Nadia Bouhami, pour le camp des travailleurs

Candidate de Lutte Ouvrière pour Villeurbanne, Nadia Bouhami cherche à rendre aux travailleurs villeurbannais le pouvoir de décider. Le Lyon Bondy Blog l’a rencontrée.

Pourquoi est-ce que vous vous êtes lancée dans ces élections ? Pourquoi à Villeurbanne ?

Car j’y habite.  J’habite au sein d’un quartier populaire, je suis proche de la population, je sais donc comment elle vit et les problèmes qu’elle rencontre au quotidien. On se présente aux élections car je pense qu’il est nécessaire de faire entendre le camp des travailleurs, il est nécessaire que les électeurs de Villeurbanne entendent une autre voix. Une autre que celle qui nous parle de la droite et de la gauche, sachant que le problème ne va pas se résoudre à travers les municipales car il est national. Le scénario est simple, c’est un travailleur qui se lève le matin et qui vend sa force de travail, l’employeur en retour lui offre un salaire qui lui permet de vivre ou de survivre. C’est ce camp-là que l’on veut défendre.

Selon vous, quels sont les chantiers prioritaires à Villeurbanne ? Quelles sont les manques ? Comment financer ces projets ?

Le fond du problème, selon moi, c’est d’avoir un emploi. On le voit clairement autour de nous,il y a des boites qui ferment, des entreprises qui ferment, Michelin ou le magasin de vêtements C&A par exemple : ce sont 200 emplois supprimés. Grâce aux travailleurs de ces deux groupes, ils vont mettre deux cents personnes à la rue, il faut interdire les licenciements. C’est pareil à une échelle plus restreinte, à Villeurbanne. Le Médipôle par exemple, est un grand groupe, ils se sont installés dans notre quartier. Ils ont donc bénéficié d’argents publics, celui de la région, du département, ou de la commune.
Cela me semble injustifié, je travaille personnellement à l’hôpital public où c’est la précarité à outrance, des contrats renouvelés tous les mois. Nos camarades contractuels ne savent pas ce qui va leur arriver, cet argent public pourrait donc servir à titulariser tous les contractuels. Pas seulement dans les hôpitaux,mais  également dans les écoles, où on fait face à des classes surchargées. L’Etat devrait s’occuper de ça, mais il préfère le donner aux entreprises, il faut dire stop aux subventions, c’est le message que l’on veut faire passer à travers notre candidature. Depuis le 5 décembre, quand il n’y a pas de cheminots : pas de trains, quand il n’y a pas de chauffeurs de bus, il n’y a pas de bus, sans travailleurs la société n’avance pas.

La gestion de l’argent public à Villeurbanne est donc une priorité de votre liste ?

Oui mais également les logements sociaux.  A Saint-Jean, aux Buers, c’est « délabré », ce n’est pas entretenu. Nous voulons plus de services publics dans les quartiers défavorisés, à tous les niveaux.

Est-ce que vous pourriez faire un bilan des 19 ans de mandat du maire Jean Paul Bret ? Ses échecs, ses réussites ?

Je ne sais pas si je peux faire ce bilan-là, mais c’est vrai que Villeurbanne a un peu changé, il y a des espaces verts. Ce que je pourrais lui reprocher, c’est de ne pas avoir changé les quartiers défavorisés. Les classes populaires, il me semble que cela ne l’intéresse pas. Dans les années 80 les Buers étaient déjà comme ça. Il se prétend du Parti Socialiste. C’est quoi un programme socialiste ?  Créer des services publics, des emplois, avoir accès aux transports. Et non des choix politiques.

Comment pourrait se gérer la relation entre le président de la métropole et le ou la maire de Villeurbanne ?Est-ce que Villeurbanne est soluble dans la métropole ?

De toute façon, s’il y a bien un lien entre métropole et municipalité : c’est l’Etat. Dans les deux cas, ils se désengagent, car ce sont des milliards et des milliards de subventions.  Ces deux acteurs, en opposition au monopôle financier des patrons, font des crédits aux banques, pour améliorer le quotidien des gens. C’est donc au niveau national que cela se passe.  Evidemment que si nous sommes élus, ils pourront s’appuyer sur nous pour mettre en place les luttes à venir. Même les experts sont conscients qu’une crise se prépare. Il suffit de voir les tenants et les aboutissants de celle de 2008.

La question écologique est de plus en plus importante pour les citoyens, comment vous vous positionnez par rapport à cela et comment pourrait-on mettre en place certains projets liés à l’écologie ?

