Le bar Toï Toï Le Zinc a organisé son premier café sciences sur les PFAS

Mardi 21 mai à 20h, sous une lumière tamisée, débute une conférence de vulgarisation scientifique animée par Louis Delon, chimiste spécialisé dans les PFAS, maraîcher bio et porte-parole d’Ozon l’eau saine. La conférence, organisée par Audrey Ariapoutri, écologiste et activiste depuis 22 ans, s’articule autour de la question centrale : « PFAS : L’eau de la région lyonnaise est-elle potable ? ».

Devant une vingtaine de personnes, une explication est donnée sur ce que sont les PFAS, les premiers scandales les concernant, leurs dangers et les solutions possibles pour y remédier.

Le scandale des PFAS, dits « polluants éternels »

Louis Delon, porte-parole de l’organisation Ozon l’Eau Saine, est déterminé à sensibiliser le public et à interpeller les pouvoirs publics sur le scandale des PFAS. Les per- et polyfluoroalkylées (PFAS) sont une famille de 4 730 molécules chimiques utilisées depuis les années 1950 dans diverses applications industrielles et produits de consommation courante comme les textiles, les emballages alimentaires, les mousses anti-incendie, les cosmétiques et les dispositifs médicaux. Bien que récemment médiatisé, ce problème environnemental existe depuis des décennies, notamment révélé par le film « Dark Waters » en 2019 qui illustre le scandale de l’entreprise DuPont.

Le chimiste a félicité l’enquête de Vert de Rage publiée 2022, qui a révélé que l’usine Arkema à Pierre-Bénite rejette des PFAS dans le Rhône, contaminant les champs captants de Ternay. Les PFAS, appelés « polluants éternels », sont extrêmement résistants et persistent dans l’environnement et l’organisme humain, où ils se lient aux protéines plasmatiques et peuvent mettre 3 à 8 ans pour être éliminés à seulement 50 %. Ces substances toxiques affectent divers organes, dont le foie, les reins, la rate, les poumons, les testicules et le cerveau.

Les PFAS sont bioaccumulables, ce qui signifie qu’ils s’accumulent dans l’organisme au fil du temps. L’étude Esteban a révélé des niveaux inquiétants de PFAS dans le sang des Français. En réponse, la réglementation européenne de 2020, a été intégrée au droit français en 2023, ainsi la limite de qualité est de 0,10 µg/L pour 20 PFAS et la recherche systématique des PFAS sera incluse dans le contrôle sanitaire à partir du 1er janvier 2026. L’eau contaminée à Ternay serait bien au-dessus de ce seuil, selon Médiacités.

Un danger sanitaire

Les travailleurs de l’usine Arkema et les riverains sont les plus touchés par une concentration élevée de PFAS. Pour protéger les enfants, certaines mères cessent d’allaiter pour éviter de transmettre les PFAS à leur bébé. La contamination provient principalement de l’eau et du sol, exigeant une vigilance particulière concernant l’alimentation, notamment les œufs et les produits agricoles du secteur de Pierre-Bénite, a annoncé la préfecture. L’EFSA a identifié que les produits de la mer, les œufs et les viandes contribuent le plus à l’exposition aux PFOS et PFOA (types de PFAS). Néanmoins, l’eau en bouteille n’est pas une solution idéale en raison de la présence de microplastiques.

Arkema commercialise désormais un autre type de PFAS, le PVDF, qui serait jugé par l’entreprise de « peu préoccupants ». La métropole de Lyon a assigné en justice l’usine, qui va comparaître devant le tribunal judiciaire de Lyon le 28 mai prochain. Le 4 avril 2024, l’Assemblée nationale a approuvé en première lecture la proposition de loi qui interdit à partir de 2026 les vêtements, cosmétiques etc. De plus, la loi prévoit un contrôle de l’eau potable, l’élaboration d’une carte des sites émetteurs et la mise en place d’une taxe pollueur-payeur.

Pour protester contre cette situation, une marche intitulée « Marche festive des citoyen.ne.s et travailleur.euse.s » se tiendra le 26 mai à 15 h, de la gare d’Oullins à l’usine d’Arkema. Cette manifestation vise à appliquer le principe du « pollueur-payeur », demandant aux responsables de financer la dépollution du sol et de l’eau.

 

 

 

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