Retrouvez la première partie ici.
Comment redonner de l’attractivité à Givors, qui est une ville oubliée du Rhône ?
Je regrette que Givors soit toujours la dernière roue du carrosse. Ce que je peux dire, c’est qu’aujourd’hui, on est dans une situation critique sur toutes les thématiques, dans tous les domaines. Pour redorer l’image de Givors, je pense qu’il faut du renouveau dans une équipe avec des compétences. Je suis pour l’ouverture. Quand un bon projet est proposé par l’opposition, qu’on soit de droite ou de gauche, tant que ça va dans l’intérêt des Givordins, je ne vois pas pourquoi on ne le mettrait pas en place. Il y a eu des projets qui ont été portés par les précédentes municipalités comme la création d’un cinéma par exemple. On veut recréer des éléments d’attractivité festifs. On va créer une salle de spectacle de 600 places, ce qui n’existe absolument pas à Givors. Aujourd’hui, on a des salles polyvalentes qui se transforment. Donc on va mettre l’accent sur la gaieté, la joie de vivre.
Aussi, il faut agir sur l’aspect urbain et humain avec des mesures d’accompagnement pour les jeunes. On veut créer une maison municipale de l’emploi à l’instar de la MDE qui était porté par Jean Louis Borloo en 2005. On veut qu’il y ait de la proximité parce qu’on constate que pour l’emploi, on n’a aujourd’hui pas forcément de connexion avec les grosses entreprises pourvoyeuses d’emplois, les grandes enseignes. Donc on veut vraiment travailler et trouver la bonne équation locale. L’antenne universitaire, c’est aussi pour donner une autre image de Givors, que la ville où les jeunes tiennent les murs. On veut aussi mettre en place des mesures sociales, parce qu’aujourd’hui Givors est l’une des villes les plus taxées au niveau de la taxe foncière. Ceux qui arrivent à accéder à la propriété se font massacrer sur la taxe foncière. C’est important : des Givordins quittent la ville parce que c’est trop cher, notamment car on a plus de 45% de logements sociaux. Ce n’est pas contre les personnes qui y sont, c’est systémique, mais il faut absolument retrouver de la mixité sociale dans le sens où on a des gens qui ont un peu de pouvoir d’achat et qui peuvent promouvoir l’équilibre financier de la ville.
Vous pensez que si vous êtes élue maire, vous allez pouvoir travailler avec Renaud Payre, vice-président de la Métropole et délégué à la politique de la ville ?
La ville est engagée dans des projets de rénovations urbaines, notamment dans le quartier des Vernes. Sur le quartier, le préfet a pu obtenir un financement régional. Je vais demander à la métropole de nous accompagner sur des projets de rénovation parce que les habitants des Vernes ont aussi l’impression d’être abandonnés. Un peu plus de 8 000 habitants sur 20 000 sont en quartier politique de la ville, donc on va démontrer toute la nécessité qu’il y a à prendre en compte les problématiques sur les quartiers. Je demanderai à Renaud Payre d’accélérer les dossiers. On en a des kilomètres d’études ; maintenant, il faut agir parce que c’est important de reconnecter l’ensemble dans la ville.
Quelles mesures souhaitez-vous prendre pour améliorer les conditions environnementales ?
On voudrait développer toute une technologie et des dynamiques autour des métiers nouveaux, comme sur le photovoltaïque. On a énormément de bâtiments à rénover. Au niveau de la renaturation du centre-ville, on a un plan de végétalisation important. On souhaite aménager les berges du Rhône et du Gier. Il y un gros capital développement autour de la nature et du transport fluvial pour créer de l’emploi et de l’attractivité.
Parlons de sport. Le water-polo, c’est le sport phare de la ville. Quels sont les autres sports que vous souhaiteriez développer dans la ville ?
