Saviez-vous que Spider-man et ses potes ont débarqué à Lyon en 1969 ? Retour sur les éditions Lug, une maison d’édition lyonnaise qui a marqué les esprits de nombreux geeks français.
L’espace d’un temps, Lyon a été la capitale de la bande dessinée populaire et le nom des éditions Lug n’est pas étranger aux nombreux aficionados du neuvième art. Créée en 1950, par Marcel Navaro et Auguste Vistel, la maison Lug, du nom romain de la capitale des Gaules (mais aussi du dieu gaulois du commerce) se spécialise dans la bande dessinée dite « petit format ». Il s’agissait de nombreux récits en noir et blanc, principalement des westerns. Les plus âgés d’entre vous se souviendront de Blek le Roc ou de Tex Willer.
Grand tournant à la fin des années soixante avec l’importation des super-héros américains de Marvel Comics. Ainsi, sort en 1969, Fantask avec, pour la première fois dans la langue de Molière, Spider-Man (ou l’Homme Araignée comme on disait dans le temps !) et les Quatre Fantastiques. Malheureusement, la publication cessera au bout de sept numéros sous le poids de la censure. En effet, ces revues, destinées à la jeunesse, avaient bien mauvaise presse auprès des « gardiens » de la moralité. « Cette publication est extrêmement nocive en raison de sa science-fiction terrifiante, de ses combats de monstres traumatisants, de ses récits au climat angoissant et assortis de dessins aux couleurs violentes. Et l’ensemble de ces visions cauchemardesques est néfaste à la sensibilité juvénile. », expliquait, à l’époque, la commission de Censure sur les Publications destinées à la jeunesse.
En 1970, naîtra Strange : la mythique revue qui démocratisa les super-héros dans l’hexagone. Elle sera suivie de nombreuses autres. C’est ainsi que les jeunes français découvriront « l’invincible Iron-Man », « les mutants X-men » ou encore « l’intrépide Daredevil ». Les aventures de tous ces personnages étaient ainsi traduites à Lyon et parfois redessinées pour échapper à la censure. Même les couvertures étaient peintes à la main par des artistes locaux comme Jean Frisano.
Dans les années 80, la maison d’édition invente les super-héros made in France : Mykros et Photonik. Ce fut l’âge d’or de la maison Lug, notamment avec des titres tirés jusqu’à 100 000 exemplaires.
Nouveau rebondissement en 1988 : la société lyonnaise est revendue au groupe suédois Semic. L’édition des titres durera jusqu’en 1996 avec la fin de la licence d’exploitation des séries Marvel. En 1997, le groupe quitte Lyon.
Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Beaucoup de papier jauni ! Mais aussi de nombreux souvenirs pour toute une génération. Et, bien sûr, des magazines revendus à prix d’or dans de nombreuses boutiques et chez les bouquinistes : jusqu’à 800 euros pour le premier numéro de Strange de janvier 1970.
En tout cas, sache, toi, jeune fan de super-héros qui a lu ces quelques lignes, qu’à l’heure des super productions hollywoodiennes tout est parti de Lyon !
Auteur : Rochdi Chaabnia