L’histoire du troisième arrondissement de la ville de Lyon 

Autrefois appartenant au département de l’Isère, le troisième arrondissement a été créé grâce au décret du 24 mars 1852, au même moment que les cinq autres arrondissements. Pourtant, son histoire est bien plus ancienne. Le Lyon Bondy Blog vous propose de vous plonger dans l’histoire qui fait aujourd’hui, du troisième arrondissement, l’un des arrondissements les plus célèbres de la ville de Lyon.  

De la gare Part-Dieu en passant par la Bourse du Travail, la prison Montluc, mais aussi la Préfecture du Rhône ou encore l’hôpital Édouard Herriot, le troisième arrondissement a laissé au fil des années, une empreinte successive sur le paysage de la ville de Lyon. Le quartier du troisième arrondissement possède sa propre physionomie et reflète différentes époques qui font actuellement une partie de la richesse de la ville. Urbanistique et économique, le troisième arrondissement est aussi dynamique d’un point de vue culturel. Mais son histoire ne s’arrête pas là…

Madame de Servient, la « Dame de la Part-Dieu »

L’histoire du troisième arrondissement de Lyon commence en 1649, date de naissance de Dame Catherine de Mazenod, dit Madame de Servient. Surnommée la « Dame de la Part-Dieu », son histoire est étroitement liée au quartier de la Part-Dieu que l’on connaît aujourd’hui. En 1679, le domaine de la Part-Dieu – qui n’avait pas encore de nom – lui est légué. À l’époque, les terres de la Part-Dieu et de ses alentours n’étaient que marécages et terrains accidentés, soumis régulièrement aux inondations du Rhône. Néanmoins, la dame lyonnaise y construit son imposant château ainsi que quelques bâtiments agricoles.

Le 11 octobre 1711, un événement tragique va complètement changer le destin de Madame de Servient et celui de la ville de Lyon. Lors de la vogue de Saint-Denis de Bron, le carrosse de Madame de Servient se renverse sur l’unique pont qui traverse le Rhône (le Pont de la Guillotière) formant ainsi un important barrage. « Les fêtards », qui souhaitaient rentrer le plus vite possible chez eux, sont écrasés les uns sur les autres. 241 victimes sont à déplorer dans ce que l’on appelle « le tumulte du pont du Rhône ». Rongée par la culpabilité, Madame de Servient laissa ses vastes terrains aux Hospices civils de Lyon, léguant ce qu’elle a considéré comme « sa part de Dieu ».

Bien avant d’être rattaché à la ville de Lyon en 1852, la commune de la Guillotière a, elle aussi, été en constante évolution. Les champs, les bêtes, les paysans et les petites industries ont contribué au bon développement du quartier. Dans les années 1830, un homme va redorer l’image des quartiers de la commune. En 1828, Marie-Vital Henry, baron des Tournelles et propriétaire de terrains lyonnais transforme son domaine familial – le château des Tournelles – et ses alentours. Il décida d’attribuer à ces domaines des noms tels que « Village de Montplaisir » ou encore « Campagne de Sans-Souci ». Ces lieux de résidence – où il fait bon vivre – étaient destinés aux Lyonnais qui souhaitaient y vivre paisiblement, d’où leurs noms atypiques. Autrefois appelé la route royale n°6 ou grande rue de Montplaisir, l’avenue des Frères Lumières est l’axe principal de ce quartier.

Les casernes de la Part-Dieu

Basées dans le troisième arrondissement de Lyon, les casernes de la Part-Dieu ont marqué l’histoire militaire de Lyon. En 1830, la Part-Dieu n’est alors qu’un vaste domaine agricole appartenant aux Hospices civils de Lyon. Dans l’objectif de fortifier l’agglomération lyonnaise, le Fort Monluc est construit en 1831 en tant que fort de la première ceinture de Lyon. C’est dans ce contexte qu’arrive en 1844, l’armée. L’autorité militaire acquiert ainsi 24 hectares du domaine de la Part-Dieu. En 1847, les constructions débutent avec le projet de transfert de l’école d’artillerie de Grenoble et de l’établissement d’une caserne d’artillerie. En une dizaine d’années, le quartier se transforme avec toutes les installations nécessaires pour accueillir des unités de cavalerie. L’armée y occupera des activités militaires pendant plus de 100 ans.

