C’est dans l’ambiance feutrée des salons du stade de Gerland qu’une quinzaine d’entreprises a accueilli les 1 500 candidats pour des entretiens dans un cadre privilégié. L’opération organisée par le cabinet Nes & Cité basé à Vaulx-en-Velin prépare ainsi à une tournée des stades d’envergure pour aller à la conquête de l’emploi.
Mettre à jour son CV, envoyer sa candidature, répondre aux convocations du pôle emploi et s’y rendre… sans conviction. Un rituel qui laisse les demandeurs d’emploi s’enliser dans un train-train et une amertume peu recommandée pour aller au bout de leur chemin de croix. Heureusement, il y a des initiateurs qui cassent les codes et sortent des sentiers battus. Depuis 2006, l’association Nes & Cité a compris comment donner un sens au mot collectif avec son concept Job & Cité Stadium. Cette machine de guerre n’est pas qu’une métaphore ou un autre effet de style imaginé par le président fondateur Abdel Belmokedem, mais une manière d’idéaliser la recherche de l’emploi.
Ce mercredi, le stade de Gerland accueillait l’évènement dans ses salons. C’était le deuxième après celui organisé une semaine auparavant au stade Geoffroy-Guichard à Saint-Étienne. On y avait recensé plus de 1 100 visiteurs. Cette session rhodanienne marquait une mise en bouche avant une tournée sur une dizaine de stades en province comme l’Allianz Arena de Nice, le Stade Pierre-Mauroy à Lille ou même à Paris à partir de 2015 dans le cadre de l’Euro 2016, organisé en France. Pour la septième fois, la fondation de l’Olympique Lyonnais, créée en 2007 par Jean-Michel Aulas, était de la partie. Les résidents du stade de Gerland sont les principaux partenaires de l’évènement. Clément Michon, chef de projet de l’Olympique Lyonnais, notait :
« OL Fondation a cru depuis le début à ce concept. C’est un évènement de qualité qui propose un cadre complémentaire et original pour un forum de l’emploi. On peut le mesurer au fait qu’il y a beaucoup d’entreprises qui reviennent chaque année. Cela permet à l’Olympique Lyonnais de dépasser le cadre du football et de devenir un acteur engagé dans la vie de la cité. »
Une quinzaine d’entreprises, d’organismes et d’institutions sur les rangs et trois cents emplois à pourvoir. Cela suffisait pour bonder la ligne B du métro avec des candidats prêts à en découdre dans un cadre bien différent. Plus d’une vingtaine de bénévoles étaient présents pour les aider à trouver leur compte dans le sourire sans se perdre dans le stress ou le défaitisme. Même si les files d’attente au bas du stade étaient aussi longues que celles d’un concert d’Indochine. Popularité acquise ou effets de la crise sociale, le débat restait ouvert.
Sanofi en tête d’affiche, pourquoi pas un CV à la ville de Lyon ?
Nestoura (27 ans) est diplômé à l’IFAG de Lyon. Il découvrait le Job & Cité de Gerland : « Je suis dans le domaine du marketing et de la communication. C’est mon frère qui m’en avait parlé. Je trouve que c’est bien organisé, on n’y ressent pas de stress. Il faut reconnaître qu’il y a de grandes entreprises comme Sanofi et ses filiales ou la ville de Lyon. Je pense que ce sont les profils techniques qui sont le plus privilégiés. »
À partir de onze heures, les entreprises qui avaient le plus la côte auprès des demandeurs d’emploi se distinguaient. Avec ses trente postes à pourvoir, Sanofi et trois de ses filiales (Sanofi Pasteur, Genzyme, Merial) n’était pas en reste. Le premier employeur privé à Lyon justifie « une réputation importante dans le domaine de l’industrie pharmaceutique, explique Nicole Daval responsable des ressources humaines. Cette année toutes les divisions implantées sur Lyon sont représentées. Sanofi est sur cette opération depuis 2007 et nous réservons toujours un temps de préparation à cette journée, car cet évènement est particulièrement important. Au niveau des cités, nous avons un projet diversité qui est mis en place pour recruter tous les publics sous le coude de la compétence. »
Les associations avaient également un rôle important puisqu’elles apportaient un message d’encouragement à la création d’entreprises comme ADIE crée en 1989 (association pour le droit à l’initiative économique). Avec 110 antennes en France, celle-ci finance, accompagne et propose des microassurances aux créateurs d’entreprises qui n’ont pas accès aux crédits bancaires.
« Nous avons une activité importante notamment en banlieue à Vaulx-en-Velin, Vénissieux ou La Duchère. Nous travaillons sur les problématiques d’accès au financement. Il y a un enjeu socio culturel. Cela doit permettre aux gens de créer des entreprises, de l’emploi et de retrouver confiance en eux. » Appuient Etienne Delas et Saïda Bousafsaf, conseillers à l’ADIE.
La vice-présidente de la région Rhône-Alpes déléguée à la culture et à la discrimination, Farida Boudaoud, présente sur
place reconnaissait :
« Quand on arrive ici pour voir tout ce monde avec tous ces gens jeunes ou moins jeunes, on se rend compte
du besoin grandissant de telles opérations. Le concept de Job et Cité Stadium répond au besoin des entreprises et à la crise. Ici, l’organisation est bien gérée et les gens viennent avec l’idée qu’ils ont une chance. »
Encore une fois, Abdel Belmokedem a été fidèle à lui-même, actif, dévoué et altruiste. Le directeur gardait cependant un certain pragmatisme : « Depuis deux ans, la présence des séniors a considérablement augmenté. Nos candidats qui ont autour de 22 ans sont choqués. On accepte d’investir l’ensemble de nos résultats sur ces opérations pour que nos projets soient réalisés. Nous sommes conventionnés sur le thème de l’égalité des chances notamment pour les handicapés afin d’accéder à un entretien. »
Et d’ajouter : « Il n’y a pas beaucoup d’acteurs en France qui acceptent de se mouiller au niveau politique. Si on n’a pas le soutien des institutions, on n’y arrive pas. Tout le monde doit se fédérer ! »
Entreprises présentes : ERDF, APRIL, Groupama, CIRFA, Keolys, CCLD Recrutement, Ville de Lyon, Sanofi, Cegid, Merial, Onet, It Partner.
Associations et institutions : À compétence égale, ADIE, Rhône Alpes, Pôle Emploi, Entrepreneurs dans la ville