Face à l’urgence sanitaire engendrée par l’épidémie du Covid-19, le collectif « Collège sans frontière Maurice Scève » tire la sonnette d’alarme auprès de la Métropole de Lyon et de la Préfecture. Ce lieu accueille depuis plusieurs mois 380 migrants, dont une trentaine de mineurs isolés, en situation de précarité. La solidarité s’organise avec les habitants et les associations. Les institutions se montrent peu décidées à prendre des initiatives d’ampleur.
L’inquiétude monte vis-à-vis de l’épidémie parmi les habitants et les soutiens du collège sans frontière Maurice Scève. C’est le constat que nous a dressé Sébastien Gervais et Anne Charmasson, membre du collectif. Avec plus d’un an d’existence, le squat, autogéré par ses résidents, est régulièrement en lien avec des associations et des bénévoles. La précarité et la promiscuité, déjà présentes habituellement, rend les mesures-barrière à l’épidémie impossible à mettre en place comme le rapporte Sébastien Gervais : « les chambres sont très diverses, mais il y a deux ou trois grandes chambres où ils sont jusqu’à 25. Clairement, les lits sont serrés, cela ne convient pas du tout […] Il y a aussi le moment du repas, avec des cuisiniers qui font le repas pour 150-200 personnes, donc au moment de la distribution, il y a du monde ». Sur place, des référents parmi les habitants surveillent les cas suspects et des médecins, membre du collectif, sont en lien avec l’ARS en cas de contamination.
Les associations ne sont plus mandatées par les pouvoirs publics et ne sont donc plus présentes sur place. Mais d’autres collectifs, avec des restaurants ou des traiteurs du quartier, continuent à prendre partent à la solidarité avec des dons de denrées alimentaires. « L’olivier des sages », une épicerie solidaire centrée sur la lutte contre l’isolement des personnes précaires, a fait don de 380 kits d’hygiènes : « Nous travaillons aussi énormément avec les mineurs non accompagnés, et nous avions des stocks. Cela nous a fait plaisir de participer à la solidarité, ce que nous faisons aussi avec d’autres structures. La période n’est pas facile, le gouvernement oublie les personnes précaires […] sinon, on ne ferait pas appel à nous », d’après Zorah Ferhat, directrice de l’association.
Sur place, des activités solidaires face à l’épidémie ont été organisées. Un atelier de confection de masque « maisons » pour les soignants a été créé pour répondre à la pénurie.
Des mineurs isolés livrés à eux même
Avant la crise sanitaire, le collège sans frontière Maurice Scève était sous la menace d’expulsion de ses résidents par la Métropole de Lyon dont le terrain devait être vendu à Vinci.
À l’heure de la pandémie, des discussions sont en cours avec La Métropole et la préfecture du Rhône. « Mais cela va très lentement, trop lentement pour nous vu l’urgence » selon Stephane Gervais.
La question des mineurs isolés préoccupe notamment parmi le collectif de soutien. À ce sujet, Anne Charmasson a ajouté que pour le cas « des mineurs isolés non reconnus par la municipalité, c’est-à-dire en recours devant le juge pour enfant, nous essayons de relancer les demandes pour les mettre à l’abri, même provisoirement. Cela n’a pas encore avancé aujourd’hui. Vu que les procédures ont ralenti pour l’instant, ils restent complètement livrés à eux même. ».
Contactée à ce sujet, la Métropole nous a indiqué suivre la situation sur le terrain : « Si un mineur isolé se trouve au Collège Scève, ou qu’il vient d’arriver, la Métropole prendra en charge le mineur et essayera de trouver une place. »
« Nous avons besoin d’un plan sanitaire qui soit autre chose qu’un bricolage par nous même »
Le collectif souhaiterais également la « réquisition des bâtiments vides afin d’assurer des hébergements d’urgence si nécessaire, comme le Gymnase du collège Maurice Scève. » ainsi que « la mise à disposition des hébergements disponibles qui restent vacants à cause de la complexité des dispositifs […] ce qui allégerait le nombre de personnes sur le lieu pour assurer une meilleure sécurité sanitaire ».
Pour ces revendications, au sujet des réquisitions, la préfecture est la seule à pouvoir prendre l’initiative selon la loi d’urgence sanitaire du 23 mars. Elle a annoncé, dans un communiqué de presse, avoir ouvert deux sites de confinement. Ceux si sont mis à disposition pour les sans-abris et les personnes dont les conditions de logement ne permettent pas le confinement en cas de maladie ou de symptômes. Situés à Belleville et Saint-Genest-Laval, ils comptent 94 places au total. La préfecture avait aussi commencé début mars au collège Maurice-Scève un diagnostic social. Celui-ci a permis à une quarantaine de jeunes d’avoir une proposition d’hébergements institutionnels temporaires.