Partie pour une année d’étude au Liban, Marie Grillot a accepté de nous raconter, chaque mois, des tranches de vie locales. Voici la deuxième partie de son « Libantrip ».
<< Episode 1 : Au pays de la lumière… commerciale
Ce mois-ci, après trois mois de découvertes du Liban, je suis rentrée pour les fêtes. L’idée de passer Noël sans ma famille, à mon grand étonnement (l’esprit de famille et de Noël… très peu pour moi), m’attristait ! Il faut pourtant croire que la vingtaine d’années à célébrer la venue du Christ, en écoutant des chants traditionnels sous l’initiative de ma mère, dans toutes les langues et tous les genres musicaux, et à voir le sapin, la maison et les rues décorés en attendant patiemment le Père-Noël arriver m’ont habitué à cette ambiance.
J’ai donc retrouvé la France à peu près comme je l’avais laissée : sans DSK sur la scène politique, avec Sarkozy à la télé et toujours en crise ! Après avoir quitté un Liban ensoleillé au froid relatif (on mangeait encore très souvent sur notre balcon le midi), me voilà soudain plongée sous le neige et la grisaille quasi-continue. Après quelques jours là-bas, j’ai l’impression d’être en hibernation. Mais l’air frais me réjouis et la possibilité de pouvoir de nouveau marcher sur un trottoir sans avoir à subir les klaxons des taxis qui espèrent rendre service ainsi que des autres voitures pour te prévenir de leur passage ou pour t’interpeller, m’enchante. Je retrouve aussi le confort des douches chaudes à n’importe quelle heure, le luxe des appartements surchauffés quand il fait moins 5°C dehors, le calme, l’air pur et… la discipline !
Je me délecte de pain frais, de beurre, je retrouve le cocon familial et les apéros (bon, d’accord, ça, j’avais pas arrêté) avec les amis. Bref, je retrouve ce qu’on pourrait appeler « des racines », ces espèces d’attaches que j’aimais pourtant tellement dénigrer !
Dehors, je m’étonne de l’ordre qui règne : les stops sont respectés, les cédez-le-passage aussi : on ne transige pas avec la sécurité routière ! Les cigarettes sont redevenues un produit de luxe : à 1,50€ au Liban, elles sont passées à environ 6€ en France. Là encore, on ne transige pas avec la santé publique ! Aucun bus ne circule et, quand c’est le cas, c’est à heure fixe. Le train est redevenu un moyen de transport comme les autres alors que, au Liban, ils ne circulent plus depuis 1995. Je me surprends à déborder d’enthousiasme en l’attendant sur le quai.
Noël et nouvel an se passe dans le calme et, bientôt, il est temps de repartir.
Coups de feu en l’air et feux d’artifice pour la nouvelle année
Encore une fois, je retrouve le Liban comme je l’avais laissé : infatigable et ensoleillé. Les cours reprennent avec les partiels à la clé. Rien de très compliqué comparé à la formation universitaire française. Sans mes cours d’arabe (4*2h30), j’ai quatre cours de trois heures, soit douze heures par semaine. Un grand changement pour moi ! Les cours sont en français, ce qui explique également mon aisance vis-à-vis des locaux, mais les retards méthodologiques sont inquiétants. La dissertation et les sujets de réflexion ne sont pas tout à fait acquis en licence. Souvent, les professeurs sur-notent par dépit. Dans tous les cas, et c’est très appréciable, ils n’ont pas cette condescendance que beaucoup ont.
Je retrouve des amis libanais, ils ont passé les fêtes à peu près de la même façon que nous. Noël en famille, avec un bon repas à la clé, le foie gras en moins (sauf quand on a la chance d’habiter à coté de la seule ferme libanaise productrice de foie gras, comme un de mes professeurs). Pour le Nouvel An, ceux qui peuvent se rejoignent dans des chalets à la montagne et sortent dans la rue pour les douze coups de minuits. Ensuite, ils voguent de maison en maison pour se souhaiter la bonne année, et pour boire un verre ! Les coups de feu en l’air ponctuent le bruit des feux d’artifice, même si un responsable politique demande de « ne pas interdire ces coups de feu, mais de, tout de même, veiller à viser correctement ! ».
Et puis, la routine reprends son cours : non, pas de métro-boulot-dodo ici ! D’abord, il n’y a pas de métro, ensuite il ne s’agit pas de boulot mais de boulots et, enfin, on peut enlever le dodo. Les jeunes Libanais ne dorment pas, ils font la sieste tout au plus ! Souvent, ils cumulent cours, travail ou stage, voire deuxième travail de nuit plus une activité associative. Le temps de libre qu’ils leur restent, ils le passent à faire la fête ! Un rythme de vie à l’image de la région en quelque sorte !
L’article sur le site de notre partenaire freelandz.fr : http://www.free-landz.fr/une/libantrip-episode-2
Journaliste : Marie Grillot