Dans un décor de Noël, Olivier Faure, en Père Noël mélancolique, remet un volumineux paquet à un Sébastien Lecornu tout sourire. Une scène de saison qui résume, en un face‑à‑face, la relation ambiguë entre majorité et opposition.
Dans un décor de fête minimaliste, Olivier Faure, en Père Noël mélancolique, remet un volumineux paquet à un Sébastien Lecornu tout sourire. Une scène de saison qui résume, en un face‑à‑face, la relation ambiguë entre majorité et opposition.
Déguisé en Père Noël, manteau bordé de fourrure et bonnet légèrement de travers, Olivier Faure apparaît avec l’air grave d’un messager plus que d’un distributeur de joie. Son regard fatigué tranche avec la symbolique traditionnelle de générosité et de légèreté associée aux fêtes de fin d’année. À ses pieds, un sapin minuscule, à peine esquissé, donne l’impression d’un décor improvisé, comme si la scène s’était jouée en coulisses plutôt que sur la grande scène officielle.
Face à lui, Sébastien Lecornu est représenté en civil, costume sombre et posture recueillie, les mains jointes comme pour remercier un bienfaiteur. Le contraste est saisissant : à la silhouette lourde et résignée d’Olivier Faure répond une attitude presque enfantine de la part du chef de l’exécutif, manifestement ravi de ce qui lui est remis. L’exagération des expressions, typique du dessin de presse, permet de condenser en quelques traits une relation de pouvoir où chacun, pourtant, semble jouer un rôle attendu.
Le paquet que tient Olivier Faure est volontairement disproportionné, encombrant, presque plus grand que le petit sapin qui l’accompagne. En le présentant ainsi, le dessinateur suggère que ce cadeau n’est pas un présent ordinaire, mais un objet politique lourd de conséquences. L’écriture manuscrite qui recouvre la boîte, associée au « Joyeux Noël » griffonné à la hâte, renforce l’idée d’un geste contraint, loin de la spontanéité festive. Faure n’apparaît pas comme un Père Noël triomphant, mais comme un responsable contraint d’assumer un rôle délicat.
Sébastien Lecornu, lui, est tout en exclamations et en gratitude débordante, comme si ce qu’il reçoit venait combler un manque ancien. Son sourire, ses yeux écarquillés et ses répliques enthousiastes achèvent de transformer la scène en petite pièce de théâtre politique. Le chef du gouvernement semble y découvrir la réalisation d’un souhait longtemps formulé, tandis qu’Olivier Faure, en face, garde l’expression de celui qui sait ce que coûte réellement ce geste.
En filigrane, le dessin met en scène la dépendance mutuelle entre une opposition incarnée par Olivier Faure et un pouvoir représenté par Sébastien Lecornu. Chacun a besoin de l’autre pour que la pièce se joue : l’un pour exister comme interlocuteur incontournable, l’autre pour valider la solidité de son action. Sous les traits faussement légers d’une scène de Noël, la caricature rappelle que, même en période de fêtes, la politique continue de se jouer à coups de symboles, de paquets encombrants et de sourires parfois forcés




