Entre hâte et incertitude, les salles de sport rouvriront leurs portes au public ce mercredi 9 juin. Alors que la plupart ont réussi à maintenir un semblant d’activité entre séances sur ordonnance ou coaching personnel, cette période leur aura aussi permis de se renouveler.
Planning qui se remplit, gel hydroalcoolique en évidence et poids prêts à être soulevés, Arnold Gond, responsable de la salle Boxe Ksius, rue Longue, finalise les derniers préparatifs de la réouverture de sa salle. Après avoir relancé ses 500 adhérents par e-mail, un certain nombre a déjà répondu présent pour cette semaine. « Mercredi ça va être plein ! » se réjouit, le boxeur penché sur son agenda. Dès le 9 juin, toutes les salles de sport en France pourront accueillir à nouveau du public après sept mois de fermeture. Néanmoins, un flou persiste quant aux conditions sanitaires : « On navigue à l’aveugle. On fait des cours collectifs à 16 mais on a eu aucun détail sur les protocoles ou les jauges », indique le boxeur.
« C’est une rentrée biaisée »
Une incertitude supplémentaire concerne la date de la réouverture. L’été correspond à la période creuse des salles de sport : « En août, c’est désertique à Lyon », souffle Rémi Dumont à la tête de la salle CrossFit Molière dans le 6ème. Le coach fermera, à contre-cœur, deux semaines en août afin d’éviter les pertes.
C’est aussi un coup dur pour Selim Tiar, responsable de la salle Urban Tonic, à deux pas de la place des Jacobins, « c’est une rentrée biaisée, la vraie rentrée ce sera en septembre ». Difficile de prévoir si les personnes vont réussir à se motiver. Entre crainte du virus et envie de profiter de l’extérieur, les salles les plus spacieuses risquent de se voir boudées. « Les gens nous disent qu’ils veulent éviter les grandes salles, à la fois par peur d’être contaminé mais aussi pour avoir un meilleur suivi », admet le professionnel du CrossFit, qui réalise des séances avec dix personnes maximum.
Pour inciter les moins motivés à renouer avec la salle, Urban Tonic offrira deux mois d’accès gratuits à ses abonnés jusqu’en septembre. « C’est aussi pour compenser la perte qu’il aurait pu avoir durant les différentes périodes de fermeture », affirme Selim.
« Certains abonnés vont découvrir la salle pour la première fois »
Si l’on parle de réouverture, de nombreuses salles n’ont jamais réellement fermés. Des coachings privés et des séances sur ordonnance ont permis à de nombreuses salles de poursuivre leurs affaires. Chez Urban Tonic, la transpiration n’a jamais cessé de couler : « On a accueilli tous les jours des personnes pour les coachings individuels. La salle a continué de tourner et elle est prête pour accueillir plus de monde », affirme Selim Tiar.
Rémi Dumont a, lui, choisi de continuer les séances de CrossFit pour tous, mais à l’extérieur : « On prenait le matériel dans le hall et on s’installait place du Maréchal Lyautey. Deux tiers de nos adhérents ont suivi ces séances. Le but était de continuer à faire bouger les gens et ça a plu », explique le coach. Dès mercredi, les sessions reprendront uniquement à l’intérieur : « Certains abonnés vont découvrir la salle pour la première fois, alors qu’ils s’entraînent depuis des mois », poursuit le jeune homme.
Mettre à bien des projets
Les pertes économiques ont ainsi réussi à être minimisées, grâce aux activités mais aussi grâce aux aides de l’Etat. « Nous allons très bien économiquement », assure Rémi. Chez Urban Tonic, des rénovations sont en cours et du nouveau matériel vient d’arriver : « Ca fait 7 ans qu’on est là, c’était l’occasion de redonner un coup de neuf ». Arnold Gond de Box Ksius a lui aussi profité de cette parenthèse sous contrainte pour mettre à bien son projet : « Je vais ouvrir une boutique, juste à côté, et une deuxième salle dans le 6ème arrondissement ». Scotché à son téléphone, il finalise l’embauche de deux futurs coachs : « On va passer de 3 à 7 salariés ». Malgré une année chamboulée, ces salles lyonnaises ont réussi à s’adapter et à innover. Les coachs n’attendent plus qu’une chose : retrouver leur clientèle pour les faire se dépenser. Et enfin faire ce qu’il leur plaît : leur métier.
Iris Bronner