Quand les écoles villeurbannaises désespèrent

Dans un article précèdent, le Lyon Bondy Blog vous parlait d’un rassemblement de professeurs et de parents d’élèves à Vénissieux. Ils luttaient contre les nouvelles réformes de l’éducation et les problèmes qu’ils doivent subir tous les jours. Un autre rassemblement sur le même thème s’est tenu le lendemain, à Villeurbanne.

Il est 18h, et devant le lycée Pierre-Brossolette, professeurs, parents et enfants se mêlent. Alors que les lycéens quittent les cours, des banderoles et des tables sont installées, ainsi que des pochoirs peints au sol. Les enseignants et les parents se réunissent ce soir pour protester et dénoncer les mesures prises et voulues par l’Education nationale. Un rassemblement publique qui avait pour but de se faire entendre. Certaines sections syndicales comme le syndicat national des enseignants du second degré, de Force Ouvrière ou encore Sud.

Adèle Kopff, ancienne candidate Lutte Ouvrière aux législatives, est professeure au lycée Brossolette depuis une dizaine d’années. Quand elle est arrivée, les classes allaient jusqu’à 30,31 élèves. Aujourd’hui, elle se retrouve avec des classes de 35. Une mesure amenée par le Ministre de l’Education, et qu’elle trouve révoltante. Elle explique ne plus pouvoir faire cours correctement à ses élèves, car elle ne peut tous les suivre : ils sont trop nombreux. De plus, les professeurs ont de moins en moins de moyens : après calcul, c’est 1800 heures de cours qui sont supprimées par les nouvelles mesures. Il devient alors très difficile d’enseigner. Mais c’est toujours la même histoire : malgré plusieurs visites au rectorat, rien ne change, ces derniers n’apportent aucune aide. L’enseignante dénonce l’utilisation de l’argent publique par le gouvernement « Cela ne touche pas que l’éducation, mais aussi la santé, les transports… ».

Une fuite de l’éducation

Mme Couturier, du syndicat FO, fait remarquer que toutes ces mesures n’apportent rien de bon aux établissements scolaires publiques. « Tout cela remet en cause l’école publique. ». Résultats, de plus en plus d’élèves quittent le publique pour rejoindre un établissement privé, ou pour se rapprocher d’un autre lycée plus proche du centre-ville. « Ce lycée est en train de perdre de bons élèves, et mais la mixité sociale disparaît aussi. ». Les élèves sont ainsi tous de classes moyennes ou moindre. Et au-delà de ça, des tensions se créent entre les élèves ; des élèves donc en surnombre, donc bien plus difficile à gérer. Ceux qui ont des difficultés scolaires ou personnelles se retrouvent sans beaucoup d’aide, une situation empirée par les classes de 35.
« Cela laisse une profonde inégalité entre les élèves », réagit Adèle Kopff. Après le lycée, ils se retrouvent dans des situations difficiles, notamment avec l’entrée dans le supérieur. Elle fustige les moyens de sélections des étudiants, que ce soit au tirage au sort ou selon les notes. Et rien en change, car « cela se heurte aux logiques des économies. », ajoute-t-elle. « Le gouvernement ne veut pas mettre d’argent dans l’éducation. ».

Les enfants, premières victimes

Les enseignants sont loin d’être les seuls impactés par ces mesures. Les lycéens aussi sont concernés. Véronique Morin est une maman d’élève, mais aussi membre de la fédération de parents d’élèves. Elle dénonce la non-écoute des différentes instances, parents d’élèves ou professeurs « En ce moment, le ministère tout seul, et à la base, rien. ». Une situation qui la concerne directement, puisque son fils est actuellement en seconde. « Nous avons de la chance, car mon fils sait déjà ce qu’il veut faire plus tard. Mais beaucoup d’autres enfants ne savent absolument pas, et on les force à se dépêcher de faire un choix. ». Le lycée est pour elle un véritable problème : appauvrissement des matières, les inégalités qui se renforcent… « La nouvelle réforme prend appliquée en septembre, donc les nouveaux secondes n’auront pas de problèmes. Mais ceux qui arrivent en première, ils font comment ? ». Les élèves doivent choisir de ne suivre que deux spécialités sur les trois de leur filière. Cela va créer une multitude de petits groupes, que les profs ne pourront pas gérer. Les filières professionnelles sont aussi impactées, avec la disparition de matières générales : comment feront les élèves s’ils veulent se reconvertir dans un nouveau domaine ?

Les nouvelles mesures proposées par M. Blanquier font polémique, professeurs et parents sont les premiers à le dire. Le futur de l’éducation reste incertain, et les évolutions qu’elle subit ne sont pour l’instant pas appréciées.

Crédits photos : Bastien Salles / Lyon Bondy Blog.

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