« C’est une injustice. La victime, c’est l’agresseur. »

TGI Lyon, 14ème chambre, comparutions immédiates.

Louis arrive à la barre en béquilles, il se tient l’oreille droite, camouflée par un grand bandage. Il demande à rester debout à cause de ses blessures. Deux jeunes d’une vingtaine d’années se tiennent debout dans le box des accusés. Medhi et Mohamed comparaissent pour faits de violence sur Louis (garde-chasse particulier) entrainant une incapacité de travail de 7 jours (ITT). Ils avaient déjà eu affaire à la justice, ensemble, pour dégradation de biens d’autrui. Les deux prévenus ont chacun leur avocat.

Le président rappelle les faits. Les policiers sont appelés vers 23 h par la voisine de la victime pour une agression à Givors.

Ce soir-là, Louis, « alerté par les aboiements persistants de son chien, sort de sa maison et aperçoit Medhi près de son compteur de gaz. » Alors qu’il demande à ce dernier de quitter sa propriété, Medhi frappe Louis au visage, et Mohammed lui donne un coup dans le dos, le faisant tomber au sol. La femme de Louis, sortie à son tour, est témoin d’une partie de l’agression. « Face à ses supplications, les agresseurs se sont sauvés. » Elle n’est pas présente dans la salle.

Le président s’adresse à Medhi : « Vous reconnaissez les faits ? – C’est une injustice. C’était de la légitime défense. La victime, c’est l’agresseur. Et l’agresseur, c’est la victime ». Le juge n’est pas convaincu. Medhi montre très peu d’intérêt pour ce procès. « Qu’est ce que vous faisiez la ? – On faisait que passer. » Réponds calmement Medhi.

Selon l’accusé, alors qu’il rentrait chez lui avec ses amis, la victime aurait proféré des insultes raciales à leur encontre, les accusant aussi de la mort de son âne. Une semaine auparavant, Louis, a perdu son âne, tué d’une balle dans la tête.

Au tour de Mohammed d’être interrogé : « Et vous, vous reconnaissez les faits ? – Oui. »

Il se tourne vers Louis, la tête baissée, et les mains dans le dos en signe de pardon : « J’aimerai m’excuser auprès de la victime pour ses blessures, je voulais protéger mon ami et la victime pendant la bagarre ». Au même moment, le père de Mohammed arrive en trombe dans la salle d’audience.

Le président donne la parole à la victime : « C’est faux qu’un d’eux ai voulu me défendre. C’était une embuscade ! Je suis sorti de chez moi en robe de chambre et en pantoufles. » Le juge détend l’atmosphère. Regardant l’audience : « Sûrement nu sous votre robe, vous voyez on a même les détails ! » Louis enchaine d’un ton plaintif, l’air de rien « J’étais au sol, presque évanoui. »

Entre en scène la procureure : « On constate que des jeunes éduqués, et entourés par leur famille, peuvent agir comme des bêtes sauvages quand ils sont en groupe. » Elle requiert une peine de 10 mois, dont 2 avec sursis plus une mise à l’épreuve de 2 ans, pour Medhi et Mohammed.

Après délibération, le verdict est rendu. Medhi écope d’une peine de 10 mois d’emprisonnement, dont 4 mois avec sursis. Donc 6 mois ferme. Mohammed est condamné à 6 mois avec sursis. Il peut donc ressortir libre, le soir même. Tous les deux sont mis à l’épreuve pour une durée de 24 mois, et ils ont l’interdiction de se rendre dans la rue de la victime. Medhi et Mohammed devront verser 500 € chacun à la victime.

Au suivant.

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