Au Mourguet, la crise fait son cinéma

Situé au 15 rue Deshay à Sainte-Foy-lès-Lyons, le cinéma Mourguet fait grise mine. Depuis la réouverture des salles le 22 juin, les salles françaises ont vu leur fréquentation baisser de 70% pendant l’été et le Mourguet ne fait pas figure d’exception.

 

Au Mourguet, la fréquentation des salles a repris timidement ce mois-ci. Elle reste malgré tout en baisse de 41% par rapport à 2019, une année qui avait été prolifique pour ce cinéma.. Pourtant ce n’est pas l’offre de film qui manque en ce début d’automne. En octobre, ce n’est pas moins de sept sorties nationales qui seront proposées au Mourguet, avec des films pour tous les goûts dont deux coups de coeur de l’équipe du cinéma : un biopic d’animation sur le combattant antifranquiste Josep Bartoli et un drame danois avec Mads Mikkelsen.

 

 

Le cinéma a également de nombreux projets : participation au festivals Reflets ou Lumière, organisation de ciné-débats, rencontre avec des réalisateurs de la région.. Pour les mener à bien, il devrait pouvoir compter sur l’aide des collectivités territoriales et de l’Etat. La ministre de la Culture Roselyne Bachelot, dont le budget a été augmenté de 5%, a en effet détaillé mercredi dernier une série de mesures visant à “protéger l’ensemble de ce modèle culturel qu’est le cinéma”.

Nous sommes revenus sur ces sujets avec Grégory Tudella, directeur adjoint du cinéma. Celui-ci nous a fait part d’un objectif clair : faire revenir le public.

 

Le cinéma Mourguet a-t-il  déjà vécu des périodes aussi difficiles que cette année ?

Non, c’est inédit pour tous les cinémas en France. Depuis son déménagement en 2014, le cinéma Mourguet a beaucoup évolué et on avait passé le cap des 10 000 spectateurs l’année dernière. 2020, c’est tout l’opposé. Par rapport à la moyenne française on ne s’en sort pas trop mal : depuis une semaine ou deux on sent que le public revient, mais c’est encore un peu tôt pour crier victoire. Il y a toute une partie du public qui reste réticente à s’enfermer dans une salle. 

Heureusement, Il y a des films et on ne souffre pas trop du manque de cinéma américain. L’année dernière notre programmation était à 74% constituée de films d’arts et essais. Les blockbusters ce n’est pas notre public. Réouvrir en été, c’était un peu étrange. Le fait qu’en ce moment il n’y ait pas de gros succès, cela impacte aussi la fréquentation de manière générale.

 

Dans quelles conditions allez-vous pouvoir accueillir les spectateurs ?

On suit un protocole national, il n’y a rien d’extraordinaire, c’est le masque obligatoire à l’intérieur du cinéma. Il y aussi du gel à l’entrée et on évite les regroupements de spectateurs dans le hall. Dans la salle, comme nous sommes en zone rouge, il faut garder un siège vide entre chaque spectateur ou groupe de spectateurs. 

On est sur une jauge réduite à environ 60% de l’effectif normal. Cela va être compliqué à gérer, car les spectateurs n’occupent pas le même espace dans la salle selon qu’ils arrivent par groupe de 2 ou par 6.  On ne peut donc pas connaître la capacité de la salle en avance. 

 

Pensez-vous que la réponse de l’Etat et du service public est adaptée pour accompagner les cinémas et le monde de la culture pendant cette crise ?

Oui on a été accompagnés. On a une profession structurée et il y a des choses qui se sont mises en place dès le confinement. 

Le CNC oeuvre pour la sauvegarde des salles. On est soutenus par la région avec un dispositif qui s’appelle “ici, on soutient la création régionale” qui nous permet de recevoir une aide de septembre à décembre et d’organiser des rencontres avec des réalisateurs de la région. Dans le cadre de cette opération, on accueillera par exemple la réalisatrice Charlène Favier pour l’avant-première de son film Slalom. 

On est bien accompagnés au regard des annonces qui ont été faites la semaine dernière par le ministère de la Culture. Si la situation reprend des couleurs on devrait s’en sortir sans trop de casse. 

 

Craignez-vous une nouvelle fermeture des salles de cinéma?

Oui comme tout le monde. On a du mal à imaginer qu’il puisse refermer les salles. C’est tellement compliqué de réamorcer le processus. Stopper la diffusion en salle ça ne s’était jamais produit et ça ne redémarre pas comme ça du jour au lendemain. Un nouvel arrêt, même momentané, serait très dur.  

 

Cette année, le cinéma n’a pas pu assurer l’édition de la Caravane des Cinémas d’Afrique. Quand aura-t-elle lieu ? 

Cela devait avoir lieu en juin 2020, on a reporté l’édition. On a eu beaucoup de chance parce qu’on avait pas encore trop investi au moment du confinement. Donc on reporte à juin 2021 avec tout de même une incertitude qui plane. On va préparer prudemment. 

Comme chaque année, nous allons aussi accueillir le festival Lumière avec trois séances au Mourguet.

 

 

 

 

 

 

 

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