Selon moi, on ne peut pas traiter d’écologie dans cette société capitaliste. Soyons clair, tant que les moyens de production seront aux mains de ces grands propriétaires et de ces grandes entreprises qui pour faire plus de profit détruisent la vie des travailleurs, on va droit dans le mur. Cela n’empêche pas que ces derniers ont un poids de décision, c’est à eux de prendre les moyens de production dans les mains. La société sera alors mieux gérée.
Si les travailleurs prenaient les moyens de production, alors ils pourraient décider de ce qui est bon ou pas pour l’écologie. C’est comme tout dans la société. Pour la transition écologique par exemple, l’Etat va agir mais en finançant cela avec l’argent public, ils ne vont pas prendre sur leurs profits, avec l’aide des actionnaires. C’est comme à l’hôpital, on m’explique souvent que s’il était géré par les employés se serait mieux géré, et non pas comme une entreprise. Les HCL licencient 160 personnes par an.
Pour l’écologie il ne faut rien attendre de cette société-là, ce ne sont pas les travailleurs qui fabriquent des gobelets en plastique. On doit développer la plantation d’arbres, que ce ne soit pas une entreprise privée qui gère les déchets, le tri, mais que l’on mette l’argent public au profit des personnes.

Comment améliorer la qualité de l’air dans la ville ?

En condamnant les grandes entreprises qui polluent, en améliorant les transports en commun, en développant les voitures électriques et en l’imposant aux constructeurs. Tant qu’il n’y aura pas de contrôle par la population, que ce soient des élus, des comptes, cela ne changera pas. Nous sommes communistes révolutionnaires, on pense que la société peut être gérer par les travailleurs.

Comment améliorer la desserte des transports en commun à Villeurbanne ? Par exemple à Saint Jean ?

Pour les transports en commun lyonnais c’est Keolis qui est présent, un grand groupe international qui génère des milliards de profits et ils résonnent par la rentabilité. Ils favorisent certains quartiers. J’ai quelqu’un de ma famille qui conduit le C12 et il m’explique qu’il ne décide de rien, qu’à certaines heures de pointes il faut attendre 20 minutes. A Saint Jean il y a un bus toutes les 25 minutes. Il faudrait que les travailleurs des TCL déterminent la fréquence des bus et quels quartiers il faut desservir. De plus, Keolis bénéficie de l’argent public. Avec la construction du T6 par exemple.

Est-ce qu’il y a un besoin à Villeurbanne de développer le transport à vélo ? Quelles seraient les alternatives pour les personnes qui ne peuvent pas prendre le vélo ?

Le vélo est pratique mais je suis pour un développement des transports en commun de manière générale. Les pistes cyclables ne sont parfois pas sécurisées. S’ils veulent développer les, il faut le faire vraiment. La voiture de toute manière est presque indispensable à Villeurbanne. Au Conseil municipal on pourra amener ces propositions-là, c’est très important d’interroger la population.
On constate également l’essor de la mode des produits bios.  Naturalia qui s’est implantée à Gratte-Ciel par exemple. Or, ce sont des produits hors de prix, ne concernant pas la population des périphéries. Il faudrait que cet argent public serve dans les quartiers populaires. Il n’y a pas de raisons que les enfants des quartiers populaires n’aient pas accès à la culture, au sport. La misère matérielle engendre la misère sociale.

Le prix moyen du mètre carré à Villeurbanne est de 3500 euros en moyenne, comment percevez-vous cette augmentation ?

Ça s’adresse à une population qui a les moyens d’être propriétaire, je suis pour l’encadrement des loyers et que chacun ait accès à un logement décent. Pour le moment le budget du logement est le plus gros, donc économie sur les autres, il faut développer des logements sociaux. Pour le moment l’argent public profite au BTP. Améliorer l’utilisation de l’argent public est e que l’on fera si on est élu au conseil municipal, la mairie doit être le représentant de la population.

Comment lutter contre la précarité étudiante à Villeurbanne ?

Arrêter de baisser les APL, comme le gouvernement de Macron l’a fait, ce qui a poussé les municipalités à le faire aussi. Il y a de plus en plus de précarité, ce sont encore les étudiants issus des classes populaires qui sont encore touchés, les enfants issus des familles bourgeoises cela ne leur pose pas de problème. Je suis pour la gratuité de l’enseignement. Je suis pour un accès plus simple aux études, tout comme la santé et les transports en commun. Il faut arrêter de donner des dividendes aux actionnaires.

