« Comment j’ai été parquée »

Comment j’ai été parquée est l’histoire répétée des attributions de logement social produisant des ghettos sociaux et « ethniques ». L’histoire de Tina* en témoigne.

L’histoire de Tina ressemble à celle de nombreux habitants des quartiers populaires : « le parquage ». En somme le lieu où l’on souhaiterait habiter relève du rêve, de l’utopie pour certains citoyens, surtout quand il s’agit de vouloir vivre en centre ville par exemple.

En effet comme vous le savez certainement déjà, patte blanche doit être montrée : revenus, situation professionnelle, composition familiale, âge…Seule avec ses 3 enfants, noire, jeune, percevant le RSA, c’est sûr la patte de Tina n’est pas bien blanche. Pourtant avant la naissance de ses deux autres enfants et son divorce, Tina était une jeune femme « respectable », en occupant un poste de comptable et en  habitant un quartier « sympa » de Villeurbanne.

La vie en a décidé autrement, séparation conjugale avec son lot de bouleversements, elle quitte ce cocon pour demander de l’aide à une association, elle qui n’avait jamais eu à faire à de tels organismes. Celle-ci lui attribue un logement temporaire lui permettant de quitter l’hébergement chez sa mère devenu problématique, et poursuivre sereinement sa recherche de logement dans le parc public.

Depuis elle est enfermée dans le regard des bailleurs sociaux, et d’autres, comme  une jeune mère pauvre et « étrangère ».Il est vrai que les trois premiers qualificatifs suffisaient à la pénaliser mais ajouter en plus un nom à consonance étrangère, ça devient too much.

Ce n’est qu’au bout de cinq ans et en étant appuyée par  l’association qu’une proposition de logement tombe enfin : T4 ! super ! où ? Mas du taureau Vaulx en Velin. Mais Tina est contente : « Vaulx en Velin je connais, et je serai enfin dans mon logement « .

Au bout d’un mois d’installation la jeune femme déchante «  mon allée est squattée par des dealers, je n’aime pas cet environnement pour mes enfants, et  il y habite beaucoup de mères seules, mais qu’a fait le bailleur ? « 

Bonne question Tina, car le bailleur estime avoir répondu à la demande qui lui été faite sans se soucier d’invoquer comme il aurait pu le faire dans d’autres situations la mixité sociale. Cette notion est, dans certaines situations brandie, par les offices HLM pour légitimer  des pratiques discriminatoires. Or inscrite dans la loi ( loi Besson 1990) elle avait pour but de lutter contre la création de ghettos sociaux. Des études** et la réalité nous le démontrent, la mixité sociale, notion pernicieuse, serait davantage un critère d’exclusion de certaines populations et notamment étrangères ou d’origine étrangère.En effet des attributions ont été refusées à des personnes au nom étranger sur ce critère avec le souci de la « juste répartition » des populations. Notre ministre a exprimé tout haut ce qui se pratique dans les commissions  » c’est quand y en a plusieurs … ».

Dans le cas de Tina nul besoin de l’invoquer, le Mas du taureau est un secteur peu demandé et la crise du logement aidant, peu importe si on maintient les ghettos.

*prénom d’emprunt

**www.gisti.org/doc/plein-droit/68/douce.html

Auteur : Fouzia othman

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