Mal-logement : le tableau noir de la fondation Abbé-Pierre

Depuis 24 ans, la fondation Abbé-Pierre publie son rapport sur l’Etat du mal-logement en France. La section lyonnaise de l’organisation a présenté son éclairage pour Auvergne-Rhône-Alpes au cinéma Comoedia (Lyon 7ème).

Le bilan de l’année 2018 de la Fondation Abbé-Pierre est plutôt mitigé, pour ne pas dire mauvais. Dans son rapport 2019, elle ne distingue qu’une seule bonne nouvelle. Le nombre de logements à très faibles loyers financés et construits a connu un frémissement depuis 2 ans. Il est écrit : « si ce produit a été négligé jusqu’en 2017 (174 logements de ce type ont été financés en région de 2015 à 2017, soit moins de 60 par an) … en 2018 ce sont près de 110 logements qui ont été financés sur la région et il semble que ce nombre pourrait doubler en 2019. » Le rapport note tout de même que le compte n’y est pas et prône une augmentation de 10% de ce chiffre pour une efficacité optimale. Les auteurs du rapport écrivent en gras : « la réhabilitation des logements indignes du parc locatif reste insuffisamment priorisée et participe de l’amoindrissement du gisement du parc privé conventionné. » Toutefois l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH) a soutenu de plus en plus de logements mais principalement des logements privés, loués ou non, dans le cadre du plan de lutte contre la précarité énergétique. Passé ce moment d’optimisme le tableau se noircit considérablement.

Villeurbanne moins inégalitaire que Lyon mais de plus en plus chères

D’abord les loyers des grandes villes ont augmenté. Villeurbanne a vu les siens se rapprocher de ceux de Lyon et même dépasser Grenoble. Sur les 10 villes d’Auvergne-Rhône-Alpes citées par le rapport Villeurbanne est celle qui a connu le plus fort taux d’augmentation : +3,4%. Un locataire villeurbannais hébergé par un locataire privé déboursait en moyenne 12,40 euros / m2 soit 620 euros pour un appartement de 50 m2. Dans la même situation, un locataire lyonnais s’acquitterait d’un loyer de 665 euros (13,30 euros / m2). Un montant en hausse de 1,7% en un an. Selon l’indice de Gini, calculé par l’INSEE pour l’année 2017, Lyon est une des villes les plus inégalitaires de France. En 2016, le seuil de pauvreté était compris entre 684 et 1026 euros pour une personne seule. A Lyon, le salaire médian des 10% les plus pauvres était de 886 euros mensuels soit juste au-dessus du seuil à 50%.  Cet outil statistique servant à mesurer l’écart de richesse au sein d’une population, il ne doit pas être le seul indicateur. Moins inégalitaire avec un indice statistique de 0,28, Villeurbanne souffrait en 2017 d’un taux de pauvreté supérieur à la moyenne nationale (14% de la population française contre 19,07% à Villeurbanne). A la même époque, Lyon avait un indice de 0,32 avec 14,52% de sa population touchée par la pauvreté.

Les difficultés pour retrouver un logement

A la fin de son rapport, la fondation épingle un des dispositifs phares de la fin du dernier mandat de Jacques Chirac : le dispositif DALO, droit au logement opposable, voté le 5 mars 2007. Le dispositif permet à toutes personnes de nationalité française ou titulaire d’un titre de séjour valide incapable d’accéder à un logement décent faute de moyens de faire appel à une commission de médiation. Le but étant que ces personnes soient reconnues prioritaires, ce qui, en théorie, oblige le préfet à leur proposer un logement ou un hébergement dans les 6 mois suivant un recours. La fondation s’appuie sur les chiffres de l’association Action pour l’Insertion par le Logement (ALPIL).

Selon l’association basée place Croix-Paquet (Lyon 1er), 471 recours ont étudiés par la commission de médiation du Rhône. 95 ménages, soit 46% des dossiers déposés pour obtenir un hébergement ont été reconnus prioritaires, 15 autres ont été jugés irrecevables ou sans objet. Pour ce qui est des recours logements : 150 ménages, 56% des dossiers, ont été jugés prioritaires, 64, soit près d’un quart, ont été jugés non prioritaires et 46 irrecevables ou non-prioritaires. Les auteurs détaillent ensuite les résultats des dossiers prioritaires pour l’obtention d’un logement, d’un logement de transition ou d’un hébergement. 23 ménages, soit 44% des dossiers, n’ont reçu aucune proposition pour un logement de transition, Seul 11 ménages ont été pris en charge par une structure, 6 ont reçu une offre. 3 baux en logement autonome ont été signés.  Les chiffres sont plus encourageants concernant les dossiers logements et logement de transition. 38 baux pérennes pour des logements ont été signés, 11 foyers n’ont rien reçu, 20 ayant refusé l’offre ne sont plus prioritaires et 1 est entré en structure d’hébergement.

Sur un des sites de l’Etat, on peut lire dans un article daté d’octobre 2018, le bilan 11 ans après l’instauration du dispositif DALO.  120 000 personnes ont retrouvé un logement mais  50000 restent en attente dont certaines depuis plus de 10 ans.

 

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