La salle du conseil de l’Hôtel de ville lyonnais accueillait le jeudi 17 février la première session du Parlement étudiant de Lyon. Une occasion pour ces jeunes de débattre de certaines mesures des candidats à l’élection présidentielle.
« Il faut apprendre aux étudiants la valeur de l’argent. Insérer les jeunes dans la vie active va leur permettre de gagner leur vie et s’ils veulent un revenu, il faut qu’ils travaillent à côté », s’insurge une jeune femme en haut de l’hémicycle de la salle du conseil de l’Hôtel de ville. Ce lieu de réunion du conseil municipal a accueilli jeudi 17 février les 35 adhérents du Parlement étudiant de Lyon. Entourés des sept peintures de l’histoire de la cité, pour la première fois, ils endossent le rôle de parlementaire pour un soir.
« 40 % des étudiants font un travail à côté de leurs études«
Au menu des débats : la non-déclaration des manifestations, le port de l’uniforme à l’école, l’interdiction de la voiture dans les centres villes et le revenu universel étudiant. Après cinq minutes de préparation des arguments en groupe, un garçon lance avec conviction : « Donner la valeur de l’argent aux étudiants ça ne passe pas forcément par les assécher ! Réussir leurs études sans avoir besoin d’aides à côté, c’est pour moi quelque chose qui relève d’une grande pertinence. 40% des étudiants font un travail à côté de leurs études dont 8% considèrent que leur emploi est contraignant vis-à-vis de leurs études selon l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) ».
Des mesurettes pour les jeunes
Un tonnerre d’applaudissements retentit. Un étudiant répond en s’appuyant sur les programmes des candidats à l’élection présidentielle 2022 : « Les jeunes sont les moins sensibilisés aux élections donc évidemment tous les candidats présentent des mesurettes pour dire « voter pour moi je vais vous donner 5 000€ à 18 ans, je vais vous donner 800€ tous les mois ». Donc revenu pourquoi pas? mais universel sûrement pas ». Anne Hidalgo, maire de Paris et candidate à l’élection présidentielle, propose de verser ce montant pour tous les jeunes majeurs. Pour le revenu mensuel, c’est Christiane Taubira qui en est à l’origine.
La campagne présidentielle semble être suivie de près par ces jeunes même si elle les ennuie un petit peu et a du mal à démarrer selon Rémi Valverdet, étudiant en première année de droit à Lyon 3. Vêtu d’un costume gris, le jeune homme pense que « la présidentielle s’est déjà jouée mais (que) les législatives vont être le cœur de la politique des cinq années qui viennent. Le Parlement des étudiants, c’est typiquement le mandat de députés ». Pourtant, les membres ne sont pas élus et les décisions qu’ils prennent ne sont pas effectives. L’objectif est d’encourager les étudiants à s’intéresser à la vie politique en créant un espace propice à la discussion dans le respect des idées d’autrui comme l’a rappelé Charles Plault Perrier vice- président de l’association en début de séance. L’idée est née en septembre 2021 autour de Lucas Valastro, le président et son groupe d’amis. Les douze membres du bureau organisent des visites des institutions politiques, des conférences et des sessions parlementaires. Élaboration de proposition de lois, discussion et vote, l’objectif est de recréer de manière fictive le travail des parlementaires.
« Venez comme vous êtes »
« On est un peu le McDo politique, explique Charles en début de séance, venez comme vous êtes. » Le cadre est très formel mais l’ambiance est décontractée. Le Parlement des étudiants de Lyon veut accueillir tout le monde. Les universités de Lyon 2, Lyon 3 et l’université catholique de Lyon (Ucly) sont représentées mais les étudiants sont en majorité en droit et/ou en science politique.
D’autres difficultés ont été rencontrées, par exemple le premier débat sur les manifestations n’a pas démarré. Puis, l’écriture du sujet sur le revenu universel a été confondue avec l’allocation à l’autonomie jeune. Des problèmes dont Estelle Demars, la secrétaire générale, est consciente : « On écoute beaucoup les retours, on a encore beaucoup de choses à améliorer mais pour une première c’est plutôt réussi ! ». Le sourire sur les lèvres de Rémi lui donne raison : « C’est une belle expérience. Il y a un côté formateur, les jeunes apprennent la logistique et un côté ludique, on s’amuse ».
Une initiative qui est également félicitée par Chloë Vidal, troisième adjointe au maire de Lyon, en début de soirée : « Encourager la participation des jeunes à la politique est essentielle à la démocratie surtout avec les élections qui approchent à grands pas. Vous enrichissez le débat avec l’expression de vos idées ». Des groupes d’affiliation partisane seront créés pour les séances suivantes. Gauche populaire, écologie, démocratie et solidarité ou encore union républicaine et populaire, chaque adhérent choisit le groupe qu’il souhaite rejoindre sur les réseaux sociaux pour les prochaines sessions.
Ce premier événement se voulait apolitique. Les groupes se sont déjà formés pour les prochaines sessions.
Margaux Courbon (cliquez ici pour voir son contenu journalistique sur Instagram)