Ainsi que les personnes âgées ? dans les EHPADs etc…

L’aide à domicile doit devenir un service public, pas une entreprise privée. Pour ces derniers il n’y a que l’argent qui compte. Il faut que les personnes en difficulté payent, les soins importent peu. Ces personnes payent 2000 euros par mois parfois, seul le profit compte. La proximité au sein de ces organisations est également importante mais on ne met pas l’accent dessus.

Comment faire pour pallier le taux de chômage ?

Il faut voir où il y a des besoins, que la population le contrôle, ce sont les capitalistes qui décident de tout. Ils fabriquent des choses qui sont seulement utiles pour eux, non pour la population. Il est important également de recruter des enseignants car il y a un vrai manque, idem pour du personnel pour les personnes handicapées.
Pour l’autisme par exemple, sans personnel formé, c’est mal géré. Du personnel aussi lié à la culture, quand on vient de la classe privilégiée le problème ne se pose pas.

Comment gérer la cantine scolaire ?

Cela doit être gratuit pour tous les enfants des classes populaires, cela devient de plus en plus cher Mais avec un salaire de 1300 euros par mois, la cantine est hors de prix. Les enfants ne devraient pas payer, certains d’entre eux partent le matin sans déjeuner, les gens font des économies sur la nourriture.

Comment aider les petits commerçants à Villeurbanne avec la concurrence des grandes surfaces à proximité ?

Malheureusement ils subissent la société, ce sont les plus gros qui mangent les petits, ils n’ont pas accès aux crédits, s’ils ont une baisse de salaire alors moins de pouvoir d’achats donc ils sont directement impactés. Ils sont au bord du gouffre, ils dépendent de nous et nous nous dépendons des banques, de l’économie capitaliste. Nous les rencontrons sur le marché, et on se rend compte que notre sort est lié à l’un et l’autre, cette société doit changer, les petits commerçants ferment les uns après les autres. Si le monde du travail ne prend pas conscience que leur classe peut changer les choses, rien ne se passera, mais quand la crise va arriver à nouveau, ils s’en rendront compte et la situation changera. Il faut que l’on apprenne à s’organiser, décider ce qui est bon ou pas bon pour nous.

Les élections ont lieu d’ici peu, envisagez-vous des alliances ?

A Villeurbanne pour le moment nous n’avons été sollicités par personne, la question se pose de faire une alliance avec qui et sur quel programme ? La gauche pensait peut-être, par « gauche » et j’entends la gauche plurielle, quelques années auparavant qu’elle allait réussir à défendre les travailleurs, mais on a simplement assisté à des privatisations à outrance, des licenciements à outrance, cela prouve que cela décide en haut, au niveau des patrons, des banquiers, des propriétaires. C’est ce que l’on veut mettre en avant. On nous fait de toute manière croire, que c’est en votant que l’on changera quelque chose mais ce n’est plus vrai. Mais nous c’est en présentant un programme précis que l’on veut faire avancer les choses, en se présentant aux municipales on fait entendre une nouvelle voix, qui émerge en ce moment depuis le 5 décembre avec les mobilisations. L’objectif pour nous n’est pas de faire carrière, on subit les mêmes attaques que ceux qui luttent, ce sont nos retraites aussi qui sont impactées. Quand on nous dit qu’on surfe sur la vague nous avons envie de répondre que la vague c’est nous, au même titre que nos camarades de travail. Bien sûr que tous les candidats ont des bonnes choses, mais sincèrement, cela n’a aucun impact car ce n’est pas eux qui décideront.

Comment voyez vous Villeurbanne d’ici une dizaine d’années ?

Villeurbanne d’ici 10 ans ? Je vais être optimiste. Que d’ici 10 ans, les travailleurs, grâce à leur conscience de classe auront pris le pouvoir, que dans chaque quartier on ait crée une communauté ou tout sera décidé : combien de logements ? Plus de terrains de jeux ? Plus de transports en commun ? Nous militons en tout cas pour en arriver là, s’adresser à notre classe va dans ce sens-là. J’espère dans 10 ans que l’on en aura fini avec cette société basée sur l’exploitation, l’oppression, ou des guerres se déclarent chaque jour.
Une conscience se créée mais il faut que l’on continue à discuter autour de nous, à échanger des idées, combattre l’individualisme, le chacun pour soi. Nous notre mentalité c’est l’entraide, la solidarité.

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