Petit à petit, Abdel Sefsaf fait son nid

Naïma retrace le parcours de cet oiseau rare autodidacte, Abdel Sefsaf. Ce chanteur stéphanois à succès explore sur scène et dans ses chansons ses racines kabyles.

À 38 ans, Abdel Waheb Sefsaf est auteur, compositeur, interprète, quand il ne foule pas les planches de théâtre. Durant six ans, son nom sera associé au groupe de musique stéphanois Dézoriental dont il fut l’un des piliers. Depuis la dissolution de la formation fin 2005, l’artiste a continué seul son petit bout de chemin avec un spectacle musical plus proche de ses racines kabyles. Le public français est admiratif, la presse le loue… Mais qui aurait pu parier sur celui qui a arrêté l’école à 16 ans pour conquérir la scène ?

Dans la famille Sefsaf, je demande Abdel. C’est l’avant-dernier de neuf enfants qui ont grandit dans le quartier mal loti de La Ricamarie à St-Étienne. Plus tard, ils déménageront à la Talaudière, plus tranquille. À l’âge de 16 ans, le jeune Abdel n’a qu’une envie : s’échapper de l’école. Oui, mais dans la famille Sefsaf, il y a aussi le père, mineur. « Chez moi fallait faire des études sinon fallait travailler », se remémore l’artiste. « Alors, j’ai trouvé un travail dans une superette. Je me levais à 4h30, j’enfourchais mon vélo pour pouvoir me rendre au boulot à 6h. En même temps, je faisais du théâtre. À l’âge de 17 ans, j’ai été repéré par Alain Duclos, metteur en scène dans une troupe professionnelle. » Une aubaine…Mais avec le cumul de deux fonctions, le jeune homme s’épuise. « Je bossais durant 7 heures le matin et je rejoignais la troupe de 13h30 à 23h. J’ai tenu un mois et j’ai démissionné de mon emploi au magasin. »

Son choix sera le bon, Abdel s’épanouit dans le théâtre à tel point qu’il va même tenter le concours de l’École de la comédie de St-Étienne. Il le rate mais le jeune homme se sent pousser des ailes ; il rejoindra alors Paris pour continuer sa passion. Revenu sur St-Étienne, l’oiseau est plus performant. Il tente à nouveau le concours et cette fois ça marche !

« Là-bas, j’y travaille six ans avant de fonder la compagnie Anonyme », raconte Abdel. Dans son parcours, il rencontre deux hommes-clés, Jacques Nichet et George Baux. C’est ce dernier qui va l’inciter à chanter. « En 1999, avec des amis accordéoniste et guitariste, on crée Dézoriental. » Le succès du groupe est fulgurant. L’aventure va durer six années et deux albums. Le 15 décembre 2005, le groupe se sépare en pleine apogée sur un dernier concert à St-Priest.

L’année 2006 marque un tournant dans la carrière d’Abdel. L’homme reviendra sur le devant de la scène avec le spectacle Desoxidant, qui marque les esprits. Pour les besoins du show, Abdel Sefsaf est retourné en Kabylie, terre de ses origines. Il n’est pas reparti là-bas depuis 23 ans. L’objectif de son voyage : enregistrer les chants traditionnels de femmes narrant leur quotidien. Mais l’affaire n’est pas simple : « Pour trouver ces femmes qui chantent, j’ai dû passer par les connaissances de ma mère. La tradition se perd et c’est un univers fermé aux hommes. Pour filmer les scènes, notre caméraman a posé la caméra au milieu d’elles et on est parti. » C’est seulement de retour en France que l’équipe découvre les rushes. Accordéon, oud, piano, percussion, décor, lumières et textes poétiques feront le reste ! Un peu partout en France, le spectacle plaît.

Malheureusement aujourd’hui, il n’est plus présenté. Toutefois, l’artiste est entrée en résidence. « En octobre, on proposera une nouvelle formule du spectacle, un peu plus concert et accessible aux festivals », annonce déjà Abdel. D’ores et déjà, le prochain album comportera au moins huit nouveaux morceaux. Patience !

Naima Daira

La rédaction

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