inoundi, pour le troisième show du festival l’Original, le public a apprécié avec effervescence la prestation du rappeur villeurbanais J.p.G, vainqueur du Buzz Booster 2015. Ce dernier s’avère être un grand activiste sur le front du hip-hop lyonnais. Il passait en première partie de l’américain Joey Badass. Rencontre.
Tremplin incontournable dans le monde du hip-hop français, le Buzz Booster permet de sortir définitivement de l’ombre des talents qui souvent ne sont pas des novices. Dans la région Rhône-Alpes, Lyon a souvent été très bien représentée avec les M8HS (2009), Nanoo du groupe La Fusillade (2011), l’Inso des M8HS (2012), Yoko (2013) ou Gerri Madani (2014). J.p.G, qui a inscrit son nom au palmarès régional de la sixième édition, apporte cette année une touche tout à fait différente.
Dans la grande salle du Transbordeur, on revenait aux ambiances du vrai rap français. Le flow coulait, le texte s’allongeait dans un écho qui a emporté la salle. J.p.G et son comparse Nabil sont des poètes dont l’attitude tranche avec celle de l’américain Joey Badass. A la fin du morceau, le beat s’atténue et les dernières paroles du texte à capella coupent le souffle au public.
Le rappeur est né à Yaoundé en 1990, « quand les Lions indomptables sont allés jusqu’en quart de finale de la coupe du monde. » Tient-il à souligner. Pour l’artiste issu des quartiers aux alentours des Buers et de Croix Luizet, la rencontre avec le rap s’est faite en 1993 avec les albums de MC Solar « Qui sème le vent récolte le tempo » et de Suprême NTM « Paris sous les bombes » en 1994. Il débute en 2003 avec le groupe Unité Africaine qu’il crée avec son ami rencontré au collège Nabil (27 ans), désormais son backeur sur scène.
Un best of pour commencer
J.p.G ne fait rien comme les autres. Il aime les parcours aléatoires. Il sort le premier morceau enregistré « Still lyonnais » sur la production » Still Dre » alors qu’il est en 4ème. En 2011, arrive un premier street albums gratuit de seize titres « Premières esquisses » avec le label Nemesis Music crée en 2010 avec Nabil et le producteur ALYé qui est en fait un premier best of des chansons qu’il avait écrites avec « Pompafrika », l’un des titres majeurs de son répertoire.
La même année, l’album « Un pas vers la vengeance » a rassemblé des Lyonnais, des Américains du label indépendant Hard Hitters et des Parisiens sur vingt-trois sons. Lilou des Pockemon, Narco ou Libre Penseur y ont participé.
Un MC activiste et actif
Le rappeur villeurbannais J.p.G revendique un côté activiste dans le hip-hop : « Je m’intéresse à la danse et au graphiti, j’ai des nombreux amis breakers. Je n’ai pas vraiment de rancœur contre le rap commercial, je fais mon truc. Ceux qui aiment tant mieux, ceux qui n’aiment pas tant pis ! »
C’est dans cette optique qu’il a créé « Pass pass le mic ». La première saison de 3 épisodes est déjà sortie et la deuxième comportant 3 volets est prévue pour juin. C’est un média consacré au hip-hop avec des interviews des gens qui sont actifs dans la street culture. Pour lui, le hip-hop doit pousser à la réflexion et pas seulement divertir.
Il reconnaît être très critique avec les autres MC :
« Il y a des rappeurs à qui j’ai dit qu’ils étaient nuls mais il y a des styles de musique avec lesquelles je n’ai pas d’affinités. Gerri Madani, ce n’est pas mon style mais il est fort. Mon père m’a appris une chose : pas de politique en famille ! Le hip-hop c’est une grande famille et donc… »
Une victoire qui donne de l’air
Il perçoit sa victoire au Buzz Booster avec du recul. Indécis et peu motivé au départ, c’est l’une des organisatrices de l’Original Delphine Gaillard qui l’a relancé une semaine avant la clôture des inscriptions.
« Cette année ça s’est joué sur des vidéos. J’ai envoyé une vidéo d’un live pour mon titre “De l’air” que j’ai fait pour une association “L’étage Folk” qui organise des concerts dans un appartement. »
En attendant, un album neuf titres en préparation d’ici la fin de l’année, J.p.G écume les scènes et se constitue un emploi du temps sans case vide. Le Villeurbannais fait partie des soldats qui emmènent désormais le rap lyonnais vers des horizons nouveaux.