La seconde main : un nouveau business à la mode 

Face aux désastres écologiques et sociaux causés par la fast fashion, le marché de la seconde main connaît un essor fulgurant. Devenue tendance, cette pratique s’impose comme une alternative perçue comme plus éthique et responsable. Des milliers de colis de vêtements d’occasion circulent désormais chaque jour à travers l’Europe, alimentant une nouvelle économie. 

Derrière cette consommation dite « engagée », se cache aussi un business florissant, qui n’échappe pas aux logiques de rentabilité et de massification.

Une consommation plus éthique 

La seconde main s’inscrit dans un mode de consommation plus éthique, évitant le gaspillage et la pollution engendrée lorsqu’on se débarrasse de vêtements. Et c’est cet argument qui séduit souvent les consommateurs. Il existe beaucoup d’enseignes comme Vinted, Guerrissol, Vestiaire Collective, Leboncoin… pour consommer sans culpabilité. La seconde main rencontre donc de plus en plus de succès, tout d’abord grâce à un argument économique qui est par la suite appuyé par l’argument écologique. 

Un faux recyclage ? 

Si la seconde main est souvent présentée comme une solution écologique, la réalité de son fonctionnement peut être bien moins vertueuse. Une grande partie des vêtements collectés pour être réutilisés ne trouvent pas preneur sur les marchés locaux. Ils sont alors massivement exportés vers des pays du tiers-monde. Là-bas, ces vêtements sont censés être redistribués ou revendus à bas prix. Cependant, une proportion importante de ces textiles est en trop mauvais état pour être réutilisée. Résultat : ils finissent déversés dans des décharges sauvages, transformant certaines régions en véritables zones de pollution incontrôlable.

Un mythe écologique et éthique 

La seconde main n’échappe donc pas aux attributs de la fast fashion due à son offre infinie, à sa promotion sur les réseaux sociaux, à ses offres et rabais, aux métiers précaires… Elle peut donner l’idée d’une bonne conscience et d’une surconsommation assumée qui n’aurait pas de conséquence. Celle-ci serait alors un moyen d’acheter, voir surconsommer, de manière déculpabilisée. Le problème principal reste la surconsommation à laquelle la seconde main est aussi sujette. On assiste aujourd’hui à une offre infinie de vêtements de seconde main. Les efforts éthiques et écologiques ne servent à rien si la surconsommation persiste également dans ce domaine. 

La face sombre de la seconde main 

La vente de vêtements entrave à la collecte de dons. Quand, à une certaine époque, les anciennes générations donnaient leurs vêtements qu’ils ne mettaient plus, aujourd’hui le premier réflexe est celui de la revente. Ce qui entrave aux modèles d’économies solidaires comme Emmaüs par exemple. 

Le tri des dons de vêtements peut être délocalisé, donc trié ailleurs qu’en France. Cette forme de délocalisation a pour but de réduire le coût de la main d’œuvre. Le mode de tri de la seconde main reprend alors les mêmes schémas que la fast fashion. Le cycle de recyclage pour qu’un vêtement soit vendu en seconde main est le suivant : le vêtement est fabriqué une première fois en Asie et vendu neuf en Europe, le textile démodé retourne en Inde (leader mondial du recyclage de vêtements) pour être trié et redistribué à nouveau en Europe. La seconde main suit alors les traces de la fast fashion, devenant une mode plus qu’une solution aux problèmes de la surconsommation, de pollution et de coût des vêtements. 

©Myriam Mezahem Friperie Troc Nippes

Nous avons pu aller à la rencontre d’Orelia, qui tient la friperie (dépôt-vente) Troc Nippes, dans le 3eme arrondissement de Lyon et qui a pu nous parler un peu plus de la problématique au niveau de la seconde main. 

Malgré tout cela, la seconde main reste une bonne alternative à la fast fashion lorsqu’elle est consommée de manière modérée et réfléchie. Elle est un moyen d’affirmer son style vestimentaire, avec des pièces (parfois) uniques et de le faire de manière plus consciencieuse. 

Article signé Myriam MEZAHEM

La rédaction

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