J’aimerais soutenir et fortifier les équipes féminines. J’ai une cousine qui fait partie de l’équipe de France de football, Kenza Dali. Ça me tient donc à cœur. On veut développer le sport collectif, la mixité dans les activités. On veut absolument développer ça au niveau des associations. On doit encourager financièrement les structures pour qu’elles promeuvent un peu cette mixité des genres. Je pense que ça va dans le bon sens. On constate à Givors une hyper masculinité dans les espaces publics et ça crée parfois un climat anxiogène, notamment chez les jeunes filles qui rentrent le soir. Donc on veut retrouver une ville de partage et ouverte. D’ailleurs, je pense que le contexte étudiant pourrait favoriser cela. Si on met une antenne universitaire à Givors, ça va participer à cette dynamique parce qu’on voit que sur les campus qu’il n’y a pas de regroupements de genres.
Aussi, on a pas mal de grands champions qui viennent de Givors. J’aimerais qu’on recrée du lien entre nos champions et les jeunes. On encouragera les jeunes sportifs à évoluer, mais en échange par la suite, ils devront s’engager dans des partenariats avec les jeunes des quartiers. On a des sports qui nous caractérisent : le water-polo est vraiment le patrimoine de notre ville. Les clubs de boules aussi participent à créer des espaces de convivialité. Donc je pense qu’il faut les consolider et impliquer les jeunes avec les établissements scolaires pour leur montrer ces activités.
Au niveau de l’accès aux soins, que comptez-vous faire ?
Il y a un axe très important : créer une mutuelle municipale de santé immédiate. Aujourd’hui, vous avez des Givordins qui ne se soignent pas parce qu’ils n’ont pas de mutuelle. On a une commune à proximité qui a développé cet exercice, Mornant. L’idée c’est d’aider les personnes en fixant un seuil de revenu. C’est un accompagnement progressif avec la mise en concurrence des grosses structures mutuelles. On va faire un appel à manifestation d’intérêt. Il y a une frange de personnes qui ne se soignent plus donc on va les identifier et on va mettre en concurrence les mutuelles pour faire baisser les coûts.
Est-ce que vous avez le sentiment que Givors laisse assez de place à la culture ?
On a peu de jeunes qui fréquentent le théâtre malheureusement. Il y a des actions qui sont faites grâce aux établissements scolaires mais on voit peu de jeunes dans les représentations théâtrales, ça reste une élite, et une élite qui vient de l’extérieur de Givors. Donc l’idée, dans le programme, c’est de consolider la MJC. C’est aux acteurs associatifs de tirer les jeunes vers les activités. On va faire un Pass culture, qui existe sur certaines collectivités. On a une dotation politique de la ville et il y a des passerelles qui sont co-finançables par l’ Éducation nationale et aussi par la DRAC. Je tiens à ce que toutes les aides éducatives soient consolidées pour développer l’accès à la culture, qui pour moi est le pendant du volet éducatif.
Concernant les écoles justement ; comment rendre les écoles plus vertes ?
On va construire quelque chose avec les partenaires locaux pour avoir de la nourriture bio dans les cantines. Le hasard fait que dans notre structure politique, on a quelqu’un qui a donné toute sa vie pour redonner un aspect vertueux à la culture agricole, un apiculteur de Givors, qui a 150 ruches et qui produit. Donc on va encourager les politiques vertueuses de l’alimentation, mais là aussi il y a des aides européennes pour faciliter l’orientation vers l’agriculture vertueuse. On est en partenariat avec Les Potagers du Garon qui est une structure d’insertion sur Grigny. On sera adhérents au slow food plutôt qu’au fast-food. On va solliciter aussi les partenariats privés. Je suis toujours à l’affût des appels à projets européens. Il faut développer une stratégie de veille pour développer tous les fonds et notamment les fonds européens.
Le chômage est en augmentation depuis 2008. Comment développer l’emploi et l’insertion ?
On est quand même à plus de 20% de chômage. Dans notre programme, on a la création de maisons de l’emploi. On s’inspire des exemples qui fonctionnent, au-delà des structures institutionnelles de pôle emploi et des missions locales. Ce qui nous gêne, c’est que le bassin de ces structures est bien plus large que celui de Givors. Il faut un suivi individuel et non plus des masses qui arrivent.