Le 9 avril dernier, une femme d’âge mûre a comparu devant la justice du tribunal d’instance du 3e arrondissement de Lyon. Cette dernière a été convoquée pour une agression à l’arme blanche dont elle aurait été l’auteur.
Il est 14h00 lorsque Madame B. fait son apparition derrière les barreaux, escortée par deux représentants des forces de l’ordre, à l’allure imposante. Elle est vêtue d’un col roulé sombre et d’un pantalon. Ses cheveux sont attachés en queue de cheval. Sur un seul et même visage qui est le sien, on peut lire tant de choses à la fois : tristesse, peur, regrets et stress. Un stress qui sera bel et bien présent du début de l’audience jusqu’au verdict final.
Que reproche réellement la justice à Madame B. ?
Si Madame B. se tient ce jour-là derrière les barreaux c’est pour cette raison : elle a agressé quelqu’un au couteau. Après analyse des vidéos de surveillance et lecture du rapport de police, Madame la juge demanda à la présumée accusée de lui raconter sa version des faits suite à ce sombre incident. Madame B. expliqua qu’elle a agressé la victime parce que cette dernière lui aurait volé son paquet de cigarettes et d’autres affaires à elle et à son ami, présent le jour du drame. Si on se fie à sa version des faits, elle aurait eu à passer à l’acte parce que la victime se serait montrée insistante et aurait eu à manifester certains actes violents à son égard : jet d’une bouteille remplie d’un liquide sur elle, coups de pied, et bien d’autres. Sous le coup de la colère et de l’adrénaline, elle mis un coup de couteau à la victime, ce qui finira par lui porter préjudice.
« C’était un couteau de cuisine, un couteau pour faire la viande… »
Madame le juge demanda à Madame B. de lui en dire un peu plus sur l’arme du crime dont elle s’était servie. Elle confia devant toute la Cour que c’était « un couteau de cuisine, un couteau pour faire la viande ». Suite à cette déclaration qui fit froid dans le dos, Madame la juge mentionna le fait qu’après avoir agressé la victime, Madame B avait tenté de fuir la scène du crime. Malheureusement pour elle, les forces de l’ordre arrivèrent avant qu’elle ne puisse fuir. Quand on lui demanda pourquoi elle n’avait pas attendu l’arrivée des forces de l’ordre, elle déclara que c’était parce qu’« elle était paniquée, elle n’était pas bien et elle trouvait essentiel d’aller informer d’abord son mari ». Déclaration à la suite de laquelle elle éclata en sanglots.
Une version des faits quelque peu douteuse…
La défense de la victime a apporté à la Cour autant d’éléments qui au grand malheur de la défense de l’accusée, ont fait perdre en crédibilité le discours de sa cliente. En défendant son client, elle a mentionné le fait que l’arme du crime mesurait environ 10 centimètres et qu’elle avait touché l’abdomen et le thorax de ce dernier. C’est pourquoi elle a insisté sur le fait qu’elle souhaitait que réparation des dégâts causés et justice soient faites pour son client.
Après le discours de la partie civile, Madame la juge repris la parole en dressant le portrait de Madame B. Elle mentionna plusieurs éléments comme le fait qu’elle ne travaillait pas en ce moment ou encore le fait qu’au moment de l’agression elle était SDF. Elle rajouta le fait qu’au moment de l’agression, Madame B. était ivre. Après la mention de ces éléments non négligeables, elle en profita pour mentionner une phrase que l’accusée aurait eu à dire avant de passer à l’acte : « Tu sais moi si on me touche, je mets un coup de couteau. On touche pas aux femmes »
La juge fit comprendre à l’accusée, qui avait du mal à entendre les déclarations faites sur elle, que sa version des faits était peu crédible. Pourquoi ? Parce que les caméras de surveillance et le témoin oculaire présents ce jour-là quelques mètres plus loin, confirmaient bel et bien sa culpabilité.
« C’est d’une tristesse… »
« C’est d’une tristesse… », tels sont les mots prononcés par la défense de Madame B. après avoir entendu les discours de l’autre défense, de Madame la Juge et de ses consœurs. Cet avocat était stupéfait après avoir constaté que la Cour était prête à se baser sur l’instabilité sociale de Madame B. pour l’inculper.
Pour ce dernier, il fallait se questionner sur les éléments qui auraient poussé sa cliente à poser un tel acte. Surtout que c’était la première fois qu’elle posait un acte de ce genre et que son casier judiciaire a toujours été vierge jusqu’à lors. « Elle craint les Hommes. Elle a été violée par son père pendant plus de 15 ans. Elle a songé à se suicider à cause de tout cela. Elle a sombré dans la cocaïne très tôt. Quand elle vous dit qu’elle a peur des hommes, ce n’est pas pour rien ! » a-t-il déclaré avant de rajouter que vu le passé tumultueux et bien difficile de sa cliente, « 2 ans de prison, c’est trop ».
« J’ai conscience que c’est un endroit vital que j’ai visé, je regarde Grey Anatomy tous les jours… »
Avant que le verdict final ne soit rendu, Madame la Juge a demandé à Madame B. si elle avait quelque chose d’autre à rajouter. Madame B, en sanglotant a répondu que c’était quelqu’un de gentil, de joyeuse, et pas agressive du tout. Elle a rajouté qu’elle faisait la manche depuis un an pour vivre et que cela faisait un an qu’elle cherchait du travail.
La juge lui a demandé si elle avait conscience de la gravité des coups de couteau donné au Thorax et à l’abdomen de la victime. C’est à ce moment que Madame B. rétorqua en disant : « J’ai conscience que c’est un endroit vital que j’ai visé, je regarde Grey Anatomy tous les jours… ». Une phrase qui malgré tout le sérieux de l’affaire en cours, suscita quelques éclats de rires discrets dans la salle. Tant bien au niveau du public qu’au niveau des juges.
La séance fut suspendue pendant quelques temps. Lorsque celle-ci repris, le verdict tomba et Madame B. fut condamnée à 18 mois de prison.
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