je sais que « Gimme Some More » (sorti en 1998) de Busta Rhymes pour moi c’est une référence, le clip m’a époustouflé quand j’étais jeune. En France… tu vois le clash entre Lord Kossity et Jacky (des Nèg’Marrons), ça faisait partie des concepts qui m’impressionnaient à l’époque.
Ça a été un déclic pour toi ?
Non c’est pas forcément ça qui a été un déclic pour moi. Mais c’était les trucs de l’époque qui étaient lourds en tout cas ; et qui m’ont clairement influencés comme Triptik, Fabe, Oxmo Puccino…
Justement, t’as posé avec Oxmo sur Premium III. Grosse expérience ?
C’était un pas, un grand pas. Parce que tu poses avec une de tes légendes. Vraiment, poser avec « Sensei » (Ndlr Maître en japonais) c’est un honneur. Même au-delà de la musique, il a une relation de conseil avec moi. Les fois où j’ai pu le consulter il a été vraiment enrichissant. Il m’a apporté une aide vraiment bénéfique.
Et, pourquoi le nom de Premium ?
Déjà parce qu’il y avait les 2 premiers et Premium c’est pour l’arrivée en fait. J’ai trouvé ce nom là avec DJ Battle pour un synonyme de « commencement ».
Qu’est-ce que tu penses de l’impact d’internet sur ta carrière ?
J’avoue que 2008 c’est une bonne année, Facebook est arrivé, après il y a eu Twitter… Nous on était déjà là en train de faire du son dans nos grottes. Rien que l’invention de ces réseaux-là m’a permis de rencontrer DJ Battle. Il m’a contacté par un pote à moi en lui disant : « Je veux le contact de ce mec-là ». Là, y’a mon pote qui m’appelle et qui me dit : « Y’a DJ Battle qui veut ton mail ». Donc voilà, c’est une évolution et pour moi c’est un atout. Aujourd’hui y’a beaucoup de gens qui se servent de ça.
C’est la soirée « J’irais rapper chez vous ». Comment t’en es arrivé à participer à cet évènement ?
Déjà, Mim & Entek sont des potes de potes que j’ai déjà croisés plusieurs fois sur Paname. Après « J’irais rapper chez vous », j’ai fait l’international il y a deux jours à Paris et puis c’est la deuxième date. Donc on est là.
C’est la première fois que tu viens à Lyon ?
Non, j’suis venu à Lyon en 2009. C’était mon premier concert hors de Paris et j’avais 18 ans. C’était à la Fée Verte, y’avait masse de monde. Y’avait mes potes qui étaient descendus, on avait pris des voitures. Et là on revient ici pour la première fois.
Tu connais des rappeurs lyonnais ?
On m’en a déjà parlé mais en vrai non. J’vais pas te mentir, j’ai pas une grande culture des rappeurs lyonnais. Quoi qu’en fait si j’connais les Gourmets qui viennent de Lyon.
On dit souvent qu’avec Pink Tee et Joke, vous êtes la relève du rap…
J’dirais plus la relève rap dans la branche hype parce qu’on est inspirés par le monde entier. Pour moi c’est ça. Les gens hype, c’est toute cette communauté et ces jeunesses vraiment attirées par l’extérieur en fait.
Ça ne te pèse pas ? Ou alors ça t’honore peut être ?
Non ça m’honore pas parce que c’est pas une fin en soi. Tu peux être une relève, être tout et le lendemain plus rien. Comme tu peux être rien et le lendemain être tout. Ou être rien, être tout et redevenir plus rien. En vrai, c’est un jour après l’autre. J’pense que si j’suis la relève du rap, c’est dans dix ans qu’on l’aura vu et que j’sentirais le poids de cette expression sur mes épaules.
En mai tu vas sortir un nouvel EP nommé « Program ». Tu le considère dans la lignée des autres mixtapes ou alors t’as essayé de nouvelles choses ?
Les gens auront le 3010 qu’ils connaissent jusqu’à maintenant. Ceux qui ne me connaissent pas découvriront 3010. C’est pour ça que je l’ai appelé « Program ». Je voulais pas faire un truc tant décalé et l’objectif c’est d’être le plus fidèle à moi-même, même au niveaux des prods.
T’es encore jeune, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?
La longévité on l’espère et beaucoup de blé (rires).
Consultez l’ITW sur Andy Kayes, créateur de la web-série « J’irais rapper chez vous »