Affaire du drapeau palestinien : « Vaulx-en-Velin est une ville de résistance »

En soutien à la cause palestinienne et à la ville de Beit Sahour avec laquelle la municipalité est jumelée, Bernard Genin, maire (PCF) de Vaulx-en-Velin fait flotter depuis le 30 juin 2010 le drapeau de l’Autorité palestinienne. À ce titre, il comparaissait devant le Tribunal administratif de Lyon ce mercredi matin. Délibéré ce 6 juillet…

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Pour la Préfecture du Rhône, cet acte est une « méconnaissance du principe de neutralité du service public » et décide, le 15 avril dernier, après le refus du premier magistrat vaudais de supprimer le drapeau, de saisir le Tribunal administratif de Lyon.

À l’audience, la septième chambre du Tribunal administratif de Lyon était pleine et environ 150 personnes avaient fait le déplacement pour  assister  au litige opposant le maire de Vaulx-en-Velin, représenté par Me Henri-Pierre Vergnon, à la Préfecture du Rhône.

 

Retour sur l’origine de ce drapeau

En décembre 2009, quelques mois après avoir gagné les élections municipales, Bernard Genin se rend dans la ville palestinienne de Beit Sahour, avec laquelle Vaulx-en-Velin est jumelée. Sur place, il y constate « les vexations permanentes subies par les Palestiniens, voulues par la politique de l’Etat d’Israël ainsi que la dégradation de la situation ». En mai 2010, le gouvernement israélien attaque militairement la première Flottille de la paix à destination de Gaza. Dans sa lettre du 15 mars 2011 au Préfet rhodanien Jean-François Carenco, c’est par ces deux événements que le maire justifie sa levée du drapeau palestinien.

Un acte qui, aux yeux de la Préfecture, est un « acte politique » contrevenant au principe de neutralité que doivent respecter tous les services publics. À la barre, Me Vergnon argumente, avec une pointe de provocation : « Il y a deux communes [notamment St-Priest, NDLR] dans le Rhône qui affichent le drapeau du Tibet. Alors, j’espère que ces deux communes enlèveront aussi ce drapeau au nom du principe de neutralité. […] Le traitement n’est visiblement pas le même suivant les causes que l’on veut défendre « .

 

Un combat sémantique

 

À l’heure où une deuxième Flottille de la liberté est en route vers le territoire gazaoui, le jugement, qui sera rendu le 6 juillet prochain, aura à coup sûr une grande portée symbolique, voire même politique pour certains. D’autant plus que c’est la qualification ou non de la levée du drapeau comme d’un acte politique (ainsi que le choix de l’emplacement de l’objet) qui tranchera ; et, à ce petit jeu-là, les deux parties se renvoient systématiquement la balle et personne ne souhaite assumer ce côté politique, que ce soit le Préfet ou le maire. Idem en ce qui concerne le positionnement de l’emblème palestinien : est-il situé sur le fronton de l’Hôtel de Ville ou bien devant la Mairie ? En bref, ce sera aussi sur un combat sémantique que les juges devront statuer.

 

Le « coup de gueule » d’une ville « solidaire »

 

Avançant la liberté de pensée et d’expression (Articles 9 et 10 de la Convention européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme), Bernard Genin, qui « revendique cet acte et ne le regrette absolument pas » , promet déjà de récidiver. D’abord, le 8 juillet, soit deux jours après le verdict de première instance : « à 18h, nous dresserons une bâche sur la mairie où sera écrit ‘Vaulx, ville solidaire’, aux côtés des noms et drapeaux de trois villes avec lesquelles nous sommes jumelées : Beit Sahour (Palestine), Sébaco (Nicaragua) et Artik (Arménie). Une place restera libre afin d’y ajouter de futures actions de solidarité».

 

« Ce n’est pas un coup de pub, mais un acte coup de gueule » , poursuit le maire vaudais. Un acte qu’il associe à quatre revendications : l’arrêt de la colonisation israélienne, la destruction du « Mur de la honte », la fin du blocus de Gaza et le retour d’Israël dans ses frontières d’avant 1967.
Si la décision administrative lui donne tort, Bernard Genin s’y pliera, mais prévient : « on le remettra en septembre, à l’occasion du débat aux Nations-Unies sur la possible reconnaissance par l’organisation de l’Autorité palestinienne comme État ».

 

NOTE :

La décision du Tribunal  Administratif de Lyon a finalement été prise : Vaulx-en-Velin devra retirer le drapeau palestinien dans les 48 heures suivant la notification. Selon France 3, « le maire communiste de Vaulx-en-Velin, Bernard Genin, a annoncé qu’il retirera le drapeau vendredi mais il a promis de le remplacer par une bannière aux couleurs internationales. L’inscription « Vaulx-en-Velin, ville solidaire et en coopération » avec trois villes, dont Beit Sahour, devrait y figurer ».

 

 

Loïc Blache

La rédaction

Crée en 2008, la rédaction du Lyon Bondy Blog s'applique à proposer une information locale différente et complémentaire des médias traditionnels.

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