Dans l’agglomération lyonnaise, une soixantaine de jardins partagés existent. Ils sont l’héritage direct des jardins d’ouvriers. Celui de l’Espéranto appartient à la mairie de Vénissieux. Depuis 12 ans, il est mis à disposition de l’Association des jardins familiaux de la ville. Les jardins sont ouverts toute l’année. Mais les jardiniers sont surtout présents de mars à novembre.
En ce matin de premier dimanche de mars, il ne fait pas très chaud au jardin de l’Esperanto à Vénissieux. Pourtant, des jardiniers sont déjà en train de s’affairer. Il a été créé en 2005 suite à la disparition de celui rue Vladimir Kormoro. L’association gère les 44 jardins. Elle compte 47 adhérents. Chacun d’entre eux possède une parcelle ou la partage avec un autre licencié.
La transmission : un des premiers buts de l’association
« Le savoir jardiner, le partage, le respect de la nature » (Yahya, adhérent et vice-président de l’association) sont les pierres angulaires de l’association. Un jardinier, apiculteur a mis en place plusieurs ruches pour les adhérents. Le résultat sera le partage, du miel. Mais le plus important est la transmission de son savoir. Elles ont aussi un but écologique : la pollinisation des jardins.
La permaculture est un exemple de cet échange de connaissances. Les jardiniers se sont appris entre eux cette technique. Peu à peu, plusieurs l’ont utilisé. Elle permet d’économiser l’eau, chose très importante dans le cadre du développement durable. Ils n’ont plus à retourner la terre. Ils utilisent la paille et les cendres. Ainsi, la terre s’autonourrit. Les dirigeants de l’association pensent à créer un atelier sur la gestion de l’eau afin de sensibiliser leurs adhérents à ce problème.
Les potagers sont administrés par une association ce qui : « amène un esprit collectif, on n’est pas tout seul, il y a une échange » explique Nadine (adhérente depuis 7 ans). Les anciens sont aussi très importants : dans le partage de connaissances, « ils prennent toute leurs valeurs, ils connaissent plein de chose » (Véronique, adhérente depuis 5 ans). D’autres projets sont mis en place pour faire perdurer ce lien entre adhérents notamment la distribution d’un calendrier gratuit. Les jardiniers peuvent y retrouver les dates importantes : l’entretien collectif des espaces communs, l’Assemblée Générale, le repas des jardiniers… Au 1er rue de l’Espérance les cultures et les nationalités se mélangent. Les plantations sont les reflets de cette diversité : « il y a autant de jardinier que de jardins différents »( Véronique). Ici, ils rencontrent des gens, qu’ils ne verraient pas dans leur cercle professionnel souligne Évelyne (adhérente depuis 7 ans). « Il y a un échange sur les plantes, la façon de les cultiver selon l’origine des jardiniers » rajoute Véronique. Ils viennent accompagner de leurs familles et amis. Beaucoup ont aménagé un espace détente dans leur potager.
Un retour à la nature
La raison première de l’adhésion à l’association, est pour de nombreux jardiniers, de retrouver un lien avec la nature. « Je suis en appartement, j’aime la nature, j’aime être dehors, le plaisir de voir pousser ses légumes », explique Nadine. Évelyne voit dans le jardin un « endroit de liberté », « une école de la patience et de l’humilité ». Pour Véronique, c’était un moyen de sortir de son appartement avec ses 2 filles et son mari. Cela permet à ses enfants « voir pousser les légumes ». Leur jardin est devenu un lieu familial où elle peut se « retrouver » avec les siens.
Plusieurs projets sont en bourgeonnement : la venue d’enfants d’écoles de Vénissieux dans le jardin (projet jardin scolaire), la mise à disposition d’une parcelle de terre pour des personnes en situation d’handicap, une bibliothèque sur le jardinage en libre-service pour les adhérents de l’association… Toujours, dans cet esprit de partage avec les autres.
Article signé par Angélique Toscano