L’armée, qui ne voit plus en ces terres, un grand intérêt, cède le quartier de la Part-Dieu à la ville de Lyon en 1960. Les dernières structures militaires quittent la Part-Dieu en 1968 et commence alors un grand aménagement. À la place de ces casernes sera alors construit un grand centre commercial (1975) et des immeubles d’affaires, comme la tour du Crédit Lyonnais, dite « le Crayon » (1977), la tour « Oxygène » (2011) et la tour « Incity » (2016).

Édouard Herriot, un maire attaché à la ville de Lyon et son 3éme arrondissement

Originaire de Troyes, Édouard Herriot occupe pourtant une place centrale dans l’histoire de la ville de Lyon. Il arrive à Lyon en 1896 pour enseigner la rhétorique. Il adhère en 1901 au jeune Parti radical qui vient d’être créé. Élu conseiller municipal en 1903, il devient adjoint à l’Instruction publique du maire socialiste Victor Augagneur, avant d’être élu à la tête de la ville, pour la première fois, en 1905. Déjà bien remanié par ses prédécesseurs, Édouard Herriot n’a cessé de valoriser et de promouvoir la ville de Lyon. Son règne municipal (1905-1957) sera marqué par son envie d’aménager, de bâtir, d’embellir et d’amener un nouveau souffle à la ville de Lyon.

« La ville de Lyon se place en tête des municipalités françaises qui se soucient des améliorations des transports, des progrès de l’hygiène urbaine et de la vie sociale. »  

Édouard Herriot

Afin de mener à bien cette ambition, Édouard Herriot s’entoure de conseillers qui le guideront dans ses choix à l’image de Tony Garnier – architecte français – qui sera son compagnon de route pendant près de 30 ans. De cette collaboration vont naître la Halle Tony Garnier, le Stade de Gerland ou encore l’hôpital Édouard Herriot situé dans le troisième arrondissement de la ville de Lyon. Un hôpital à la pointe de la modernité édifié dans le but de desservir la population grandissante de ce quartier. L’artère « Le Cours Lafayette » située en limite des 3e et 6e arrondissements de la ville de Lyon y fut également construite sous son mandat.

Louis Pradel, des promesses en béton

« Zizi béton », c’est le surnom que l’on attribua au successeur d’Édouard Herriot. Durant son mandat de maire (1957-1976), il mit en chantier la ville de Lyon et son troisième arrondissement. Une vocation qu’il engagea grâce aux crédits disponibles et avec l’aide de l’État. Après l’après-guerre, il mena une politique très passionnelle de construction pour combler le retard important en matière d’équipements et de logements.

Façade du centre commercial de la Part-Dieu.

Parmi ses réalisations les plus célèbres, on peut compter le tunnel de Fourvière, la traversée du centre de Lyon par l’autoroute Paris-Marseille (1961-1976), le centre d’échanges de Perrache mais surtout la création du quartier de la Part-Dieu dans le troisième arrondissement. Un quartier qu’il construit sur l’ancienne caserne de cavalerie, quartier destiné à attirer des centres de décision, incluant un centre commercial, un auditorium de 2 000 places et la nouvelle bibliothèque municipale de Lyon. Un quartier dont on doit la conception à l’architecte et urbaniste lyonnais Charles Delfante.

Le 3ème arrondissement, un centre économique majeur de l’agglomération

Aujourd’hui, la gare de la Part-Dieu, les importantes stations de métro, les nombreuses lignes de bus et les diverses infrastructures font du troisième arrondissement et du quartier de la Part-Dieu, un centre économique majeur de ville de Lyon et de son agglomération. En 1968, on recensait 88 800 habitants alors qu’en 2020, 101 838 habitants étaient recensés.  

L’expansion économique de la Part-Dieu a également été favorisée par sa localisation en plein cœur de l’agglomération. Ses quartiers qui sont articulés autour de son pôle d’affaires concentrent environ 1/3 des emplois de la ville de Lyon. Véritable quartier économique, le troisième arrondissement s’est construit sur une zone rurale avant d’être rattaché à la ville de Lyon en 1852. Aujourd’hui, l’arrondissement est un centre contemporain avec un fort potentiel économique. Ce sont son histoire mais aussi son architecture et sa culture qui font actuellement la particularité et la spécificité du troisième arrondissement de Lyon.

Article réalisé avec la MJC Sans-Souci et l’historien Jean Étèvenaux.  

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